Cannes
Le cinéma social de Ken Loach couronné pour Moi, Daniel Blake

La Palme d'or du Festival de Cannes a été décernée dimanche 22 mai pour la deuxième fois de sa carrière à Ken Loach pour Moi, Daniel Blake, nouveau réquisitoire contre les injustices sociales du cinéaste britannique, qui en a profité pour dénoncer les "idées néo-libérales".

>>Cannes dans l'attente de son palmarès, une comédie allemande en tête

Le cinéaste britannique Ken Koach, palme d'Or à Cannes pour "Moi, Daniel Blake", le 22 mai.

"Ce monde dans lequel nous vivons se trouve dans une situation dangereuse", a déclaré le réalisateur, 80 ans en juin, en recevant son prix, fustigeant "un projet d'austérité qui est conduit par des idées que nous appelons néo-libérales, qui risquent de nous amener à la catastrophe".

"Ces pratiques néo-libérales ont entraîné dans la misère des millions de personnes", a-t-il accusé, disant "espérer" que se maintienne "un cinéma de protestation", dont il est l'un des représentants.

Son film Moi, Daniel Blake suit le parcours kafkaïen d'un chômeur de 59 ans contraint de demander l'aide sociale.

Six fois primé à Cannes, où il avait reçu la Palme d'or en 2006 pour Le Vent se lève, Ken Loach rejoint le club fermé des réalisateurs ayant reçu deux fois cette récompense, aux côtés des frères Dardenne, d'Emir Kusturica ou de Michael Haneke.

"Le film était absolument excellent. Les films résonnent dans votre âme, votre cœur, peu importe l’endroit où vous êtes", a justifié le président du jury, l'Australien George Miller, lors d'une conférence de presse.

Le Grand Prix a été remis au cinéaste canadien de 27 ans, Xavier Dolan, pour Juste la fin du monde, huis clos familial survolté avec un casting haut de gamme, de Gaspard Ulliel à Vincent Cassel en passant par Marion Cotillard, Léa Seydoux et Nathalie Baye.

69e Festival de Cannes.

"Tout ce qu'on fait dans la vie, on le fait pour être aimé, pour être accepté", a déclaré en larmes le réalisateur, dont le film a divisé la presse.

Premières critiques

Le film allemand Toni Erdmann de la réalisatrice Maren Ade, qui était donné grand favori depuis plusieurs jours, est en revanche reparti bredouille, suscitant de premières critiques contre le palmarès.

"Cannes 2016 : une belle compétition gâchée par un jury aveugle", écrit sur Twitter la revue spécialisée Les Cahiers du cinéma, regrettant l'absence au palmarès de Toni Erdmann mais aussi de Elle du Néerlandais Paul Verhoeven ou Aquarius du Brésilien Kleber Mendonça Filho.

"Déçu par un palmarès qui a privilégié le social et l'humanisme au détriment des films plus flamboyants", a commenté Philippe Rouyer, critique du magazine de cinéma Positif.

"La Berlinoise Maren Ade, qui avait conquis les coeurs, repart les mains vides. Mais que reste-t-il du Festival de Cannes ?", s'interroge de son côté la Süddeutsche Zeitung, l’un des grands quotidiens allemands, sur son site Internet.

Le metteur en scène Xavier Dolan pleure en recevant le grand prix du jury à Cannes, le 22 mai.

Interrogé sur l'absence de Toni Erdmann, George Miller a expliqué qu'"il n'y avait que huit prix à remettre".

Le jury "est un groupe de neuf (personnes) qui ne lit pas la presse et qui juge selon sa conscience, son cœur, son émotion, sa culture, son âge, sa génération", a dit le délégué général du festival Thierry Frémaux.

Le prix d'interprétation féminine est allé à la Philippine Jaclyn Jose pour Ma' Rosa de son compatriote Brillante Mendoza, cri contre la corruption dans lequel elle incarne une mère de famille modeste aux prises avec des policiers.

"Ce film montre la réalité dans mon pays (...) Brillante Mendoza a énormément de courage. Il ose montrer ce qui se passe aux Philippines", a déclaré l'actrice de 52 ans, star dans son pays.

Le prix d'interprétation masculine a été attribué à l'acteur iranien Shahab Hosseini pour Le Client d'Asghar Farhadi, histoire d'un couple qui se retrouve pris dans un engrenage de vengeance.

L'acteur iranien Shahab Hosseini pose avec les membres du jury Katayoon Shahabi (gauche) et Kirsten Dunst (droite) à Cannes, le 22 mai.
Photo : AFP/VNA/CVN

Asghar Farhadi, 44 ans, a quant à lui reçu le prix du scénario pour ce film.

La Britannique Andrea Arnold, 55 ans, a remporté le Prix de Jury pour son premier film tourné aux États-Unis, American Honey, plongée dans le Midwest profond en compagnie d'une bande de jeunes déclassés.

Le Prix de la mise en scène a été remis, ex-aequo, au Roumain Cristian Mungiu pour Baccalauréat et au Français Olivier Assayas pour Personal Shopper avec Kristen Stewart.

Olivier Assayas est le seul Français récompensé cette année après la Palme d'or à Dheepan de Jacques Audiard l'an dernier.

Les Américains, pressentis avec Paterson de Jim Jarmusch ou Loving de Jeff Nichols, sont absents du palmarès.

AFP/VNA/CVN

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