Irak : un nouveau Premier ministre pour sortir de la crise, Maliki conteste

L'Irak cherche à tourner la page du très contesté Nouri al-Maliki avec la nomination lundi 11 août d'un nouveau Premier ministre qui aura la tâche titanesque de sortir le pays de la guerre avec les jihadistes et de le sauver de l'éclatement.

Les États-Unis, impliqués pour la 1re fois militairement en Irak depuis le retrait de leurs troupes fin 2011, ainsi que l'Union européenne, la Grande-Bretagne, la France et l'ONU ont aussitôt félicité le Premier ministre désigné Haïdar al-Abadi qui a désormais 30 jours pour former un gouvernement appelé à inclure toutes les forces politiques du pays.

Le président irakien Fouad Massoum (2e à gauche) serrant la main de Haidar al-Abadi désormais son 1er ministre successeur de Nouri al- Maliki, le 11 août.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le président Barack Obama devait s'exprimer à 20h45 GMT sur la situation en Irak, où M. Maliki, qui estimait avoir la légitimité pour un 3e mandat après l'arrivée en tête de sa coalition aux législatives, a dénoncé la nomination de M. Abadi comme une "violation de la Constitution" soutenue selon lui par Washington.

Mais ce rejet ne devrait pas avoir d'incidence sur la transition politique, le Premier ministre sortant ayant été lâché par ses alliés et des membres de sa propre coalition, qui l'accusent d'avoir conduit le pays au bord du gouffre avec sa politique d'exclusion de la minorité sunnite et son autoritarisme.

"Le pays est entre vos mains", a dit le président Fouad Massoum en nommant M. Abadi, un membre du parti Dawa de M. Maliki qui dirige la coalition de l'État de droit.

M. Abadi venait d'être choisi par l'Alliance nationale, le bloc parlementaire chiite, comme son candidat, le poste de Premier ministre revenant à un chiite selon une règle non écrite. L'État de droit fait partie de l'Alliance nationale.

Bagdad quadrillée

La formation d'un gouvernement d'union est réclamée à cor et à cri par la communauté internationale pour faire face à l'offensive lancée le 9 juin par les jihadistes sunnites de l'État islamique (EI) qui continuent de s'emparer de pans de territoires en Irak et de mener des exactions contre les minorités religieuses, poussant à l'exode des centaines de milliers de personnes.

Alors que M. Maliki a le soutien d'un certain nombre d'officiers au sein des forces armées, le représentant spécial de l'ONU à Bagdad, Nickolay Mladenov, a appelé ces forces à ne pas s'ingérer dans la transition politique.

Les forces spéciales, la police et l'armée se sont déployées en force aux abords de positions stratégiques dans Bagdad, où les grandes artères étaient bouclées, des ponts fermés, et la Zone verte, abritant les institutions clés, encore plus protégée que d'ordinaire.

Dans ce contexte qui reste explosif, M. Abadi a assuré au vice-président américain Joe Biden qu'il avait l'intention de former "rapidement" un gouvernement "large capable de contrer la menace de l'EI et de construire un avenir meilleur pour les Irakiens de toutes les communautés", selon la Maison Blanche.

Situation humanitaire catastrophique

Une réunion extraordinaire des ambassadeurs des pays de l'Union européenne a été convoquée mardi 12 août à Bruxelles pour examiner les moyens de contrecarrer l'avancée de l'EI.

L'armée irakienne a échoué jusque-là à défaire les jihadistes qui se sont emparés de pans entiers du territoire dans l'Ouest, l'est et le nord du pays, sans rencontrer de grande résistance.

Dans le Nord, les forces kurdes, sous pression financière et plombées par le poids que représente la sécurisation d'un nombre supplémentaire de régions devant la déroute de l'armée, ont dû fuir devant l'EI.

Les jihadistes en ont profité pour s'approcher à une quarantaine de km d'Erbil, et s'emparer du barrage de Mossoul, le plus grand du pays. Les frappes américaines ont néanmoins permis aux peshmergas de reprendre les villes de Makhmour et Gwer, mais ils ont perdu Jalawla.

La situation humanitaire reste, elle, catastrophique : des centaines de milliers de personnes ont été jetées sur les routes dont de nombreux chrétiens chassés de Mossoul, deuxième ville du pays, et de la localité chrétienne de Qaraqosh, aux mains de l'EI.

La minorité kurdophone et non musulmane des Yazidis est également menacée depuis la prise de Sinjar, l'un de ses bastions. Réfugiés dans les arides montagnes environnantes, des milliers de Yazidis tentent de survivre entre la famine et les jihadistes, sous des chaleurs pouvant dépasser les 50°. Washington, Londres et Paris leur ont envoyé des vivres.

Enfin, le Conseil de sécurité de l'ONU a entamé la rédaction d'un projet de résolution visant à couper les vivres, en argent et en hommes, des jihadistes en Irak.

AFP/VNA/CVN

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