La fraise japonaise s’implante à Môc Châu

Nahana Shojiro a passé cinq ans dans le district de Môc Châu, province de Son La (Nord), à cultiver des fraisiers de variété japonaise. Cet homme parle de la fraise comme d’un fruit qui symbolise la chance pour cette région.

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Nahana Shojiro, horticulteur japonais, à Môc Châu, province de Son La (Nord).
Photo : Phuong Nga/CVN

Au village de Búa, dans la province montagneuse de Son La, le paysage s’expose comme le décor d’un film mettant en scène la campagne japonaise. C’est dans ce décor que l’on peut parfois distinguer Nahana Shojiro au milieu des planches de fraisiers récoltant les fruits mûrs. Il y a cinq ans, il a renoncé au métier d’architecte pour se vouer à l’agriculture dans les montagnes du Vietnam.

Une rencontre, le tournant d’une vie

Nahana Shojiro n’est pas le premier Japonais à cultiver des fraisiers à Môc Châu. Avant lui, M. Otsuka, un septuagénaire fort de 40 ans d’expériences dans l’horticulture, avait entrepris la plantation de ces fraisiers japonais au Nord du Vietnam dans les terres des provinces de Thai Binh, Hà Nam, Hoà Binh et dans le district de Môc Châu. Ce dernier, dans la province de Son La, était le plus adapté pour la variété. Une fois la ferme établie et les fraisiers semés, il a regagné le Japon afin de trouver un cultivateur qui pourrait poursuivre son travail. Il continua ensuite la plantation de fraisiers au Laos.

«Je suis membre d’un club de passionnés d’horticulture à Tokyo. Nous nous réunissons chaque mois et c’est durant une de ces rencontres en 2012 que j’ai croisé M. Otsuka. À l’époque, il avait 73 ans et j’en avais 33. Il m’a alors proposé de continuer ses travaux inachevés au Vietnam et j’ai accepté sans hésitation», partage Nahana Shojiro.

Les fraisiers s’adaptent aussi bien dans les terres de Dà Lat qu’à Môc Châu.
Photo : Nahana Shojiro/CVN

Né dans un milieu rural semblable à la campagne de Môc Châu, ce jeune Japonais a toujours eu la fibre agricole. «J’ai fait des études dans le domaine de l’architecture pour plaire à mes parents. Mais mon vrai amour me portait vers l’horticulture. J’ai lu beaucoup de livres sur les pays d’Asie du Sud-Est, dont ceux sur l’histoire du Vietnam. J’y ai d’ailleurs fait un voyage pour mieux connaître le pays», dit-il.

C’est ainsi que Nahana Shojiro a hérité de la ferme d’Otsuka. À présent, elle s’étend sur 8.500 m² dans le village de Búa. À l’exception des fraisiers qui occupent 3.000 m² de ses terres, il cultive également d’autres plantes, comme la betterave rouge (Beta vulgaris).

«Grâce à une météo favorable, les plantes, notamment les fraisiers, sont très propices à la croissance et donnent d’excellents fruits», informe Nahana Shojiro. Avec quelque 10.000 fraisiers, la récolte, qui s’étend de février à mai, permet de cueillir de 10 à 20 kg de fraises par jour. Généralement, un fraisier a une espérance de vie de six ans. Toutefois, pour qu’il soit chargé de fruits, il est préférable de renouveler la plantation chaque année.

L’horticulture considérée comme un art

Il est communément admis que la culture des fraisiers est simple. Ce n’est en réalité pas le cas, en particulier lorsqu’il s’agit d’une variété importée. «Je trouve que les Japonais sont extrêmement minutieux. C’est une qualité à posséder notamment pour l’horticulture. De nombreux Japonais, dont Nahana Shojiro, la considèrent comme un art», exprime Madame Huyên, assistante de Nahana Shojiro.

Nahana Shojiro considère toujours la fraise comme un fruit emblématique de la chance pour le district de Môc Châu (province de Son La, Nord).
Photo : Nahana Shojiro/CVN

Après avoir travaillé pendant quatre ans au Japon, elle a loué un kiosque dans un marché à Môc Châu et l’a transformé en un bazar pour gagner sa vie. Elle y avait rencontré fortuitement M. Otsuka alors qu’il passait au marché pour acheter un outil agricole pendant qu’il se trouvait au Vietnam. Informé qu’elle était au Japon et qu’elle parlait japonais, il l’a invitée à travailler à ses côtés dans sa ferme à Môc Châu. Et après le départ d’Otsuka, Mme Huyên a continué à travailler avec Nahana Shojiro à la ferme. «Je suis profondément attachée au Japon et aux Japonais», avoue-t-elle.

Si l’une des qualités des Japonais est la minutie, celle des Vietnamiens est l’hospitalité. Pour Nahana Shojiro, Môc Châu est parfait non seulement pour la culture des fraisiers mais aussi pour y vivre. «Mes voisins sont très serviables et sont toujours prêts à m’aider», confie-t-il.

«Au Japon, il ne reste le plus souvent à la campagne que les personnes âgées, les jeunes se déplaçant vers les grandes villes pour y travailler. À Môc Châu, je trouve encore beaucoup de jeunes qui travaillent dur et sont très attachés à leur famille», estime Nahana Shojiro.

Au cours de ses cinq ans au Vietnam, le Japonais s’est également rendu à Dà Lat, province de Lâm Dông, sur les hauts plateaux du Centre. Cette station climatique est aussi connue pour la culture des fraisiers au Vietnam. «Je m’intéresse beaucoup aux environnements où les fraisiers sont capables de s’adapter».

Au Japon, la fraise, qui symbolise la chance, est le fruit le plus prisé à Noël. Mais à Môc Châu, la récolte des fraises ne tombe pas à Noël mais coïncide avec la floraison du pêcher et du prunier, la plus belle saison de l’année dans le Nord-Ouest.

Nahana Shojiro considère toujours la fraise comme un fruit emblématique de la chance pour cette région. Grâce à sa passion, il a l’occasion d’y vivre en harmonie avec la nature, respirant l’air pur du matin, et contemplant la beauté des fleurs de pêchers sous les premiers rayons du soleil...

Thuy Lê/CVN

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