Irak : le Premier ministre désigné fait des promesses aux manifestants

Un ancien ministre irakien des Télécommunications, Mohammed Allawi, a été choisi samedi 1er février pour former un gouvernement, promettant de répondre aux demandes clés des manifestants mais la rue semblait partagée sur cette nomination.

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Le président Barham Saleh (droite) remet à Mohammed Allawi le décret le nommant Premier ministre à Bagdad.

À Bagdad, les partisans de l'influent leader chiite Moqtada Sadr sont venus en masse samedi sur la place Tahrir, épicentre du mouvement de contestation, affichant leur soutien au Premier ministre désigné. Mais de nombreux manifestants dans la capitale et le Sud ont rejeté cette nomination. Les blocs politiques au Parlement sont arrivés in extremis à un consensus sur le nom de Mohammed Allawi, alors que le délai qui leur était imparti expirait samedi.

Adel Abdel Mahdi, le prédécesseur de M. Allawi, avait démissionné début décembre sous la pression d'un mouvement de contestation inédit qui avait éclaté en octobre à Bagdad et dans le Sud et accusait la classe politique d'incompétence et de corruption. Le mouvement réclamait ces derniers jours des élections anticipées et un nouveau Premier ministre indépendant, et il avait déjà rejeté en bloc de nombreux noms évoqués pour ce poste, dont celui de M. Allawi.

Le bureau de la présidence a publié des photos du président Barham Saleh en train de remettre à M. Allawi le décret sur sa nomination.

"Tâche monumentale"

S'exprimant à la télévision d'État, M. Allawi a promis de former un gouvernement représentatif, tenir des élections anticipées et s'assurer que justice sera rendue pour les manifestants tués lors du mouvement de contestation qui a été marqué par la mort de plus de 480 personnes, majoritairement des protestataires, selon un décompte de l'AFP.

"Cette désignation place une immense (...) responsabilité sur mes épaules", a dit le responsable politique de 65 ans. "Je vous demande de poursuivre les manifestations, car si vous n'êtes pas avec moi, je serai seul et je ne pourrai rien faire", a-t-il indiqué plus tôt sur Twitter, s'adressant aux manifestants.

M. Allawi fait en effet face au défi de former un gouvernement sur fond de profondes divisions au sein de la classe politique irakienne, et sous l'oeil scrutateur des deux alliés de l'Irak, les États-Unis et l'Iran, eux-mêmes ennemis. Les Nations unies ont salué sa nomination, rappelant qu'il faisait face à une "tâche monumentale".

"Les Nations unies ont appelé à maintes reprises toutes les parties à s'élever au-dessus des divisions partisanes et donner la priorité à l'intérêt national. Il est maintenant temps d'agir", a dit la représentante spéciale de l'ONU en Irak, Jeanine Hennis-Plasschaert. M. Allawi a été ministre des Télécommunications à deux reprises sous le gouvernement de Nouri al-Maliki (2006-2007 et 2010-2012) mais avait démissionné dans les deux cas après avoir cherché à mettre en oeuvre des mesures anti-corruption, accusant M. Maliki de fermer les yeux sur ce fléau.

Des Irakiens manifestent contre le gouvernement devant des pneus en flamme, à Najaf (Centre) le 1er février.

Selon la Constitution, M. Allawi a un mois pour former son cabinet, qui devra être approuvé par un vote de confiance au Parlement. En attendant, sur la place Tahrir, dans la capitale, de nombreux manifestants se disaient opposés au choix de M. Allawi. "On rejette Allawi, on rejette Allawi!", ont-ils scandé.

Dans la ville sainte de Najaf et à Diwaniya, au sud de Bagdad, des foules de manifestants ont aussi lancé des slogans contre lui. "La nomination de Allawi a été approuvée par les blocs politiques corrompus contre lesquels on proteste depuis plus de quatre mois", a déclaré l'avocat Hassan Mayahi, qui défilait à Diwaniya.

Les dernières semaines, les manifestants avaient brandi son portrait, ainsi que celui d'autres personnalités pressenties pour le poste de Premier ministre, barrés d'une croix sur leur visage, affirmant qu'ils n'étaient pas assez indépendants. Moqtada Sadr, à la tête du plus grand bloc parlementaire et qui contrôle les postes ministériels clés, a lui apporté son soutien à M. Allawi, twittant que sa nomination était un "pas positif".

"Faire pression"

M. Sadr avait soutenu dès le début le mouvement de contestation, avant de sembler le retirer il y a une semaine. De nombreux contestataires ont alors craint que leur départ ne soit le prélude à une répression des autorités: la police avait ainsi peu après brûlé ou détruit plusieurs campements de manifestants.

Mais vendredi 31 janvier, Moqtada Sadr avait appelé ses fidèles à une manifestation "massive" pour "faire pression" sur la classe politique afin qu'elle forme un gouvernement. Et ses partisans ont réinstallé samedi leurs tentes parmi les manifestants à Tahrir.

L'ambassade américaine à Bagdad a diffusé en soirée un communiqué prudent, disant espérer que la nomination de M. Allawi conduirait à la formation d'un "gouvernement indépendant et honnête qui puisse répondre aux besoins du peuple irakien". L'Iran n'avait pas réagi dans l'immédiat.


AFP/VNA/CVN

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