Le Haut Conseil pour le climat appelle la France à revoir son action

"Objectifs ambitieux" mais "actions insuffisantes", "dispositifs trop faibles"... le Haut Conseil pour le climat, mis en place par le président Emmanuel Macron, invite la France à revoir sa politique de lutte contre le réchauffement.

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Forte chaleur à Paris.

"Les actions engagées restent insuffisantes, alors que l'ensemble des politiques climatiques devrait dès maintenant être renforcé", note cette instance indépendante dans son premier rapport, publié mardi 25 juin en plein cœur d'une canicule qui devrait se répéter avec le dérèglement en cours.

Ce diagnostic d'une cinquantaine de pages, intitulé "Agir en cohérence avec les ambitions", a été remis mardi soir 25 juin au Premier ministre Edouard Philippe. Le gouvernement a six mois pour y répondre devant le Parlement.

Priorité nationale

Le Haut Conseil pour le climat (HCC), composé de onze experts reconnus, y salue la décision du pays d'inscrire dans la loi un objectif de neutralité carbone en 2050 (impliquant que la France n'émette pas plus de gaz à effet de serre que ses "puits" - sols, forêts... - ne peuvent en absorber).

Mais "au rythme actuel, les engagements de la France ont peu de chance d'être tenus", explique sa présidente, la climatologue Corinne Le Quéré.

"Tant que l'action en réponse au changement climatique restera à la périphérie des politiques publiques, la France n'aura aucune chance d'atteindre la neutralité carbone en 2050. Pour cela il faut que les mesures pour réduire les émissions deviennent une priorité nationale, au cœur des décisions des acteurs publics et privés", souligne la scientifique, co-auteur de trois rapports du Giec.

Sur ces quatre dernières années, la France n'a ainsi pas tenu ses objectifs de réduction d'émissions, et si 2018 a été meilleure, les conditions météo y ont largement contribué, note le rapport.

En cause notamment, les transports (31% des émissions): la demande croît, l'électrification est en retard... Mais aussi les bâtiments (19% du total), un sujet actuellement au cœur de vives discussions au Parlement sur le traitement à réserver aux "passoires énergétiques".

Pour le Haut Conseil, il faut des réformes structurelles pour mettre le climat "au coeur de l'action publique".

Ainsi, inscrire dans la loi les objectifs à court terme de réductions d'émissions, pour les graver et envoyer un signal à tous les acteurs.

Que chaque grand projet soit compatible avec l'objectif neutralité carbone, que l'impact des lois soient évaluées: "Qui peut nous dire l'impact sur les émissions de la Loi sur les mobilités (LOM), ou de la loi Egalim?", souligne Mme Le Quéré.

Comment on y va

Le rapport revient sur la nécessité de reprendre et faire évoluer la taxe carbone, étincelle de la colère des "gilets jaunes", vers plus de transparence, d'équité.

Et "comme en attendant son gel crée un vide, le gouvernement devrait renforcer d'autres instruments", note la climatologue, notamment les normes ou supprimer les subventions aux énergies fossiles, qui ont doublé en dix ans.

"C'est bien d'avoir l'objectif de neutralité carbone, ce qui manque fondamentalement c'est comment on y va", résume Laurence Tubiana, autre membre du HCC.

Dans un communiqué mardi soir 25 juin, le Premier ministre Edouard Philippe, tout en répétant que la lutte contre le changement climatique est "une priorité du gouvernement", reconnaît que l'action doit "être amplifiée au regard de l'urgence".

Rappelant que Mme Le Queré sera auditionnée début juillet lors du prochain Conseil de défense écologique, il assure que le gouvernement "présentera à cette occasion les premières réponses et les suites qu'il compte donner aux recommandations du Haut Conseil, dont certaines seront prises en compte dès l'examen parlementaire du projet de loi relatif à l'énergie et au climat".

Conçu sur le modèle du conseil britannique installé depuis 10 ans, le HCC a été mis en place fin novembre en pleine crise des "gilets jaunes". Son but, livrer un regard scientifique sur l'action publique, sur le long terme.

Il a souhaité publier ce premier rapport dès juin "pour influencer les décisions de l'automne", avait dit précédemment Mme Le Quéré: budget, éventuelles annonces avant la COP de l'ONU...

Il sort aussi avant la "convention citoyenne" prévue par le gouvernement (150 personnes tirées au sort pour faire des propositions sur la transition écologique).

"Les citoyens doivent être au fait des dernières analyses", dit Mme Le Quéré.

Laurence Tubiana y voit un espoir. "Sur des sujets difficiles, c'est bien qu'il y ait un vrai débat. L'assemblée citoyenne peut permettre de débloquer des choses".


AFP/VNA/CVN

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