JO-2016 : la Russie retient son souffle avant la décision du CIO

À moins de 48 heures de la décision du Comité international olympique, qui pourrait l'exclure totalement des Jeux de Rio, en août, la Russie a appris le 22 juillet qu'elle pourrait aussi rater les Jeux paralympiques cariocas, en septembre, toujours pour son "dopage endémique".

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Le ministre russe des Sports Vitali Moutko (gauche), lors d'une conférence de presse à Moscou, le 24 mai 2016.
Photo : AFP/VNA/CVN

Après les révélations du rapport McLaren le 18 juillet sur l'ampleur du "système de dopage d'État" en Russie, avec l'aide "active" des "magiciens" des services secrets du Kremlin, c'est le Comité international paralympique (IPC) qui en a rajouté une couche le 22 juillet.

Et les termes sont durs : le sport russe souffre d'une "culture de dopage endémique, jusqu'au plus haut niveau, et le Comité paralympique russe ne semble pas en mesure de respecter le code antidopage, ou même désireux de respecter ce code", a asséné un communiqué de l'IPC, en annonçant avoir ouvert une procédure de suspension contre la Russie.

Un nouveau coup dur donc pour le sport russe, au lendemain de la confirmation par le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne (Suisse) que la Fédération international d'athlétisme avait bien le droit d'exclure la "tsarine" de la perche Yelena Isinbayeva et ses compatriotes des JO de Rio (5-21 août).

Deuxième nation des JO-2012 avec ses 17 médailles dont huit en or en athlétisme, derrière les États-Unis, la Russie sera représentée par deux athlètes seulement à Rio, mais sans réelle chance de podium.

La sauteuse en longueur Darya Klishina, repêchée par l'IAAF car basée en Floride et évoluant hors du système russe, et la spécialiste du 800 m, Yulia Stepanova, la lanceuse d'alerte à l'origine des révélations sur le dopage en Russie. Réfugiée en Amérique du Nord, entre États-Unis et Canada, celle-ci est vue comme une traitre dans son pays.

Dopage : l'athlétisme russe privée de JO.
Photo : AFP/VNA/CVN

''Pas de fumée sans feu''

Pas d'athlètes russes donc, ou presque, à Rio. Mais cette exclusion pourrait encore être étendue dimanche, et viser tous les sportifs. "Le sport russe n'est pas à un pas, mais à quelques millimètres de l'abîme", résumait le 22 juillet le journal Komsomolskaïa Pravda, en évoquant la réunion de la Commission exécutive du CIO le 24 juillet, qui pourrait signer l'épilogue d'une semaine noire pour l'athlétisme et le sport russe en général.

Car le rapport McLaren l'avait souligné le 18 juillet : le dopage étatique russe en cours depuis 2011 a bien touché 30 sports, et pas seulement l'athlétisme. Dans les pages du Sport-Express, Sergey Shubenkov, champion du monde en titre du 110 m haies, reconnaît qu'"il n'y a pas de fumée sans feu". Mais l'athlète, contraint de rater Rio, se dit également convaincu que les hautes instances sportives "règlent leurs comptes".

Un point de vue partagé par beaucoup : à l'instar du ministre russe des Sports Vitali Moutko, qui avait fustigé le 21 juillet une décision "politique", de nombreux responsables sportifs et de médias russes jugeaient le 22 juillet que la Russie était injustement punie.

"Le problème du dopage existe dans de nombreux pays, alors pourquoi la Russie est le seul bouc émissaire du CIO?", s'est ainsi demandé le président de la Fédération russe de pentathlon, Viatcheslav Aminov.

"Le CIO doit prendre une décision conforme aux idéaux olympiques, a insisté Aminov auprès de l'AFP. Or, si la Russie ne participe pas aux JO, la compétition ne sera pas équitable."

Même Mikhaïl Gorbatchev, dernier chef de l'État soviétique, a mis son poids dans la balance en évoquant sa "grande tristesse" dans une lettre destinée au président du CIO Thomas Bach, et en jugeant "inacceptable le principe de punition collective" que pourrait prendre le mouvement olympique le 24 juillet.

Un système de dopage d'État en Russie.
Photo : AFP/VNA/CVN

Réformer le sport russe

Tout n'est pas cependant perdu pour la Russie, car même si le CIO se prononçait pour l'exclusion du Comité olympique russe (ROC) les fédérations internationales pourraient encore repêcher au cas par cas les sportifs russes qu'elles estimeraient propres. Mais ces sportifs devraient alors concourir sous drapeau neutre.

Dès le soir du 21 juillet, la Fédération internationale de judo avait ainsi apporté son soutien aux sportifs russes n'ayant pas été impliqués dans des affaires de dopage. À l'inverse, quatorze agences nationales de lutte contre le dopage, dont les agences américaine, allemande ou japonaise, ont envoyé une lettre commune au CIO le soir du 21 juillet, en lui demandant d'agir collectivement.

Vladimir Poutine lui a joué la carte de l'apaisement le 22 juillet, en assurant que le dopage n'avait pas sa "place" dans le sport russe et en demandant la création d'une commission indépendante, avec des experts étrangers, qui se consacrerait à la lutte antidopage en Russie.

Verdict donc le 24 juillet pour les sportifs russes, avec la décision du CIO, avant d'éventuels recours judiciaires.

Pour les sportifs handisports russes, il faudra attendre un peu plus. L'IPC annoncera sa décision sur une éventuelle suspension la semaine du 1er août.


AFP/VNA/CVN

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