Le CREFAP cible la formation des ressources humaines

L’année 2015 a marqué le début de la mise en œuvre du programme 2015 - 2018 «Français langue étrangère». Trinh Van Minh, président du Conseil d’orientation et d’accompagnement du CREFAP revient sur les grandes lignes du programme, mais aussi sur l’avenir de la langue française.

Les enseignants du secondaire du Cambodge, du Laos et du Vietnam participant à l’Université d’été francophone, du 25 au 28 août 2015 à Hô Chi Minh-Ville.
Photo : CREFAP/CVN

Depuis l’année 2015, l’Organisation de la Francophonie (OIF) a démarré son programme quadriennal 2015-2018 «Français langue étrangère». Le Centre régional francophone d’Asie-Pacifique (CREFAP) est notamment chargé de sa mise en œuvre. Il est un opérateur crucial et indispensable pour l’application concrète des stratégies de l’apprentissage de la langue française, tant sur un plan régional que national.

Pour comprendre les enjeux et les dessous du programme, Trinh Van Minh, président du Conseil d’orientation et d’accompagnement du CREFAP, a donné au Courrier du Vietnam une interview exclusive.

Le programme «Français langue étrangère» de l’OIF a obtenu de premiers résultats importants en 2015. Avez-vous rencontré des difficultés pendant sa mise en œuvre ?

Il faut souligner en premier lieu que depuis le début, la mise en œuvre d’un tel programme est un travail de concertation à la fois nationale et régionale. Le but est de mieux cibler les besoins réels des bénéficiaires locaux se trouvant dans des contextes en évolution rapide. Le Conseil d’orientations et d’accompagnement est justement le lieu d’échanges, de discussion et de formulation de proposition à l’attention du CREFAP. Les difficultés rencontrées se trouvent souvent dans l’identification des réels problèmes à améliorer en fonction des moyens disponibles. Le changement de posture des partenaires locaux, via par exemples des initiatives propres au niveau national, exigent du CREFAP une réflexion plus approfondie en étroite concertation avec les pays.

Quelles sont vos intentions pour renforcer l’efficacité de ce programme dans les prochains temps ?

Depuis plusieurs années, à travers les actions mises en œuvre, au-delà des résultats escomptés en termes de pédagogie, d’amélioration et de renforcement de l’enseignement-apprentissage du français, le CREFAP vise également la formation des ressources humaines pour les pays. Les compétences nationales en matière de formation et de recherche scientifique ne manquent plus. Il nous revient donc de les accompagner davantage afin qu’elles prennent en main des dossiers nationaux. Par ailleurs, la circulation des compétences à l’intérieur de la région méritera une attention particulière.

Quelles sont les perspectives de la langue française dans la région Asie-Pacifique ?

Avec la mondialisation qui s’accélère, le monde, et particulièrement la zone Asie-Pacifique, devient largement anglophone pour des raisons pratiques. Ceci est un fait. Cependant, il est certain qu’aucune langue ne peut exprimer la totalité des réalités. Comment peut-on prétendre utiliser une seule langue pour définir l’ensemble des relations, des normes, des valeurs, des coutumes ou des innovations internationales ?

Un numéro artistique lors de la Fête de la Francophonie organisée à l’Université de Cân Tho (delta du Mékong) en mars 2015.
Photo : CREFAP/CVN

C’est dans cette perspective que l’usage effectif de la langue française est une valeur ajoutée, un plus enrichissant. L’usage du français dans la région est une preuve éclatante de cette diversité culturelle et linguistique, devenue force motrice du développement durable.

Pour cela, le CREFAP ainsi que les autres partenaires francophones soutiennent les projets promouvant le plurilinguisme dans des cursus de l’enseignement du et en français (classes bilingues, français deuxième langue vivante LV2, français à option).

Je me permets de citer A. Tashdjian, Professeur à l’Université de la Sorbonne Nouvelle, Paris 3, qui déjà en 1994, dans Les langues dans l’Europe de demain, (Presses de la Sorbonne Nouvelle) a dit : «En l’an deux mille, le monolinguisme des jeunes pourra être comparé à une forme d’illettrisme. Il est déjà un handicap. Ceux qui gagneront leur place au soleil seront au moins bilingues d’expression et multilingues de compréhension. Si la communauté tout entière ne fait pas sien ce projet, les plus avisés, et, bien entendu, les plus nantis, pérenniseront les clivages sociaux».

Propos recueillis
par Vân Anh/CVN

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