La crise entre Turquie et Pays-Bas s'envenime

La crise entre la Turquie et les Pays-Bas s'est envenimée le 12 mars, le président turc Erdogan promettant aux Pays-Bas de leur faire "payer le prix" pour avoir refusé la venue de ministres turcs à des meetings, alors que La Haye juge des excuses "hors de question".

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Le président turc Erdogan devant des milliers de partisans, le 11 mars à Istanbul en Turquie.

Lors de deux allocutions au vitriol, Recep Tayyip Erdogan a dénoncé un comportement rappelant selon lui "le nazisme et le fascisme" après l'expulsion le 11 mars par les Pays-Bas de la ministre turque de la Famille, Fatma Betül Sayan Kaya, et leur refus d'autoriser une visite de son chef de la diplomatie Mevlut Cavusoglu.

Alors que le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a d'abord souhaité le 12 mars favoriser "une désescalade", M. Erdogan lui a opposé une fin de non-recevoir.

"Vous n'avez pas encore payé le prix pour parler d'une réparation de vos relations avec la Turquie", a tonné M. Erdogan devant des milliers de partisans à Kocaeli, dans le Nord-Ouest du pays. "Vous devez encore rendre des comptes pour votre effronterie", a-t-il ajouté, en qualifiant les Pays-Bas de "république bananière". Il a critiqué la force selon lui excessive employée par les policiers pour disperser un millier de manifestants mobilisés dans la nuit du 11 au 12 mars près du consulat de Rotterdam pour défendre la venue des ministres turcs.

"Si vous lâchez des chevaux, des chiens sur mes concitoyens, alors vous devez rendre des comptes", a prévenu M. Erdogan, faisant référence aux brigades canines utilisées par la police néerlandaise, en plus des canons à eau, des fourgons et des chevaux.

Face à ces multiples déclarations, le Premier ministre néerlandais a lui aussi durci le ton. "Il est hors de question que des excuses soient faites, ils devraient faire des excuses pour ce qu'ils ont fait hier", a déclaré M. Rutte dimanche après-midi 12 mars. "C'est une requête folle et totalement impossible", a-t-il ajouté.

La participation de ministres turcs à des meetings visant à promouvoir auprès de la diaspora turque le vote du "oui" lors du référendum du 16 avril sur le renforcement des pouvoirs de M. Erdogan a donné lieu ces dernières semaines à des passes d'armes entre Ankara et plusieurs capitales européennes.

Aux Pays-Bas, cette affaire intervient avant les élections législatives prévues le 15 mars, où le parti du député anti-islam Geert Wilders est donné en deuxième place par les derniers sondages. Si plusieurs meetings ont été annulés, aucun pays européen n'avait pris jusqu'alors la décision d'interdire la venue de ministres turcs.

Meeting autorisé en France

Le 12 mars, le Premier ministre danois Lars Løkke Rasmussen a "proposé" à son homologue turc Binali Yildirim de reporter une visite au Danemark prévue fin mars en raison de "l'escalade" entre Ankara et les Pays-Bas.

Des manifestants devant le consulat des Pays-Bas le 11 mars à Istanbul.
Photo : AFP/VNA/CVN

En Allemagne, le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière, s'est dit opposé à la venue de ministres turcs pour des meetings. "Une campagne (électorale) turque n'a rien à faire ici, en Allemagne", a-t-il déclaré. Et le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, a espéré que la Turquie "revienne à la raison", dans une interview à la chaîne ZDF.

Pilier de l'OTAN, la Turquie est aussi un partenaire clef de l'Union européenne dans la lutte contre l'immigration clandestine.

Dans la matinée du 12 mars, des manifestants turcs ont brièvement remplacé le drapeau néerlandais par un drapeau turc au consulat des Pays-Bas à Istanbul, bouclé la veille par Ankara. La Haye a indiqué avoir "protesté auprès des autorités turques, qui ont promis d'enquêter".

"Nous avons été soumis à un traitement inhumain et immoral", a déclaré à la presse la ministre de la Famille, accueillie le 12 mars à l'aéroport Atatürk d'Istanbul par une foule brandissant des drapeaux turcs.

Indésirable aux Pays-Bas, le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a en revanche pu participer le 12 mars à un meeting dans l'Est de la France, à Metz. Dans son allocution, il s'en pris aux Pays-Bas, qualifiés de "capitale du fascisme".

Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a appelé à "l'apaisement", tout en invitant "les autorités turques à éviter les excès et les provocations".

Mais l'affaire s'est invitée dans la campagne présidentielle française, à six semaines du premier tour. Les candidats de droite François Fillon et d'extrême droite Marine Le Pen ont estimé que la France n'aurait pas dû autoriser ce meeting.

M. Cavusoglu devait également participer le 12 mars à un rassemblement à Zurich, mais la rencontre a été annulée à la suite du refus de l'hôtel où elle devait se tenir, selon la Radio-télévision suisse (RTS).

En Autriche, une commune a interdit le 10 mars la tenue d'un meeting électoral turc, en raison de "risques de trouble à l'ordre public".

AFP/VNA/CVN

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