La jeunesse autrichienne s’enflamme pour son folklore

En Autriche, la mode traditionnelle connaît un véritable engouement, en particulier auprès des jeunes citadins. Cette nostalgie du passé est une réaction à l’homogénéisation de la culture et de la mode dans le monde.

Des Autrichiens en costumes traditionnels au festival «Kirchtag» de Villach, le 3 août 2013.
Photo : AFP/VNA/CVN

«Quand j’avais 15 ans, je n’aurais jamais mis de +Lederhosen+. Ce n’était tout simplement pas cool», déclare Markus, 26 ans, portant fièrement le fameux pantalon en cuir avec bretelles.

«Mais aujourd’hui, presque tous les jeunes en ont», assure le jeune homme, rencontré début août lors du 70e Kirchtag à Villach (Sud), le plus grand festival autrichien de traditions folkloriques.

Dans ce pays alpin de carte postale, où se tiendront fin septembre des élections générales, la mode traditionnelle connaît un véritable engouement, en particulier auprès des jeunes citadins, à condition qu’elle soit sexy et amusante.

Ainsi les robes traditionnelles Dirndl remontent nettement au-dessus du genou, les culottes en cuir sont disponibles pour les femmes, également en version courte, comme on peut le voir lors de festivals traditionnels de plus en plus nombreux. Vienne a aussi cédé à la mode et a depuis trois ans son Wiesn, une version de la fête de la bière de Munich (Sud de l’Allemagne).

Le Lederhosen façon maillot de bain ou pyjama est devenu un cadeau dans le coup.

«C’est plus facile de danser dans une Dirndl plus courte», fait valoir Bernadette, 16 ans, qui sert des schnaps aux festivaliers à Villach.

Selon le mensuel Format, les soirées en club avec tenue vestimentaire Trachten (traditionnel) sont désormais «in», ce qui «il y a quelques années aurait été considéré comme la chose la plus embarrassante au monde».

Les discounters ont surfé sur la vague, et offrent des robes Dirdnl produites en Asie ou en Europe centrale pour certaines à moins de 100 euros.

Créé il y a huit ans, la société autrichienne Zillertaler Trachtenwelt est désormais leader du secteur avec 33 boutiques et un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros. Hofer, la filiale de la chaîne allemande Aldi, en vend même dans ses supermarchés.

«Il y a tellement de mauvaises nouvelles dans le monde que les gens apprennent de nouveau à apprécier leur pays», analyse Julia Wegscheider, porte-parole de Zillertaler Trachtenwelt.«Être fier de son pays est devenu à nouveau important pour les jeunes. Notre pays est si beau», ajoute-t-elle.

«Elvis des Alpes»

La jeunesse ne s’enthousiasme pas seulement pour la mode traditionnelle, elle a aussi sa star de la chanson populaire : Andreas Gabalier.

Ses grands succès, Mei Herz schlogt nur für di (Mon cœur ne bat que pour toi) et Auf der Alm (Dans l’alpage) ne renouvellent pas le genre de la «Volksmusik».

Mais avec ses sourires impertinents, ses yeux bleus, ses t-shirt moulants et ses mouvements de bassin suggestifs -- les femmes s’évanouissent pendant ses concerts ou jettent leur soutien-gorge sur la scène -- le chanteur de 29 ans coiffé comme Elvis Presley fait sensation, grâce à une efficace campagne de marketing.

Il a insufflé une nouvelle vie à un genre musical en perte de vitesse. Il y a dix ans, 13 albums de musique populaire figuraient parmi les 100 meilleures ventes en Autriche. L’année dernière, ils étaient 24, dont quatre dans les dix premiers, parmi lesquels trois de Gabalier.

Des danseurs à Villach, à 350 km au sud-ouest de Vienne, où se tient le festival «Kirchtag».

Le boom du folklore chez les jeunes, observé aussi dans le Sud de l’Allemagne, ne signifie toutefois par un rejet de la vie moderne, remarque Thomas Böhm de l’association de l’industrie musicale autrichienne (IFPI).

«Ce phénomène ne doit pas être trop idéalisé. Il y a des jeunes assez sûrs d’eux pour porter un Dirndl avec des bottes de cowboy, pour aller à un concert de Gabalier un jour, et le lendemain danser sur Rihanna ou David Guetta», déclare-t-il.

Mais pour Helga Maria Wolf, ethnologue auteur de plusieurs livres sur le sujet, cette nostalgie du passé est aussi une réaction à l’homogénéisation de la culture et de la mode dans le monde.

«Plus les choses deviennent internationales, plus les gens cherchent à conserver une petite partie de leur patrie», indique-t-elle.

AFP/VNA/CVN

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