L'aviation civile française plaide une levée du secret médical pour les pilotes victimes de troubles

Près d'un an après la catastrophe de Germanwings, l'aviation civile française a prôné le 13 mars un contrôle médical accru des pilotes et une levée du secret en cas de troubles psychologiques, en confirmant le scénario d'un crash volontaire du copilote.

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Un enquêteur transporté par un hélicoptère survole des débris de l'Airbus A320 de la compagnie allemande Germanwings sur le site du crash, le 26 mars 2015 près de Seyne-les-Alpes en France.

La catastrophe avait fait 150 morts (144 passagers et six membres d'équipage) en mars 2015 dans les Alpes françaises et soulevé des questions inédites en matière de sécurité aérienne.

Le rapport final du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), rendu public au Bourget, près de Paris, valide définitivement le scénario de la tragédie provoquée par le copilote allemand, Andreas Lubitz, en proie à des problèmes psychiques.

"Le principe du secret médical devrait être brisé pour que les médecins puissent transmettre certaines informations aux autorités compétentes quand ils pensent qu'il y a un danger à court terme", a déclaré à la presse le directeur du BEA, Rémi Jouty.

Selon le BEA, la rupture du secret médical existe déjà dans certains pays comme Israël, le Canada et la Grande-Bretagne.

L'un de ses chefs d'enquête, Arnaud Desjardin, a souligné que "plusieurs médecins privés avaient l’information" concernant la maladie d'Andreas Lubitz, mais qu'elle n'était "pas parvenue aux autorités aéronautiques ni à l'employeur Germanwings", filiale low cost de la Lufthansa.

Par sécurité, le rapport du BEA recommande "des règles faisant obligation" aux médecins "d’informer les autorités compétentes lorsque la santé d’un patient a de forts risques d’affecter la sécurité publique".

Il prône des évaluations régulières pour les pilotes ayant des antécédents connus de troubles psychologiques et appelle à prévenir une "réticence des pilotes à déclarer leurs problèmes (...) par crainte de perdre leur licence".

Ces recommandations n'ont rien d'obligatoire, mais les rapports du BEA font autorité dans la communauté aéronautique internationale.

Les pilotes partagés

Les experts français ne suggèrent "aucun changement" sur le verrouillage du cockpit, qui ne peut être ouvert de l'extérieur depuis les attentats du 11 septembre 2001. "Le risque terroriste est toujours là", a souligné le directeur du BEA, Rémy Jouty.

Ils n'évoquent pas non plus la présence obligatoire de deux personnes en cabine tout au long du vol, recommandée par l'Agence européenne de sécurité aérienne (Easa) mais qui ne fait pas l'unanimité.

Le syndicat allemand de pilotes Cockpit a jugé "équilibrées" les suggestions des experts français et défendu leur mise en œuvre en "totalité". À l'inverse, son homologue français SNPL juge qu'une levée du secret médical "ne servira pas à grand-chose".

"Il est crucial que toute recommandation raisonnable du rapport pour améliorer la sécurité aérienne soit mise en œuvre dès que possible", a jugé Jim Morris, un avocat de familles de victimes britanniques, dans le Sunday Mirror.

"Les familles veulent voir d'importantes leçons tirées afin de limiter le risque de réédition de drames similaires", a-t-il insisté.

Le 24 mars 2015, Andreas Lubitz, le copilote du vol GWI18G Barcelone-Düsseldorf de Germanwings, avait profité d'une sortie du pilote de la cabine pour engager la descente funeste de l'Airbus.

Le dossier médical de ce jeune Allemand de 27 ans avait fait apparaître qu'il souffrait de dépression, sans être interdit de piloter.

Les 150 victimes de la catastrophe de Germanwings étaient originaires d'une vingtaine de pays. L'Allemagne et l'Espagne ont été les plus touchés, avec respectivement 72 et 50 morts.

À l'occasion du premier anniversaire du crash, une majorité de leurs familles doivent être réunies le 23 mars pour une cérémonie à Marseille (Sud de la France) avant de se rendre le lendemain sur les lieux du crash.


AFP/VNA/CVN

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