Indonésie, nouvelle «terre promise» des patrons français

«Les pays émergents sont une chance». Plaquettes publicitaires sous l’épaule, Jean-Philippe Compain est venu vanter ses purificateurs d’eau en Indonésie, encore largement «terra incognita» pour la France, mais promise à un rôle clef dans la relance de ses exportations.

«Je pense que j’ai un produit qui correspond au marché» : M. Compain, président d’Aguasmart, a débarqué dans la touffeur de Jakarta avec la détermination qui fait les pionniers. C’est la première fois qu’il met les pieds en Asie.

Le siège de Carrefour à Jakarta.

À la tête d’une PME de «sept actionnaires et trois employés», comme il se plaît à le dire, il a décidé de s’attaquer au quatrième pays le plus peuplé de la planète, un géant de 240 millions d’habitants aux besoins de développement criants.

«L’Indonésie a une croissance que l’Europe ne connaît plus», répond-il quand on lui demande les raisons de son voyage. L’immense archipel à cheval sur l’Équateur voit sa richesse progresser de plus de 6% l’an en moyenne, un dynamisme qui lui a valu d’être inscrit parmi les 47 pays cibles sélectionnés par la ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq dans sa stratégie de relance des exportations françaises.

Les «success-stories» à la française

«Les pays émergents sont une chance pour les PME-PMI», croit M. Compain. «Il faut prendre en exemple l’Allemagne ou l’Italie qui l’ont compris il y a très longtemps», ajoute-t-il dans une interview.

Le patron s’est ainsi joint aux «Rencontres d’Affaires France-Indonésie» à Jakarta, qui a offert à 46 sociétés de l’Hexagone la possibilité de participer à près de 300 rendez-vous avec des entreprises indonésiennes.

Les «Rencontres» sont les premières du genre en Indonésie, signe que le pays, pourtant déjà très convoité par l’Allemagne, le Royaume-Uni ou le Japon, reste encore à défricher pour les Français.

L’Indonésie n’a acheté en 2011 qu’1,5 milliard d’euros de biens et services français (hydrocarbures inclus), soit environ 1% des importations totales du pays... Les achats de produits français ne progressent plus que de 4% l’an depuis 2007, contre 20% pour les importations totales de l’Indonésie, selon les statistiques officielles.

L’usine Oreal à Kerawang, dans l’Ouest de Java.

Certes, les «success-stories» à la française existent. L’Oréal, premier groupe mondial des produits de beauté, a inauguré tout récemment en Indonésie sa plus grande usine au monde. Le groupe Accor compte presque y doubler le nombre de ses chambres d’ici à 2014. Et le géant du nickel Eramet a en projet une mine qui nécessitera au moins trois milliards d’euros d’investissements.

Les Total, Alstom ou LVMH sont d’autres vitrines de la réussite, même si les difficultés en Europe ont parfois fait craindre un mouvement de repli, comme l’a illustré le tout récent désengagement de Carrefour. Mais au-delà des grands noms, la présence française reste limitée.

«L’ombre de la Chine a recouvert un peu tout», reconnaît Christophe Lecourtier, directeur général d’Ubifrance, agence publique pour le développement international des entreprises françaises et organisatrice des Rencontres de Jakarta. «Mais il y a aujourd’hui un rééquilibrage» vers l’Asie du Sud-Est, ajoute le responsable.

Les opportunités à saisir

C’est que, «d’ici à 15 ans, la classe moyenne, actuellement de trente millions de personnes, aura été multipliée par trois ou quatre», explique M. Lecourtier. Avec la richesse, viendra le même boom que connaît actuellement la Chine : vins et nourriture français, cosmétiques, transports publics... tous ces secteurs déjà identifiés comme clefs par la ministre Nicole Bricq. «L’Indonésie est un maillon très important» de la stratégie annoncée par la ministre, estime M. Lecourtier.

«Les opportunités sont évidentes», confirme Pascal Grosjean, responsable du développement international chez Setec, une société d’ingénierie de 2.100 employés qui entend développer ses activités trains et métros, dont les projets abondent en Indonésie.

«Nous souhaitons nous installer durablement», lance-t-il, sans se laisser démonter par l’avance de ses concurrents en Indonésie. «Si on part de l’hypothèse qu’on arrive en dernier, on ne fera jamais rien», tranche-t-il.

«Le gâteau va grossir», permettant à de nouveaux acteurs d’en prendre une part, rassure Christophe Lecourtier. «L’Indonésie est un marché en jachère, un des champions de la prochaine décennie. Il y a aura de gros besoins».

AFP/VNA/CVN

 


 

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