Cancer de la prostate
Le chlordécone peut favoriser la récidive

Le chlordécone, un insecticide utilisé massivement en Martinique et en Guadeloupe jusqu'en 1993, augmente le risque de récidive de cancer de la prostate, selon une nouvelle étude qui confirme son "potentiel cancérogène".

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Le chlordécone neurotoxique, reprotoxique, est classé depuis 1979 comme agent peut-être cancérogène (liste 2B).

L'étude, qui vient d'être publiée dans la revue International Journal of Cancer, montre que le risque de récidive de cancer de la prostate est multiplié par deux (2,4 exactement) chez les patients les plus exposés à ce perturbateur endocrinien. Cette étude a porté sur 326 patients atteints d'un cancer localisé de la prostate et traités au Centre hospitalier universitaire (CHU) de la Guadeloupe. Ils ont subi une prostatectomie totale, une opération classique d'ablation de la glande.

Un taux d'incidence de cancer de la prostate
les plus élevés au monde

Les expositions au chlordécone, ainsi qu'à d'autres polluants (DDE et PCB) ayant également des propriétés hormonales, ont été estimées par la mesure de leur concentration dans le sang avant la chirurgie. Au terme d'un suivi médian de six années, un risque significativement augmenté de récidive de cancer de la prostate a été observé parmi les hommes les plus exposés au chlordécone (niveau sanguin supérieur à 0,8 microgramme/litre). Par contre, aucun effet n'a été associé aux autres polluants, DDE dérivé de l'insecticide DDT, ni au PCB.

La récidive est décelée par la mesure d'une augmentation de la sécrétion de PSA dans le sang au cours des mois ou des années qui suivent l'opération. Cette "récidive biochimique" de la maladie est un facteur de risque de survenue ultérieure de métastases qui incite à proposer une deuxième ligne de traitement, par exemple, selon les cas, une hormonothérapie. "Ces résultats montrent que des polluants environnementaux présentant des propriétés hormonales oestrogéniques tels que le chlordécone peuvent influencer le devenir d'une maladie déjà installée" écrivent Luc Multigner, directeur de recherche à l'Inserm et Pascal Blanchet, chef de service d'urologie du CHU de Pointe-à-Pitre et leurs collègues.

Les mécanismes biologiques sous-jacents ne sont pas totalement élucidés. Cependant, notent-ils, certaines propriétés toxicologiques du chlordécone suggèrent une influence sur le microenvironnement tumoral pouvant ainsi favoriser la prolifération des cellules tumorales prostatiques toujours présentes dans l’organisme. Le chlordécone neurotoxique, reprotoxique, est classé depuis 1979 comme agent peut-être cancérogène (liste 2B) par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ/Iarc), agence de l'OMS, selon Santé publique France. Il était utilisé pour combattre un insecte dévastant les bananeraies.

Le taux d'incidence de cancer de la prostate en Martinique et Guadeloupe se situe parmi les plus élevés au monde. En février, une déclaration du président Emmanuel Macron - "il ne faut pas dire que c'est cancérigène" - avait suscité l'indignation des élus antillais. MM. Multigner et Blanchet, deux spécialistes du chlordécone, avaient rappelé leurs travaux menés auprès des Antillais, et publiés en 2010, montrant "que l'exposition au chlordécone est associée à une augmentation de risque de survenue du cancer de la prostate".

Des observations qui n'ont "pas été contredites" à ce jour, soulignaient-ils. L'Élysée avait plaidé ensuite le "malentendu" et assuré que le président voulait dire que "les responsables politiques ne peuvent pas se contenter de dire que c'est cancérigène, ce qui ne donne aucune indication utile pour les populations exposées, mais ils doivent surtout agir". "Je ne dis pas qu'il n'y a pas de lien (entre le produit et des pathologies), je dis +personne ne m'a établi un lien direct+", avait ajouté M. Macron.


AFP/VNA/CVN

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