L’architecture du Vietnam doit se renouveler pour une bonne intégration internationale 

La plupart des ouvrages emblématiques du Vietnam ont été dessinés et construits par des architectes étrangers. Dans cette période de fort développement et d’intégration mondiale du pays, l’architecture vietnamienne doit trouver sa place pour revenir sur le devant de la scène.

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Le nouveau bâtiment de l’Assemblée nationale.

Le Prix national de l’architecture existe depuis 20 ans. Mais il a fallu attendre 2014 pour qu’un Grand prix soit remis. La récompense n’est toutefois pas revenue à des professionnels du cru, mais au groupe d’architectes allemands du joint-venture GMP International GmbH-Inros Lackner AG. Leur réalisation, le bâtiment de l’Assemblée nationale. Ce bureau est également l’auteur de deux grands ouvrages : le Centre national des conférences de My Dinh et le Musée de Hanoi.

Au Vietnam, il est facile de trouver la patte des architectes étrangers lorsqu’il s’agit d’ouvrages emblématiques. La tour financière Bitexco à Hô Chi Minh-Ville (Sud) a été conçue par un architecte américain. Le pont Rông (dragon) à Dà Nang (Centre) par un bureau d’architectes américains. Un groupe d’architectes japonais a été choisi pour travailler sur le projet du futur Musée national de l’histoire (Hanoi) et un architecte italien pour le futur théâtre Thang Long (Hanoi). À Quang Ninh (Nord), le musée et la bibliothèque de Quang Ninh ont été pensés par l’Espagnol Salvador Pérez Arroyo.

Accès restreint aux tendances mondiales

Or, le Vietnam possède des architectes talentueux qui ont obtenu des prix internationaux de renom. Ils ont réussi à utiliser des matières respectant la nature pour la construction de maisons ou de complexes hôteliers. On peut entre autres relever les ouvrages avec arbres et bambou de l’architecte Vo Trong Nghia et ses partenaires, ceux du groupe 1+1>2 présidé par l’architecte Hoàng Thuc Hào ou de la société A21 Studio, de l’architecte Nguyên Hoà Hiêp. Leurs bâtiments réussissent à mêler harmonieusement les tendances mondiales et l’identité culturelle traditionnelle du pays. Pourtant, ces projets restent de petite et moyenne envergure. Ils sont minoritaires dans un pays considéré comme un chantier géant, sans planification à long terme.

Des ouvrages avec arbres et bambou de l’architecte Vo Trong Nghia et ses partenaires.

L’architecte Ngô Viêt Nam Son, qui a fait ses études et travaillé aux États-Unis, aborde les problèmes essentiels qui touchent le secteur de l’architecture au Vietnam. Il évoque notamment l’esprit rétrograde et l’accès restreint aux tendances mondiales. Du même avis que son confrère, l’architecte Nguyên Dinh Thanh, vice-président de l’Association des architectes de Hanoi, ajoute que dans le domaine de l’architecture durable, le Vietnam est à la traîne, malgré son développement rapide. Et de préciser: «La conception de l’architecture durable des pays étrangers est très évoluée. Tandis que nous ne pensons qu’à économiser de l’énergie et à couvrir les maisons d’arbres, les Européens utilisent des briques aux émanations naturelles bénéfiques pour la santé. Les Japonais ont élaboré un système de panneaux solaires fournissant l’énergie nécessaire à la vie de la maison et qui, lorsque la famille est absente, se raccorde au réseau d’électricité national. Les habitants peuvent donc vendre de l’électricité à l’État».

Ne pas perdre sur son propre terrain

«La création de grandes œuvres doit réunir les éléments suivants : des compétences élevées, la recherche d’un idéal et la coopération entre de nombreuses personnes. Sans compter une vision des autorités, de la motivation de la part des investisseurs, des architectes créatifs, l’utilisation de technologies avancées ainsi que la coordination entre gestionnaires et fournisseurs», détaille Ngô Viêt Nam Son. Toutefois, il estime que certains grands ouvrages créés par les architectes du Vietnam tels que le lycée Hanoi-Amsterdam (à Hanoi) et l’aérogare Liên Khuong (à Lâm Dông, dans le Centre) «se contentent de technologies et de solutions architecturales déjà largement appliquées à l’étranger depuis des dizaines années».

Dans le contexte de l’intégration mondiale du pays, les architectes vietnamiens doivent valoriser leur créativité et innover. Savoir transformer les obstacles en opportunités est désormais nécessaire pour garantir la réussite du secteur et surtout pour qu’ils ne perdent pas sur leur propre terrain.

Duy Minh/CVN

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