La première carte du Vietnam en pierres

Nguyên Van Minh, agronome à la retraite, est fier d’être le premier à avoir réalisé une carte du Vietnam en pierres. Pas en pierres précieuses, mais une carte précieuse tout de même. Jugez-en !

Nguyên Van Minh et son œuvre, une carte du Vietnam en pierres.

Au domicile de Nguyên Van Minh, à Dà Lat, province de Lâm Dông, les oeuvres en pierres sont omniprésentes. Dans la véranda trône un grand tableau en bois de 1 x 2 m, sur lequel on reconnaît immédiatement la silhouette en S du Vietnam, créée avec des pierres de couleurs et tailles différentes. «Chacune représente une des 64 provinces et villes du Vietnam. Pour en avoir suffisamment, j’ai parcouru tous les coins du pays, et les ai récoltées dans des sites qui ont marqué l’histoire nationale», explique Minh. Il lui a fallu une vingtaine d’années pour rassembler la «matière première».
L’amour des pierres depuis l’enfance
L’idée de collecter des roches dans les quatre coins du pays et de les rassembler pour en faire une carte a germé dans la tête de Minh alors qu’il était l’étudiant de l’École supérieure d’agronomie. «La pierre est liée étroitement à la vie humaine. À la préhistoire, l’homme naissait et vivait dans des cavernes et concevait des outils en pierre. Depuis toujours, la pierre fait partir de la vie culturelle et spirituelle de l’homme. J’ai caressé dès mon enfance l’ambition de transformer les cailloux inanimés en œuvres d’art de valeur», a-t-il expliqué.
Il a commencé à se mettre à l’ouvrage en 1992, quand il était directeur du Service de l’agriculture et du développement rural de la province de Lâm Dông. Ce féru de pierres a consacré beaucoup de temps à la recherche des cailloux. Profitant de ses congés, il a parcouru de long en large le pays, notamment les sites marqués par des événements historiques. «Avant de partir dans une localité, j’ai l’habitude de consulter les informations sur l’endroit, et de marquer les sites intéressants. Dans mon carnet de voyage, j’ai noté des indications sur chaque roche collectée. Je voulais que chaque province et ville du pays soit représentée par une pierre symbolisant autant la notoriété de la localité que la grandeur d’âme et la noblesse d’esprit de la nation», confie-t-il.

Carnet de voyage de M. Minh.

Ce qu’il est important de souligner, c’est que ces pierres n’ont aucune valeur matérielle. Pas de jaspe ni de marbre, encore moins de rubis ou d’émeraude. Seulement des «pierres ordinaires derrière lesquelles se cache un exploit», selon lui. C’est par exemple la roche arrachée au mont abritant les temples des rois Hùng, à Phu Tho (Nord), où il y a quatre mille ans le pays a été fondé. Ou celle de la butte de Dông Da, à Hanoi, où le roi Quang Trung chassa au XVIIIe siècle les agresseurs chinois de la dynastie des Quing. Pour représenter la province Quang Nam (Centre), il a choisi une roche de My Son, site reconnu patrimoine culturel mondial par l’UNESCO. La province de Lâm Dông (sur les hauts plateaux du Centre) est représentée par une roche prélevée sur les pentes du mont Lang Biang mystérieux. Pour Quang Ninh, c’est une pierre du mont Bai Tho (Poème) sur le versant duquel a été gravé, il y a mille ans, un poème affirmant l’indépendance du Vietnam. Pour Nghê An, une pierre prise dans le village natal du président Hô Chi Minh... Sans oublier des roches ramassées sur les archipels de Hoàng Sa (Paracel) et Truong Sa (Spratly).

Ruser pour parvenir à ses fins
Le ramassage d’une roche, bien qu’elle n’ait pas de valeur pécuniaire, n’est pas toujours aisé. Les sites de renom sont tellement protégés qu’il est difficile d’y ramener des objets en nature glanés sur place. Plus d’une fois, Minh a été arrêté par des gardes qui l’ont verbalisé puis ensuite «allégé» de ses roches. «Il faut donc parfois ruser pour éviter les situations embêtantes», confie-t-il avec un sourire malicieux. Et de raconter l’histoire du caillou «dérobé» dans la grotte de Phong Nha, à Quang Binh (Centre), reconnue patrimoine naturel mondial : «J’ai demandé à une rameuse locale de m’emmener en barque dans la grotte».
Son long parcours à la recherche de pierres s’est terminé le jour où il a réuni chez lui toute la collection désirée. Une fois à la retraite, il a consacré cinq mois pleins à la réalisation de sa carte. Il lui a d’abord fallu tailler chacune des roches pour leur donner la forme de la localité représentée. Puis ensuite les assembler soigneusement sur un grand tableau en bois doté de quatre roues, «pour le déplacer facilement». La carte du Vietnam en pierres est ainsi née, manifestant un amour immense pour les roches et surtout pour le pays natal.


Le Grand Arbre de la nation


Minh est actuellement en train de créer une nouvelle œuvre qu’il a baptisée «Grand Arbre». Il s’agit de la souche d’un ébénier de 300 ans qu’il a taillée en forme de grande fleur de lotus, et sur laquelle il a enchâssé des statues (en pierre) de Grands hommes, comme le roi Hùng, le généralissime Ly Thuong Kiêt, l’homme de culture Nguyên Trai, le Président Hô Chi Minh, le compositeur Van Cao, le général Vo Nguyên Giap et d’autres personnalités qui ont marqué l’histoire du pays.

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