Il infuse sa passion dans ses théières

Vuong Manh Tuân, 55 ans, est l’un des artisans les plus connus du village de céramique de Bát Tràng, à Hanoï. Rencontre avec ce fabricant spécialisé dans la confection de la théière Zisha.

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L’artisan Vuong Manh Tuân.

Vuong Manh Tuân est issu d’une famille de céramistes de Bát Tràng, en banlieue de Hanoï. C’est ainsi que son amour pour les poteries est né. Précoce, il crée ses premières œuvres en argile à l’âge de 10 ans. De petits pots, des bouilloires, ou encore des tirelires.
En 1978, l’adolescent commence à travailler dans l’atelier d’une entreprise de céramique de son village. Dix ans plus tard, il ouvre son propre atelier avec comme souhait de perpétuer le métier traditionnel légué par ses ancêtres.
"L’important pour un céramiste est sa créativité, de la conception de la forme à la cuisson, mais surtout sa passion, sa méticulosité et ses connaissances sur les différentes sortes d’argile", partage-t-il.
Contrairement aux villageois qui mettent l’accent sur la production, Manh Tuân s’intéresse essentiellement à l’argile. Il sillonne le pays pour en chercher de nouvelles sortes. Outre les villages de poterie réputés dans le pays tels que Phù Lang à Bac Ninh et Chu Đâu à Hai Duong (Nord), il se rend même jusque dans la région de Yixing, une ville de la province chinoise du Jiangsu, qui produit une sorte d’argile de grès. Les objets les plus célèbres fait avec de la glaise Yixing sont les théières Zisha (Tu Sa en vietnamien), considérées comme les meilleurs en Chine.
"Les artisans doivent posséder une profonde connaissance des différentes sortes d’argile et savoir comment les mélanger. Le secret de la fabrication des théières Zisha réside dans le mélange de différentes argiles", précise-t-il. Selon lui, la matière première, la température du four..., rien n’est laissé au hasard. "La température du four doit atteindre 1.200°C", précise-t-il.
Des théières qui valent de l’or
La théière Zisha, originaire de Chine, n’est pas seulement utilisée pour l’infusion du thé, c’est aussi un objet d’art à part entière. Vuong Manh Tuân comprend bien son origine, sa valeur et maîtrise son savoir-faire à la perfection. "Pour faire une théière Tu Sa, il faut suivre un procédé très précis", indique-t-il.

Cet ensemble à thé Zisha coûte plus de 6 millions de dôngs.

D’après lui, les connaisseurs de thé ont souvent de nombreuses anecdotes sur ces théières. Certains racontent même que lorsqu’ils les utilisent, ils peuvent percevoir le talent des artisans. De nos jours, ces récipients sont devenus des objets très recherchés par les amateurs au Vietnam, où l’art du thé a retrouvé de la vigueur. La théière Zisha a charmé nombre d’entre eux, non seulement en raison de sa beauté et de sa qualité, mais aussi des histoires qui lui sont liées.
"Le prix d’un ensemble à thé Tu Sa oscille grandement, débutant à 300.000 et pouvant atteindre plus de 6 millions de dôngs", informe Vuong Manh Tuân.
Son atelier compte actuellement une trentaine de céramistes. Malheureusement, la quantité des produits n’est pas suffisante pour répondre aux besoins des clients, toujours plus nombreux.

Texte et photos : Thu Huong/CVN


Une petite histoire du thé

La consommation de thé a probablement une histoire très longue au Vietnam. Elle a commencé avant l’invasion chinoise et s’est poursuivie au contact de la civilisation de l’Empire du Milieu. Elle a même inspiré moult hommes de lettres. Ainsi, l’écrivain hanoïen Nguyên Tuân (1910-1987), très disert sur les plaisirs raffinés des Vietnamiens, a écrit la nouvelle Chén trà trong sương sớm (Une tasse de thé dans la rosée matinale) pour décrire les règles de l’art du thé.

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