La pêche urbaine enflamme Hanoï

Depuis cinq ans, la pêche est devenue un plaisir partagé par de nombreux habitants de la capitale. Une passion qui se transforme petit à petit en un vrai métier, et qui peut dans certains cas, rapporter gros.

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Après huit heures d’attente et de patience, un grand cyprinidé a mordu à l’hameçon.

Une canne, des hameçons, du thinh- une poudre de riz grillée utilisée pour épicer les plats vietnamiens mais aussi comme appât pour les poissons. Avec minutie, Thanh Tùng prépare les outils indispensables pour sa prochaine séance de pêche. «Je n’ai pas encore trouvé de travail. J’aide ma mère dans son petit restaurant, raconte le jeune diplômé domicilié dans l’arrondissement de Câu Giây à Hanoï. Pendant mon temps libre, je vais au lac pour pêcher. Après deux ans d’entraînement, j’arrive à attraper à chaque fois quelques carpes noires, que je revends entre 1 et 2 millions de dôngs».

Des concours pour le bonheur des pêcheurs

Le mouvement à Hanoï a pris son envol depuis ces dernières années. Les lacs naturels et artificiels dans les régions intra-muros et périphériques de la capitale sont de plus fréquentés par des pêcheurs amateurs, aussi bien des jeunes que des personnes plus âgées. Les arrondissements de Ba Dinh, Hoàn Kiêm, Dông Da et Hai Bà Trung comptent déjà 30 petits lacs pour aller taquiner le goujon - ou plutôt la carpe -, et se sont transformés en de vrais espaces de rencontres pour les pêcheurs non professionnels.

Des clubs sont même nés dans le but de favoriser les échanges et de partager expériences et techniques. Parfois, les rendez-vous se transforment en des concours rassemblant de nombreux candidats, avec à la clé pour les encourager une moto ou un canne à pêche de qualité. Modernité oblige, les informations sur ces concours sont partagées via les réseaux sociaux et les forums, attirant des participants venus d’autres provinces.

Des instants inoubliables, sous le sceau de l’amitié. «J’ai dépensé tout l’argent que j’ai gagné lors du concours pour inviter mes amis, des amateurs de pêche, à un repas ensemble. J’ai remporté le concours grâce à la chance d’avoir une place idéale au bord du lac», confie Pham Hoàng, un lauréat.

Manh Hà, un habitant de la rue Dôi Cân, explique que «la pêche est un véritable art qui exige une grande passion et beaucoup de patience. Ces concours sont très importants, car ils resserrent les liens entre les pêcheurs venus de nombreuses régions. C’est aussi une bonne occasion pour apprendre des techniques et astuces en la matière. La pêche nous aide à nous distraire après les heures de travail». Pour Hoàng Ngoc Minh, vice-président de l’Association de la pêche sportive, «d’une manière générale, la pêche est un loisir +sain+».

Un moyen d’arrondir ses fins de mois

M. Manh Hà lors d’une séance de pêche.

Les amateurs de pêche doivent débourser de 300.000 à 500.000 dôngs environ pour louer un emplacement sur les bords du lac et ce pendant quatre heures. La plupart rapportent les poissons chez eux pour les déguster en famille. Mais d’autres préfèrent les vendre pour se faire un peu d’argent.

«Une séance de pêche me rapporte en moyenne entre 20 et 30 poissons, revendus entre 60.000 et 70.000 dôngs, assure Ngoc Huy, un habitant de la rue Hoàng Hoa Tham. Parfois, j’arrive à me faire 2 millions dôngs en un seul jour».

Autre modèle d’affaires, la vente d’outils de pêche. Il faut en effet pouvoir contenter le public qui est des plus vastes, depuis les amateurs de pêche populaire ou sportive, les débutants comme professionnels ou encore ceux à la recherche de matériel domestique comme importé. Nombre d’entre eux fabriquent eux-mêmes leurs cannes pour les revendre par la suite.

Une fièvre qui peut se transformer au fil des ans en un vrai métier. «Je suis un passionné. Cependant, ce loisir me coûte énormément d’argent. Je me suis inscrit au club de Son Tây en dépit de mon budget limité. Pour gagner de l’argent, j’ai fabriqué moi-même des hameçons. Peu à peu, j’ai pu épargner pour ouvrir mon magasin».

Et parfois, le métier se transforme en un véritable business juteux. Phan Huong, 30 ans, vendeur de thinh et d’appâts, n’a pas hésité à sortir des sentiers balisés par ses études pour se lancer dans cette nouvelle aventure professionnelle.

«Je possède deux diplômes, mais maintenant, ma vie est liée à la pêche. J’arrive à bien en vivre. J’ai pu m’acheter une voiture pour transporter le poisson et des dizaines de grands cuiseurs à riz pour mitonner du maïs. J’ai investi en outre dans un mélangeur pour produire le +thinh+, raconte Phan Hung, pas peu fier de son esprit entrepreneurial. Un pêcheur m’a demandé de lui transmettre son savoir-faire dans la production de +thinh+ contre 30 millions de dôngs».


Ngoc Yên/CVN

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