La céramique de Thanh Hà, quintessence des métiers traditionnels

Plus de 500 ans après sa création, le village de la céramique de Thanh Hà reste l’une des destinations touristiques les plus connues de la province de Quang Nam.

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Nguyên Van Chin, un artisan chevronné du village, dans son atelier.

Situé sur les rives de la rivière Thu Bôn, à quelque 3 km à l’ouest de la vieille ville de Hôi An, le village de Thanh Hà est connu pour son artisanat de la céramique depuis le XVe siècle.

Ce métier a connu son âge d’or aux XVIe et XVIIe siècles. À cette époque-là, ses produits étaient vendus dans toutes les provinces du Centre et même exportés au Japon, en Chine ou en Espagne.

Au fil de son histoire, cet artisanat a connu quelques vicissitudes, mais les villageois sont restés fidèles à la terre et l’eau - les matières premières de la céramique - pour préserver ce métier traditionnel hérité de leurs ancêtres.

La terre utilisée est une argile brune flexible et collante, prélevée le long de la rivière Thu Bôn. Plusieurs étapes sont requises pour éliminer les graviers et obtenir un mélange fin. La préparation de la terre demande pas mal d’efforts de la part des artisans. Car une bonne terre est décisive pour la qualité des céramiques. "La terre est exploitée dans les champs de la province et vendue aux potiers. Ceux-ci recouvrent l’argile pendant deux ou trois jours. La terre est ensuite découpée à la fourche et battue plusieurs fois. Toutes ces étapes doivent être réalisées dans une période de cinq à sept jours", informe Nguyên Van Chin, un artisan chevronné du village.

À travers les siècles, les techniques de fabrication de la céramique de Thanh Hà sont restées identiques. Deux céramistes coopèrent harmonieusement pour le modelage, l’un chargé de faire tourner le tour et l’autre de modeler les produits.

Grâce à leurs mains habiles et à leur longue expérience, les céramistes font naître de la terre inanimée des pièces uniques. Pas de moule, chaque œuvre est basée sur les sensations et l’expérience de chaque artisan. "La qualité des produits dépend de la terre. Elle doit être flexible et fine. De plus, le modeleur doit être chevronné", souligne l’artisane Nguyên Thi Thu, qui a appris la production de céramiques dès son enfance.

Après le modelage, les produits sont laissés au soleil jusqu’à ce que leur surface soit sèche et non collante, avant d’être soumis à la cuisson.

Une tradition à perpétuer

L’artisane Nguyên Thi Thu (droite) en train de modeler un produit.

Les produits traditionnels de Thanh Hà sont des objets du quotidien comme des jarres, des vases ou encore des ustensiles de cuisine… Aujourd’hui, pour satisfaire leurs clients, les artisans fabriquent aussi des objets de décoration dont la qualité est hautement appréciée.

La cuisson est la dernière étape. Les villageois utilisent des fours à bois traditionnels et disent non aux fours modernes. Grâce à leur expérience et à leur intuition, leur maîtrise du feu et de la cuisson est totale. Ils n’utilisent jamais d’outil pour contrôler la chaleur. Les plus chevronnés écoutent seulement le bruit des flammes, sentent la chaleur émise par le four et calculent ainsi le temps de cuisson nécessaire pour obtenir des produits de qualité. "Pour assurer la qualité, le céramiste doit maintenir un feu à chaleur régulière, ni trop forte, ni trop faible", explique Nguyên Thi Thu.

Pour leur céramique, les villageois ne recourent ni à l’émail, ni à aucun produit chimique. Grâce à leur expérience dans la préparation de la terre et la régulation de la chaleur des fours, ils arrivent à créer toute une palette de couleurs sur les produits finis : du jaune au rouge, en passant par le marron…

Séchage des produits.

Désormais, Thanh Hà est devenu une destination appréciée des touristes qui peuvent observer les différentes étapes de la production de la céramique, un savoir-faire transmis de génération en génération depuis plus de cinq siècles. Tous expriment leur grande admiration pour le savoir-faire des artisans.

Le tourisme a contribué à changer la physionomie du village et à améliorer les conditions de vie de ses habitants. "Depuis 2002, le village de Thanh Hà s’inscrit dans le circuit touristique de Hôi An, ce qui a redonné de la vigueur son artisanat", insiste Nguyên Thi Hâu, propriétaire d’une boutique dans le village. Et d’ajouter que les villageois qui travaillaient loin retournent à présent dans leur pays natal. Les revenus tirés de la fabrication de céramiques combinés aux activités touristiques sont plus élevés qu’un salaire de serveur dans un restaurant ou d’employé d’hôtel. "Et tous les villageois peuvent travailler l’argile", confie-t-elle avec plein de fierté.

Grâce aux deux matières premières que sont la terre et l’eau, les habitants de Thanh Hà ont réussi à faire que cet artisanat donne un certain prestige au village. Les céramistes démontrent dans chaque produit leur passion pour le métier traditionnel de leurs ancêtres.

Ce sont eux qui insufflent une âme à la terre inanimée et donnent ainsi vie aux œuvres typiques de Thanh Hà.

Texte et photos : Vân Anh/CVN

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