Lam Kinh, la capitale royale indigo

Située à Thanh Hoa (Centre), Lam Kinh évoque une période de plus de 300 ans correspondant au règne des Lê postérieurs (XVe-XVIIIe siècles). Elle fut créée par Lê Loi, le roi fondateur de cette dynastie.

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Un coin du site spécial national de Lam Kinh.
Photo: Trong Dat/VNA/CVN

Fin d’après-midi d’avril. Le soleil tropical traîne dans un coin de forêt dominé par un banian séculaire qui étend dans le ciel blafard ses immenses bras noueux d’où pendent d’innombrables serpents que sont ses racines adventives. Alentour, dans un rayon de mille mètres, sont éparpillés stèles, tombeaux, temples et palais en ruines.

La nostalgie flotte dans l’air où présent et passé se confondent. À notre mémoire reviennent les méditations du Pèlerin d’Angkor de Pierre Loti et les vers de la sous-préfète de Thanh Quan pleurant devant les décombres de la capitale royale du Dragon volant au XVIIIe siècle:

"Que d’étoiles ont filé, que de saisons de brume ont passé!
L’âme des herbes d’automne hante les vieilles allées par où passaient les carrosses,
Sur les murs des anciens palais errent les rayons du soir".

Héros national Lê Loi

Nous voici au cœur de Lam Kinh, dans la province centrale de Thanh Hoa, à quelque 200 km au sud-ouest de Hanoï. Son nom évoque une période de plus de 300 ans correspondant au règne des Lê postérieurs.

Le souverain fondateur de cette dynastie est Lê Loi (Lê Thai Tô, 1385-1433), originaire de Lam Son. Il est considéré comme héros national parce qu’il a réussi à mettre fin à une occupation chinoise au terme d’une résistance dure et longue de dix ans (1418-1428). Occupation marquée par les mesures d’exploitation et de répression barbares: fiscalité très lourde, monopolisation du commerce du sel, population corvéable à merci, intellectuels et bons artisans déportés en Chine, destruction de tout vestige national y compris des livres.

La fête de Lam Kinh dans la province de Thanh Hoa (Centre).
Photo: Duc Phuong/VNA/CVN

Lê Loi, notable prestigieux et propriétaire foncier de la région montagneuse de Lam Son, avait une clientèle politique de plus d’un millier de personnes avant de se soulever contre les Chinois Ming. Après la victoire, il monta sur le trône et s’installa dans l’ancienne capitale Thang Long (Dragon volant), actuellement Hanoï, appelée aussi Dông Kinh (Capitale royale de l’Est, en idéogrammes chinois exactement les mêmes que Tokyo). Mais il fit bâtir dans son fief de Lam Son une seconde capitale, Lam Kinh (Capitale royale indigo) ou Tây Kinh (Capitale royale de l’Ouest).

La citadelle de Lam Kinh fut construite selon les règles de géomancie pour bénéficier des influences des souffles bénéfiques de la terre, du vent et de l’eau. Sur un terrain de collines, elle s’appuyait au nord contre une montagne (Núi Dau), donnait au sud sur un fleuve (Sông Chu), protégé par un écran de montagne exorcisant. Elle était flanquée à l’est et à l’ouest par des chaînes de montagnes.

Restauration systématique

La citadelle de Lam Kinh fut reconstruite trois fois, après un incendie en 1448, après une première destruction par les Mac usurpateurs en 1533 et après une seconde reconstruction par les troupes rebelles (Kiêu binh) en 1788. Il n’en subsiste plus que des traces de remparts et de fossés, là où en 1590, le roi Lê Thê Tôn reçut les premiers missionnaires catholiques avec l’Espagnol Pedro Ordonnez de Cavallos. Ce n’est qu’en 1994 que le gouvernement a décrété la restauration systématique de Lam Kinh, investissant 2 millions de dollars pour les débuts.

Aujourd’hui, près du banian mentionné plus haut, de la splendeur du palais principal qui couvrait 2.000 m², il ne reste plus que les fondations de pierre qui avaient soutenu les colonnes et un perron décoré de dragons de pierre. Deux rangées de statues, mandarins, éléphants, chevaux, tigres, rhinocéros, mènent au tombeau de Lê Loi. Six rois et deux reines ont été enterrés ici.

On a restauré le pavillon abritant la stèle Vinh Lang, l’une des plus belles et plus grandes du Vietnam. Faite d’un seul bloc de pierre reposant sur une tortue faite de la même matière, elle mesure près de 3 m de hauteur. Le texte gravé d’idéogrammes chinois est l’œuvre de Nguyên Trai, le plus grand humaniste vietnamien, stratège et poète, qui y résume la vie et l’œuvre du roi Lê Loi.

Le pèlerin de Lam Kinh peut visiter à Thanh Hoa beaucoup de sites pittoresques et de vestiges historiques, entre autres la plage de Sâm Son, le temple de Dame Triêu, la Citadelle de la dynastie des Hô (1400-1407), inscrite en 2011 sur la liste du patrimoine mondial par l'UNESCO…

Huu Ngoc/CVN
(Janvier 2014)

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