Gaza évalue l'ampleur des dégâts, la diplomatie au chevet de l'après

Des commerçants qui font l'inventaire des pertes, des funérailles organisées dans les rues, mais aussi des cafés rouverts et des pêcheurs de retour en mer : Gaza tente de renouer avec la normalité samedi 22 mai, à l'heure où s'organise l'aide d'urgence et se discute la reconstruction de l'enclave palestinienne, ravagée par 11 jours de conflit avec Israël.

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Un jeune Palestinien au milieu des débris d'un bâtiment détruit par une frappe israélienne dans le nord de la bande de Gaza, le 21 mai.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Là, tout est perdu !", se désespère Waël Amin Al-Shurafa, propriétaire d'une boutique jonchée d'éclats de verre dans le quartier al-Rimal, à Gaza. "J'ai peut-être perdu l'équivalent de 250.000 USD en marchandise. Qui paiera pour tout ça ? Qui ? Qui ?"
Au pied de la Tour al-Shorouk, édifice d'une dizaine d'étages réduit en un tas de débris par des frappes israéliennes, une dizaine de personnes attendent sur des chaises en plastique. Parmi la foule, Aïsha Moussalem, tout de noir vêtue.
"Même si personne de ma famille n'a été tué, je suis en deuil", soupire cette femme qui louait des appartements dans la tour. Une même question revient : qui va reconstruire ? Et quand ?
Environ 6.000 habitants de l'enclave ont perdu leur maison dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza et plus d'un millier d'immeubles ont été endommagés, selon le dernier bilan du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA).
"Aide psycho-sociale"
Samedi 22 mai, les autorités locales ont commencé les distributions de tentes, de matelas et d'aides alimentaires aux populations déplacées, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Les écoles peuvent être reconstruites et les routes aussi, la priorité c'est l'aide psycho-sociale dont vont avoir besoin les habitants de Gaza", estime Sarah Muscroft, la directrice d'OCHA pour les Territoires palestiniens occupés.

Une Palestinienne mange une glace devant un bâtiment dévasté par une frappe israélienne à Gaza, le 22 mai.

Les infrastructures déjà précaires ont aussi été endommagées, notamment les lignes électriques tandis que 800.000 Gazaouis sur les deux millions d'habitants de l'enclave n'avaient "pas d'accès pérenne à l'eau potable", toujours selon OCHA.
Alors que les secouristes déblayaient avec prudence les décombres à la recherche d'éventuels corps, des dizaines de milliers de personnes sont sorties pour assister à des funérailles dans les rues, se prendre en photo devant les édifices pulvérisés, mais aussi se rendre dans les cafés de bord de mer, déjà pris d'assaut vendredi soir 21 mai par les familles.
Des pêcheurs sont eux retournés en mer sans toutefois obtenir le feu vert d'Israël qui impose un blocus terrestre mais aussi maritime sur Gaza depuis près de 15 ans.
"Nous partons en mer mais pas très loin. Nous, les pêcheurs, nous avons peur que les +navy+ israéliens nous tirent dessus (...) Mais bon il faut bien manger", a confié à l'AFP Rami Abou Amira, en préparant ses filets sur le petit port de Gaza. "Si tout va bien, le poisson frais sera de retour au souk demain."
"Victoire"
Des dizaines de camions d'aide internationale ont commencé à affluer dès vendredi par les terminaux de Kerem Shalom, à la frontière avec Israël, et ceux de Rafah, à la frontière égyptienne, selon plusieurs agences onusiennes.
Samedi 22 mai, les autorités locales ont annoncé que les fonctionnaires de Gaza pourraient reprendre leur travail dès dimanche.
En Israël, après deux semaines rythmées par les alertes à la roquette, les rues de Tel-Aviv étaient à nouveau remplies de familles attablées en terrasse et les restrictions de déplacement dans le sud du pays ont été levées.

Des pêcheurs palestiniens préparent des filets avant de partir en mer, à Gaza, le 22 mai.

Les affrontements entre l'armée israélienne et le Hamas, au pouvoir dans l'enclave, ont fait 248 morts palestiniens, dont 66 enfants et des combattants, selon les autorités à Gaza. En Israël, les salves de roquettes tirées de l'enclave ont tué 12 personnes dont un enfant, une adolescente et un soldat, d'après la police.
Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le feu vendredi 21 mai, les deux camps revendiquent la "victoire".

À Gaza, une parade de combattants du Hamas a rassemblé samedi après-midi 22 mai des centaines de participants, a constaté un photographe de l'AFP.
Dans les rues de l'enclave, de larges portraits de combattants sur lesquels on peut lire "Falestine Tantaser" ("la Palestine victorieuse", NDLR) ont fait leur apparition.
"Nous avons atteint les objectifs, c'est un succès exceptionnel", a de son côté affirmé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Rebâtir Gaza
Le cessez-le-feu annoncé jeudi soir 27 mai, à la faveur d'une médiation de l'
Égypte, n'a cependant fixé aucune condition à l'arrêt des combats ni établi de plan pour la reconstruction.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé samedi 22 mai au respect "complet" de cette trêve, selon des sources diplomatiques. Une délégation égyptienne a été reçue à Ramallah par le président de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée Mahmoud Abbas, afin d'en évoquer le suivi. Une autre est attendue en Israël.
L'
Égypte se positionne aussi en médiateur privilégié pour organiser la reconstruction. Son chef de la diplomatie a indiqué avoir reçu un appel de son homologue israélien pour discuter des mesures pour faciliter les opérations.
Le président américain Joe Biden a lui déclaré son intention de mettre en place une aide financière "majeure" pour "reconstruire Gaza" mais sans donner au Hamas -considéré comme "terroriste" par les
États-Unis- "l'opportunité de rebâtir son système d'armement".
M. Biden a aussi réitéré le soutien à la solution à deux
États, la création d'une Palestine indépendante aux côtés d'Israël, la qualifiant de "seule réponse possible" au conflit. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est attendu au Moyen-Orient "dans les prochains jours".

AFP/VNA/CVN

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