La Catalogne se réveille sous tutelle, dans une Espagne déchirée

La Catalogne se réveille sous tutelle de l'État espagnol samedi 28 octobre, au lendemain d'une déclaration d'indépendance historique fêtée par une partie des Catalans mais aussitôt contestée par Madrid et largement rejetée à travers l'Union européenne.

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Cette nuit, les indépendantistes étaient réunis sur la place Sant Jaume à Barcelone.
Photo : Reuters/CVN

En attendant les nouvelles élections régionales, convoquées par Madrid pour le 21 décembre, la nuit barcelonaise était dominée par les indépendantistes et leurs feux d'artifice, sur la place Sant Jaume.

Mais samedi 28 octobre, à Madrid, ce sera au tour des partisans du maintien de la Catalogne en Espagne de manifester : deux camps diamétralement opposés, symbole de cette crise sans précédent pour l'Espagne depuis son retour dans le camp de la démocratie, en 1977.

Vendredi soir 27 octobre, quelques heures seulement après la proclamation de "la République catalane comme État indépendant et souverain", le gouvernement espagnol a de fait commencé à mettre en application tout un arsenal de mesures exceptionnelles, préparées depuis des semaines.

À l'issue d'un conseil des ministres extraordinaire, le dirigeant conservateur Mariano Rajoy a annoncé la destitution du président séparatiste catalan Carles Puigdemont et de son gouvernement. Et le parlement catalan, dominé par les indépendantistes, a été dissous, en attendant son renouvellement, lors d'un scrutin annoncé pour le 21 décembre.

Dès samedi 28 octobre, la vice-présidente du gouvernement espagnol, Soraya Saenz de Santamaria, devait réunir les secrétaires d'État qui seront chargés d'assumer les fonctions des gouvernants catalans.

"Nous ne nous soumettrons pas"

Les autres mesures annoncées comprennent la destitution du directeur de la police régionale catalane ou encore la fermeture des "représentations" catalanes dans le monde. Mais les conséquences de cette déclaration d'indépendance unilatérale de la Catalogne, comme de la mise sous tutelle par Madrid, sont incalculables.

Signe de l'inquiétude en Europe, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker (conservateur du Parti Populaire européen) a souligné vendredi que l'UE n'a "pas besoin d'autres fissures".

Washington, Londres, Berlin, Ottawa ou encore Paris ont de même immédiatement fait savoir qu'ils soutenaient l'unité de l'Espagne. Et une des rares voix à soutenir les indépendantistes est venue de l'île française de Corse, dominée par les autonomistes.

Cependant, le président du Conseil européen Donald Tusk a appelé Madrid à choisir "la force de l'argument plutôt que l'argument de la force", alors que beaucoup craignent que la Catalogne ne soit entraînée dans une spirale de troubles face à la tentative de reprise en main par l'État.

"Le gouvernement a adopté ces mesures pour éviter la prise en otage inadmissible d'une majorité des Catalans et le vol d'une partie du territoire au reste des Espagnols", a plaidé M. Rajoy.

L'annonce de la mise sous tutelle de la région a été aussitôt accueillie vendredi soir 27 octobre par les huées des dizaines de milliers d'indépendantistes réunis à travers les villes catalanes pour fêter leur nouvelle et fragile "République", sur un territoire grand comme la Belgique où vivent 16% des Espagnols.

Le petit parti d'extrême gauche indépendantiste CUP, qui avait résolument poussé à une proclamation immédiate de l'indépendance, a annoncé dans un tweet: "Nous continuerons à construire la République! Nous ne nous soumettrons ni à l'autoritarisme de Rajoy, ni à l'article 155".

Indépendantistes "kamikaze"

Relevé de ses fonctions par Madrid, le président catalan Carles Puigdemont ne s'est pas exprimé depuis l'annonce officielle de sa destitution. Le parquet général d'Espagne avait déjà annoncé qu'il engagerait la semaine prochaine une procédure judiciaire pour "rébellion" contre M. Puigdemont, qui risque la prison.

Exprimant le désarroi d'une partie de ses administrés, la maire de gauche de Barcelone, Ada Colau, a diffusé un message amer, rejetant une déclaration d'indépendance "qui n'a pas le soutien majoritaire des Catalans".

Elle a accusé les conservateurs à Madrid d'avoir été "incapables d'écouter et de gouverner pour tous", et les partis indépendantistes à Barcelone d'avoir poursuivi "à une vitesse de kamikaze" leur "fuite en avant".

Lors des dernières élections régionales, en 2015, l'ensemble des formations pro-sécession - de l'extrême gauche au centre droit - n'avaient obtenu que 47,8% des suffrages, mais une majorité en sièges au parlement catalan. La résolution déclarant l'indépendance a été adoptée vendredi par 70 voix pour (sur 135 députés), en l'absence de la plus grande partie de l'opposition, qui avait quitté l'hémicycle.

L'indépendantisme avait tout particulièrement commencé à prospérer quand le parti de M. Rajoy avait obtenu en 2010, de la Cour constitutionnelle, qu'elle ampute largement un statut conférant de plus larges pouvoirs à la région.

AFP/VNA/CVN

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