Histoire de pagode

Un vieux proverbe vietnamien conseille aux gens : «Prier Bouddha à la pagode toute l’année vaut moins que de le faire seulement un jour, le quinzième jour de la première lune».

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La pagode Bac Biên, dans l’arrondissement de Long Biên, Hanoi.
Photo : Archives/CVN

La visite à la pagode est aussi une occasion pour tout un chacun de prolonger l’atmosphère joyeuse du Têt, de se balader sous le crachin printanier..., les jeunes en profitent pour flirter un peu, grâce soit rendue à Bouddha. C’est ainsi que le 15e jour de la première lune de l’Année du Coq, j’ai décidé avec une dizaine de poètes et de journalistes, d’enfourcher nos vélos pour traverser le fleuve Rouge par l’ancien pont Doumer (pont Long Biên). Nous devions nous rendre chez le poète pour enfants Thanh Hào à Bac Biên, à quelque six kilomètres de Hanoi pour visiter ensemble la pagode de son hameau. Comme toutes les pagodes de village, celle-ci se blottit dans un îlot de verdure fait de banians, de manguiers, de frangipaniers séculaires.

Une construction au milieu de la nature

Le temple de Bouddha s’intègre toujours dans la nature et ne domine pas orgueilleusement, comme l’église catholique, les maisons des habitants. Tout petit, je me sentais rassuré, en sécurité dans ce havre de paix et de sérénité tandis qu’en mettant le pied dans une église catholique, j’étais horrifié par le spectacle de Jésus crucifié. Les hommes de ma génération se rappellent encore le texte sur la pagode appris par cœur à l’école primaire :

«La pagode de mon village, couverte de tuiles, est située à côté d’une mare et entourée d’un jardin. La cour est précédée d’un portique à trois entrées dominées par un clocher. Dans la pagode, sur un piédestal, siègent des Bouddhas en bois laqué, rouge et or. Derrière la pagode se trouvent l’autel des bonzes décédés et les cellules des moines. Aux deux côtés sont les salles d’hôtes. Dans la cour, il y a une stèle de pierre où sont gravés les noms des fidèles qui ont contribué à la construction et aux réparations du temple. Dans le jardin, quelques stûpas gardent les cendres des bonzes».

Se prosterner pour la paix et le bonheur

Le premier et le quinzième jour de chaque mois lunaire, j’accompagnais ma grande-mère à la pagode. Le vieux bonze disait des prières en frappant sur une crécelle en bois. Assises en bas, ma grande-mère et d’autres vieilles femmes se prosternaient en psalmodiant : «Salut à Bouddha Amitabha !» Sur l’autel, lampes et bougies brillaient, la fumée d’encens s’élevait. Le spectacle était solennel.

Les Vietnamiens viennent nombreux à la pagode les 1er et 15e jours de chaque mois lunaire, avec comme requêtes, le bonheur, la paix et la chance pour le pays et leur famille.

Nous avons retrouvé ce relent des temps anciens à la pagode de Bac Biên, mais le charme a un peu diminué à cause de quelques notes des temps modernes : l’autel éclairé par des ampoules électriques à côté des lampes et des cierges, la présence parmi les pèlerins de jeunes en jeans et T-shirt venus en Honda. Il se trouve que cette pagode, dont la première construction remonte à plusieurs siècles, jouxte la maison communale du village dédiée au général Ly Thuong Kiêt (1019-1105). Ce vainqueur des envahisseurs chinois Song était originaire de Thang Long, l’ancien Hanoi. Comme le quartier Thai Hoà avait été réquisitionné pour construire des palais et des temples royaux dont la fameuse pagode au Pilier unique, il avait demandé au roi la faveur de transférer la population sur un îlot au milieu du fleuve Rouge. La colonie prospéra pendant des centaines d’années jusqu’aux bombardements américains de 1972. Les éboulements naturels qui eurent lieu longtemps après furent cause du transfert du village au site actuel sur la rive droite du fleuve Rouge.


Quand les jeunes vont à la pagode
Autrefois, c’étaient surtout des personnes âgées qui allaient à la pagode, au temple ou à la maison communale ou participaient à des fêtes traditionnelles villageoises. De nos jours, les jeunes y viennent en nombre. Nombre d’entre eux pensent en effet qu’aller à la pagode permet de découvrir les grands mérites des génies et des héros du pays, de mieux comprendre l’histoire, d’honorer les ancêtres. Durant le dernier Têt traditionnel, la jeune Minh Tâm, 22 ans, domiciliée dans l’arrondissement de Long Biên, à Hanoi, est allée à la pagode pour demander aux forces occultes qui gouvernent notre destinée de lui accorder chance et prospérité, à elle et toute sa famille. D’après elle, aller à la pagode les premiers jours de la Nouvelle année est une belle coutume des Vietnamiens. La pagode est un lieu de quiétude, où les gens souhaitent de bonnes choses à leurs proches, à leurs amis, ainsi qu’à toute la communauté. Quôc Bao, 35 ans, jeune homme domicilié dans l’arrondissement de Câu Giây, à Hanoi : «Si je rencontre des difficultés, je vais prier et demander de faire en sorte de les atténuer ou de les faire disparaître. Aller à la pagode me permet aussi de me libérer de mes peines, de commémorer les génies du pays, et de penser aux chers disparus de ma famille».


Huu Ngoc/CVN

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