Hung Yên, pays des longanes

La province de Hung Yên (Nord) est une terre de culture relevant de l’ancienne région de Son Nam. Elle est aussi connue pour produire des longanes qui ont été labellisés et qui connaissent un succès grandissant au Vietnam comme à l’étranger.

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Quatre ans après avoir été détachée de Hai Hung, dès 2000, la production agricole annuelle de Hung Yên a augmenté de 12,7%.
Photo : Dinh Huê/VNA/CVN

Ma dernière visite à Hung Yên date de dix ans, au temps où elle était fusionnée avec Hai Duong pour former la province de Hai Hung. Il circulait alors dans la région une chanson populaire caustique disant :

“Ô vous qui allez au chef-lieu de Hung Yên,
“Là où la pluie vous apportera de l’eau et minuit allumera les lampes...
(Ai vê thi xa Hung Yên,
Troi mua co nuoc, nua dêm co dèn).

L’eau courante, d’un goût saumâtre, manquait. Les lampes électriques clignotaient et ne brillaient qu’après minuit.

L’économie en pleine mutation

Je reviens à Hung Yên sept ans après sa résurrection, les deux provinces de Hung Yên et Hai Duong s’étant de nouveau scindées en deux en 1997. Un centre urbain flambant neuf m’accueille, fait de bâtiments publics imposants, de rues spacieuses aux magasins regorgeant de marchandises. La nouvelle usine des eaux fournit de l’eau pure en abondance. On a investi 61 milliards de dôngs pour créer un nouveau réseau électrique qui, le soir venu, illumine la cité.

Province agricole très pauvre et trop peuplée, Hung Yên a fait un bond remarquable. Quatre ans après avoir été détachée de Hai Hung, dès 2000, sa production agricole annuelle a augmenté de 12,7%, la production de vivres per capita est passée de 460 kg (en 1996) à 520 kg. La production industrielle s’est accrue de 60% par an. Trois zones industrielles ont vu le jour avec le concours de 62 projets d’investissement dont ceux provenant de treize pays étrangers.

La Poste de Hung Yên.
Photo : CTV/CVN

L’histoire de Hung Yên remonte au XIXe siècle. Il y a 137 ans, en 1831, le roi Minh Mang a créé cette province en même temps que vingt-neuf autres dans le cadre d’une réforme administrative globale en vue de renforcer l’emprise royale sur tout le pays. Il supprima les deux «administrations générales» (Tông trân), celle du Nord (Bac Thành Tông trân) et celle du Sud (Gia Dinh Thành Tông trân), remplaçant les trân par les tinh (province) pour uniformiser l’administration régionale. Hung Yên n’avait pas subi de grands changements au temps de la colonisation française (1884-1945). Vers la fin des années 1960, on a accouplé de nombreuses provinces, parmi lesquelles Hung Yên et Hai Duong, en vue d’une marche hâtive vers le socialisme. L’entité provinciale reconquise en 1997 a permis à Hung Yên de prendre son envol. D’abord grâce à la synergie résultant des conditions géographiques et humaines combinées de manière plus rationnelle, ensuite et surtout à cause de l’impact de la politique de Renouveau (Doi moi) lancée en 1986. Avec l’adoption de l’économie de marché comme clé de voûte, cette dernière favorise le foisonnement des boutiques et magasins privés.

Nous pouvons à ce sujet prendre l’exemple d’un restaurant du district de Phù Cu, restaurant spécialisé dans les plats de buffle. Vaste bâtiment à trois étages, il est toujours bondé de monde. En 24 mois, les époux Ut et Liên, âgés de 30 et 40 ans, ont fait fortune. La femme, blanche et grassouillette, fait penser à Boule de Suif de Maupassant. Le menu comprend neuf plats de buffle aussi alléchants les uns que les autres : bouillon de caillot sanguin à l’armoise, viande ébouillantée prise avec des étoiles de carambole, viande grillée trempée dans la sauce de soja, pancréas sauté, etc. L’ancien ambassadeur danois Lassen, connaisseur de la gastronomie vietnamienne, qui fait partie de notre équipe de touristes, demande en plaisantant : «Avez-vous aussi des nouilles au +ngâu pin+?». La joyeuse patronne nous apporte tout de suite un bocal d’alcool de riz dans lequel a été macéré un pénis de buffle : miracle de l’économie de marché, il y a de tout pour tous les goûts.

Longane de Hung Yên, une spécialité nationale

Le longane à pulpe épaisse et sucrée fait la fierté des habitants de Hung Yên.
Photo : Archives/CVN

La cuisine de Hung Yên ne se distingue pas par la viande de buffle mais plutôt par autre chose. En premier lieu, les longanes auxquels beaucoup de chansons populaires font allusion :

- «Mangeant les longanes, les vieux rajeuniront, les jeunes filles auront une foule de soupirants.»

- «À peine met-on un longane dans la bouche qu’il glisse dans le gosier.»

- «Qu’on aille au Nord ou à l’Est pour faire du commerce,
Jamais on ne pourra oublier les longanes de Hung Yên.»

Devant la pagode Hiên se dresse le Longanier Patriarche plusieurs fois centenaire, qui remonte à l’époque où Phô Hiên (ancienne Hung Yên) était un port international du Nord, rival de Hôi An au Centre. De sa souche rabougrie avait émergé une pousse qui est devenue maintenant un arbre majestueux aux fruits délicieux. L’érudit Lê Quy Dôn, XVIIIe siècle, a vanté ainsi les longanes de Hung Yên, dits «royaux» parce que destinés aux rois : «Chaque fois qu’on le met dans la bouche, sa saveur fait penser au nectar des dieux». Servi au dessert, le bouillon sucré aux grains de lotus enchâssés dans les longanes est très recherché par les gourmets de Hanoï.

Les grains de lotus et les longanes forment un couple idéal dans la médecine traditionnelle qui les classe en tête de la liste des sédatifs et des somnifères. Comme c’est agréable de pédaler sur les digues des cours d’eau de Hung Yên, digues plantées de longaniers, alors que les lotus qui fleurissent dans les lacs sur la berge embaument votre parcours de leur parfum bouddhique. La cuisine de Hung Yên compte toute une gamme de spécialités de réputation nationale : la sauce de soja de Bân (Tuong Bân), la soupe de vermicelle aux anguilles (Thang luon Thê Ky), le ragoût de grenouille (Êch om Phuong Tuong), le pâté de poulet (Cha gà Tiêu Quan), le gâteau rond de riz gluant (banh dày) du village Gàu...

N’oublions pas, pour terminer, que Hung Yên est une terre de culture relevant de l’ancienne région de Son Nam. Elle compte plus d’un millier de vestiges historiques, de nombreuses figures éminentes en littérature et en art militaire, un très riche folklore.


Huu Ngoc/CVN
Septembre 2004

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