Le delta du Mékong en action pour son développement durable

Riche en potentiels, le delta du Mékong se trouve néanmoins confronté aux défis posés par les aléas climatiques. Pour son développement durable, la Résolution N°120 du gouvernement est mise en œuvre depuis 2017. Des experts en font le bilan et partagent leurs recommandations.

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Laurent Umans, premier secrétaire en charge des questions de l’eau et du changement climatique de l’ambassade des Pays-Bas au Vietnam
Respecter les lois
de la nature

Le delta du Mékong est depuis longtemps considéré comme une région riche en ressources terrestres, aquatiques et maritimes. Mais celles-ci ont été exploitées de manière non durable. Un exemple typique est l’exploitation intensive de trois campagnes de riz consécutives pour gagner un revenu élevé pendant les 10 ou 15 premières années. Ensuite, malheureusement, la terre devient stérile. Nous pensons que la Résolution N°120 du gouvernement sur le développement durable du delta du Mékong est une décision intelligente, conforme au respect de la loi de la nature. Cela signifie que l’on doit comprendre clairement la nature avant d’intervenir, en suivant la règle de prudence pour éviter les dommages irréparables.

Carolyn Turk, directrice nationale de la Banque mondiale au Vietnam
Continuer de soutenir la mise en œuvre de la Résolution N°120

Nous reconnaissons et soutenons le gouvernement vietnamien face aux grands défis qu’il affronte dans la mise en œuvre de la Résolution N°120. Dans le cadre du partenariat solide que nous entretenons avec le pays, nous nous engageons à continuer de coopérer avec le gouvernement pour faire évoluer l’économie du delta du Mékong de manière durable et résiliente face au changement climatique.

Vo Thành Thông, vice-ministre du Plan et de l’Investissement
Investir fortement dans les infrastructures de transport

Ces dernières années, le delta du Mékong a connu un exode rural massif. Face à cette situation, en 2017, le gouvernement a publié la Résolution N°120 sur le développement durable de cette région pour l’aider à s’adapter au changement climatique. Dans son plan d’investissement public à moyen terme 2021-2025, le gouvernement réservera un budget important à l’essor de cette région, en concentrant les ressources sur les infrastructures de transport, le point le plus faible du delta du Mékong par rapport à d’autres régions. Si cette lacune est comblée dans les années à venir, le développement industriel de la région sera favorable. Cela créera mécaniquement plus d’emplois et améliorera les revenus des habitants, mettant fin alors à l’exode rural.

Lê Minh Hoan, vice-ministre de l’Agriculture et du Développement rural
Bilan après plus de trois ans de mise en œuvre de la Résolution N°120

Après plus de trois ans de mise en œuvre de la Résolution N°120, je vois trois grands résultats positifs. Primo, les autorités et la population du delta du Mékong ont commencé à prendre des mesures de restructuration des modèles de production agricole pour mieux s’adapter au changement climatique, aux conditions météorologiques extrêmes et à l’épuisement des ressources en eau qui seront la réalité de demain. Secundo, des connexions de plus en plus poussées se font entre acteurs agricoles de la région pour intégrer ce secteur de manière plus efficace et améliorer la résilience de chacun. Tertio, les investissements dans l’agriculture répondent aux besoins de restructuration du secteur et de nouvelles infrastructures.

En ce qui concerne les faiblesses, la région n’attire pas encore d’investisseurs puissants, ni n’élabore pas encore de scénarios de résilience face aux épisodes de sécheresse, à la salinité et aux affaissements de terrain. Dans l’immédiat, je pense qu’elle doit proposer un plan d’action concret pour former une zone économique rurale. Plus précisément, il faut développer tant en qualité qu’en quantité les coopératives agricoles et élaborer des politiques incitatives visant les start-ups dans ce secteur.

Vo Hùng Dung, ancien directeur de l’antenne de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Vietnam à Cân Tho

L’attraction
des investissements étrangers dans le secteur agricole reste faible

Il faut reconnaître que la physionomie du delta du Mékong a changé énormément ces cinq dernières années, et elle changera encore dans les cinq à dix ans à venir. Néanmoins, le capital d’investissement direct étranger dans la région demeure faible, entre 5% et 7% du total national. Et si l’on fait une analyse plus approfondie, on voit que ces fonds sont versés essentiellement dans les provinces proches de Hô Chi Minh-Ville telles que Long An, Tiên Giang, ou des localités ayant des avantages touristiques comme Phú Quôc dans la province de Kiên Giang. On voit clairement que l’agriculture, un atout indéniable de la région, n’attire aucun grand projet.

Je pense que les autorités locales doivent revoir leurs stratégies de développement et leur politique d’attractivité des investissements. Pour développer l’économie et attirer de grandes entreprises, il faut résoudre les difficultés liées au trafic routier et ferroviaire et à la navigation fluviale et maritime. Il faut avoir également des ports maritimes dans les zones situées à l’ouest et au sud de la rivière Hâu (bras postérieur du Mékong).

Lê Tiên Châu, secrétaire du Comité du Parti de la province de Hâu Giang

Poursuivre les mesures d’adaptation au changement climatique

Le changement climatique à l’œuvre exerce déjà de nombreux impacts négatifs dans toutes les régions du pays, en particulier dans le delta du Mékong. Par exemple, en 2021, il y aura une pénurie de ressources en eau par rapport à la moyenne de ces dernières années. La sécheresse ainsi que l’intrusion d’eau salée seront compliquées à gérer, notamment dans la province de Hâu Giang. C’est dans ce contexte que la région continue de mettre en œuvre un certain nombre de mesures pour faire face à ces problématiques. Elle doit en particulier se concentrer sur la mise en œuvre des projets clés liés au renforcement des liens intra-régionaux, mettre en place un mécanisme de coordination et de gestion entre provinces en fournissant des informations sur les évolutions de l’intrusion saline, afin que chacune puisse proposer de manière proactive un plan d’intervention rapide et efficace.

De plus, il est nécessaire de créer un mécanisme de direction régionale afin d’assurer l’harmonisation des objectifs de développement entre les parties prenantes, d’arbitrer les décisions entre priorités immédiates et objectifs à long terme, de réduire les conflits d’intérêts entre localités et entre secteurs économiques. En particulier, je pense qu’il faut renforcer la mise en œuvre des programmes de recherche fondamentale sur les phénomènes d’érosion, d’intrusion saline, de sources d’eau souterraines…


Linh Thao/CVN

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