Incident à l'EPR de Taishan en Chine : un réacteur finalement arrêté

C'est l'unique centrale EPR en fonctionnement dans le monde : Taishan, construite en Chine avec le géant français de l'énergie EDF, s'est résolue à arrêter l'un de ses deux réacteurs, plus d'un mois après l'annonce d'un incident présenté comme sans gravité.

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La centrale nucléaire de Taishan, en Chine, en construction le 8 décembre 2013.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le site se trouve dans une zone côtière de la grande province du Guangdong (sud), la plus peuplée du pays, à quelques dizaines de kilomètres des territoires semi-autonomes chinois de Macao et de Hong Kong.

Après que la chaîne américaine CNN eut rapporté une possible "fuite", les autorités chinoises avaient signalé à la mi-juin un incident au niveau du réacteur numéro 1 de Taishan.

Un petit nombre de barres de combustible d'uranium endommagées ("crayons") causait une accumulation de gaz rares radioactifs dans le circuit primaire, étanche, de la centrale.

Les autorités avaient qualifié le phénomène de "courant" et écarté tout danger sur le site, réalisé en partenariat avec EDF, qui a fourni la technologie EPR.

Sous pression, l'électricien français a déclaré un mois plus tard que si l'incident était arrivé en France, il aurait mis le réacteur à l'arrêt. À Taishan cependant, une telle décision revenait à TNPJVC, la co-entreprise exploitant la centrale.

EDF en détient 30%, au côté du géant chinois CGN qui en possède 70%.

"La centrale nucléaire de Taishan (...) fait de la sûreté sa première priorité (...) et a décidé d'arrêter le réacteur 1 pour maintenance, afin de trouver la cause des dommages affectant le combustible et de remplacer le combustible endommagé", a finalement indiqué vendredi le 30 juillet CGN dans un communiqué.

Le géant nucléaire local précise que la décision a été prise "après une discussion substantielle entre les techniciens chinois et français".

"EDF prend acte de la décision de TNPJVC", a pour sa part réagi vendredi 30 juillet auprès de l'AFP une porte-parole du groupe français. Elle "est conforme à ce que EDF aurait fait en France au regard de ses procédures en matière d’exploitation du parc nucléaire français", a-t-elle insisté.

"Admissible" 

Photo satellite de la centrale nucléaire chinoise de Taishan et carte indiquant la distance avec Macao et Hong Kong.
Photo : AFP/VNA/CVN

Selon CGN, la mise à l'arrêt du réacteur n'est pas consécutive à un danger imminent : les dégâts sur le combustible "restent dans la plage admissible des spécifications techniques" et le réacteur aurait pu "continuer à fonctionner de manière stable", d'après le groupe.

Le réacteur "Taishan 1" a été le premier EPR au monde à entrer en service, en décembre 2018. Le deuxième réacteur, "Taishan 2", continue à fonctionner.

Le problème rencontré dans la centrale a alimenté ces dernières semaines les critiques contre l'EPR, dont les chantiers en France, en Finlande et au Royaume-Uni (pour deux réacteurs) sont marqués par des retards et des surcoûts.

"Un examen complet et transparent des dysfonctionnements de l’EPR de Taishan doit être mené", a réclamé Yannick Rousselet, de Greenpeace France.

"Si un défaut de conception du réacteur ou du combustible était à l’origine de l'incident sur l’EPR de Taishan, cela compromettrait les quatre projets d'EPR européens", selon l'ONG hostile au nucléaire.

Quel avenir? 

EDF ne construit aujourd'hui qu'un seul EPR en France, celui de Flamanville (Manche), mais espère de nouveaux chantiers.

Le gouvernement français joue la prudence et veut attendre le démarrage concret de ce site, attendu au mieux pour la fin 2022 après de nombreux retards, pour se prononcer.

Malgré les déboires, EDF a bon espoir de vendre de nouveau l'EPR à l'étranger, tablant sur la volonté de certains pays d'améliorer leur bilan climatique et notamment de moins dépendre du charbon.

Le problème à Taishan interroge toutefois sur l'avenir du nucléaire en Chine, qui possède aujourd'hui le troisième parc nucléaire mondial.

Le développement de l'atome y est important mais a été freiné suite à la catastrophe de la centrale japonaise de Fukushima en 2011.


AFP/VNA/CVN

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