La Roumanie plonge dans l'instabilité politique après la chute du gouvernement

Le Parlement roumain a approuvé mardi 5 octobre une motion de censure contre le gouvernement libéral, plongeant dans l'instabilité le pays, déjà secoué par une double crise, sanitaire et sociale liée aux prix de l'énergie.

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Le Premier ministre roumain Florin Citu (gauche) quitte le perchoir après s'être adressé au parlement lors d'un vote de défiance au palais du parlement à Bucarest, le 5 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le président Klaus Iohannis va consulter, la semaine prochaine, les partis politiques pour désigner un nouveau Premier ministre.

"Nous sommes en pleine pandémie, la quatrième vague nous a durement frappés, nous traversons une crise des prix de l'énergie (...) et à tout cela, s'est ajoutée une crise du gouvernement", a regretté le chef d'État, un proche du Premier ministre libéral déchu Florin Citu, lors d'une allocution télévisée. Mais, alors que les partis politiques s'attendaient à être invités à des discussions dès jeudi, il a précisé leur "donner du temps pour trouver une issue responsable".

Au total, 281 sénateurs et députés ont voté pour la motion de censure, soit largement plus que les 234 voix requises, selon les résultats officiels.

En place depuis les élections de décembre, M. Citu, un ancien banquier de 49 ans, était devenu ces derniers mois la bête noire de la droite comme de la gauche.

Alliés improbables en temps normal, les élus de l'USR (centre droit), ancien membre de la coalition au pouvoir, du Parti social-démocrate (PSD, opposition) et du parti d'extrême droite AUR ont voté de concert pour destituer l'exécutif.

Les libéraux (PNL, au pouvoir) ont eux boycotté le vote, dénonçant une action "irresponsable" de ces trois formations.

"Qu'allez-vous gagner en plongeant le pays dans le chaos ?", avait lancé le Premier ministre au début de la séance du Parlement, en s'adressant aux partis ayant déposé cette motion.

De nouvelles élections ?

Son gouvernement continuera à assurer l'intérim jusqu'à ce que M. Iohannis désigne un nouveau Premier ministre.

Mais il lui faudra pour cela trouver une majorité, une tâche qui s'annonce compliquée.

Malgré des relations tendues ces dernières semaines, l'USR s'est déclaré ouvert à une nouvelle alliance avec le parti de M. Citu, à condition que ce dernier ne soit pas désigné à la tête du futur gouvernement.

Or, selon plusieurs voix au sein du PNL, M. Iohannis envisagerait justement de le reconduire à ce poste, jouant sur l'aversion des élus à d'éventuelles élections anticipées.

"Florin Citu est notre choix à court, moyen et long terme", a affirmé dimanche 3 octobre l'eurodéputé Rares Bogdan, proche de M. Iohannis.

Selon la Constitution, le chef de l'État peut dissoudre le Parlement si les élus refusent deux candidats au poste de Premier ministre en l'espace de 60 jours.

Porté par les sondages, le PSD est le seul parti à souhaiter des législatives et son président Marcel Ciolacu a souligné mardi 5 octobre qu'il ne soutiendrait aucun Premier ministre issu du camp des libéraux.

Factures explosives

Le président roumain Klaus Iohannis à Aix-la-Chapelle, en Allemagne, le 2 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Cette nouvelle crise politique intervient alors que la Roumanie est confrontée à une montée en flèche des nouvelles contaminations au COVID-19, plusieurs médecins évoquant des "conditions de guerre" dans les hôpitaux.

Plus de 15.000 nouveaux cas et 252 décès ont ainsi été recensés en 24 heures mardi, des chiffres records depuis le début de la pandémie, qui a fait 37.929 morts.

Vendredi 1er octobre, la Roumanie a été endeuillée par une nouvelle tragédie : un incendie a ravagé l'unité de soins intensifs d'un hôpital du Sud-Est, faisant sept morts, troisième sinistre meurtrier touchant un établissement hospitalier en moins d'un an.

Malgré l'aggravation de la crise sanitaire, la campagne de vaccination peine à convaincre, seul un tiers des 19 millions de Roumains sont complètement vaccinés à ce jour.

Alors que le froid s'annonce, la population semble davantage inquiète d'une flambée des factures de gaz et d'électricité.

Le gouvernement a promis de compenser une partie de cette hausse pour les foyers démunis.

Mais, dans ce pays parmi les plus pauvres de l'Union européenne, le pouvoir d'achat d'une large frange de la population a déjà été grignoté par une inflation au plus haut depuis 2011, soit 5,3% en août.

"La pression sur le niveau de vie est évidente. Aux côtés de la quatrième vague de la pandémie, la hausse des factures, dont le choc sera pleinement ressenti en décembre, représente la principale source d'inquiétude pour les Roumains", a abondé auprès de l'AFP le sociologue Iulian Stanescu.


AFP/VNA/CVN

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