La zone euro pose un ultimatum à la Grèce en échange d'une aide vitale

La zone euro a donné le 9 février moins d'une semaine à la Grèce pour répondre à plusieurs exigences, et notamment pour trouver 325 millions d'euros d'économies budgétaires, avant de pouvoir délier les cordons de la bourse et accorder à Athènes une aide cruciale pour le pays.

>>Grèce : un seul point de divergence

Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker (gauche) et le ministre grec des Finances, Evangelos Venizelos, le 9 février à Bruxelles.

"En dépit des progrès importants réalisés ces derniers jours, nous n'avons pas eu tous les éléments nécessaires sur la table pour prendre des décisions" dans l'immédiat, a dit le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, à l'issue d'une réunion des ministres des Finances de l'Union monétaire à Bruxelles.

Une nouvelle réunion de ce forum est prévue le mercredi 15 février pour approuver le nouveau programme d'aide de 130 milliards d'euros promis à la Grèce par l'Europe en octobre, ainsi qu'un plan d'effacement de dette par les banques d'une ampleur historique au niveau mondial. Sous réserve que les conditions posées soient remplies. D'ici là, a averti M. Juncker, le parlement grec va devoir approuver le 12 février le plan de rigueur sur lequel les partis politiques grecs et les représentants des créanciers publics du pays réunis au sein de la "troïka" (UE-BCE-FMI), se sont mis d'accord sur le principe le 9 février.

En outre, le gouvernement grec a un délai jusqu'au 15 février pour trouver "des économies supplémentaires à hauteur de 325 millions d'euros" dans le budget 2012. Enfin, la zone euro exige que les partis de la coalition au pouvoir à Athènes apportent des garanties par écrit sur leur soutien au plan de rigueur. "Nous voulons des engagements réels" sur les réformes qui sont menées, a souligné M. Juncker. La patience des pays de la zone euro est à bout face à la lenteur des réformes en Grèce, et M. Juncker a reconnu que le ton des échanges autour de la table avait parfois été "assez vif".

Il faut éviter "le pire"

Le ministre grec des Finances, le socialiste Evangélos Vénizélos, a reconnu à la fin de la réunion que "de nombreux pays ont trouvé des lacunes" dans le plan de rigueur qui leur a été présenté, et en a tenu responsable le chef des conservateurs grecs Antonis Samaras, qui "n'a pas encore signé" l'intégralité des mesures prévues à l'origine. À présent, "il faut que le parti (conservateur) décide s'il veut que la Grèce reste dans la zone euro, il faut le dire clairement. S'ils ne le veulent pas, il faut le dire aussi", a-t-il lancé.

Le montant de 325 millions d'euros d'économies réclamé par les partenaires d'Athènes d'ici le 15 février correspond en effet à des coupes dans les dépenses refusées tout particulièrement par les conservateurs grecs de M. Samaras, favori des sondages dans la perspective d'élections prévues au printemps. À Athènes, ce dernier s'est prévalu d'avoir "évité le pire" en bloquant toute une série de mesures de rigueur réclamées par l'UE et le Fonds monétaire international.

Accord finalisé avec des créanciers privés

Si la Grèce a encore beaucoup à faire pour les contenter, en revanche du côté des négociations avec ses créanciers privés (banques, assureurs et fonds d'investissements) pour effacer 100 milliards d'euros de dette, "le projet d'accord est pratiquement finalisé", a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn.

L'objectif est de parvenir par ce biais à réduire le niveau de la dette publique globale de la Grèce à un niveau jugé soutenable, soit 120% du PIB en 2020. Ce seuil est une condition fixée par le FMI pour continuer de son côté à prêter de l'argent à Athènes. Mais si l'effacement de dette par les banques ne permet pas de revenir à l'objectif de ratio de 120%, les gouvernements de la zone euro, ou des institutions comme la BCE, seront alors contraints d'apporter une contribution supplémentaire pour y parvenir.

"La soutenabilité de l'endettement grec sera atteint lorsque nous nous serons rapprochés le plus possible du seuil de 120% du PIB. Et nous continuons à dire que nous essayons de limiter le nouveau programme (de prêts) à la Grèce à 130 milliards d'euros. Mais ces deux aspects devront être encore une fois réexaminés dans le cadre de la solution globale le 15 février prochain", a déclaré M. Juncker.

Plus tôt dans la journée, le président de la BCE, Mario Draghi, n'a pas exclu que son institut monétaire participe à l'effort en renonçant aux gains attendus des obligations grecques qu'elle détient. "Le temps commence à manquer" pour parvenir à un accord global car la Grèce risque le défaut de paiement le 20 mars, à l'expiration de 14,5 milliards d'obligations, mais "nous sommes encore dans les temps", a assuré M. Rehn. Il a aussi indiqué que la proposition franco-allemande de créer un compte bloqué spécial pour s'assurer du remboursement de la dette grecque, était "sérieusement envisagée" par la Commission et les experts de la zone euro.

M. Rehn a enfin annoncé la présentation la semaine prochaine de "propositions détaillées" pour renforcer les "mécanismes de surveillance" européens en Grèce des réformes promises, au risque de renforcer le mécontentement de l'opinion dans le pays face à ce qui est perçu par beaucoup comme une tutelle extérieure. Les deux grandes centrales syndicales grecques et le syndicat communiste Pame ont appelé à une grève générale les 10 et 11 février contre les nouvelles mesures de rigueur.

AFP/VNA/CVN

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