France/Valls II : la nomination de Macron fait des vagues

Le président français François Hollande a créé la surprise, voire la colère, avec la nomination dans le deuxième gouvernement Valls mardi 26 août de son ex-conseiller, le banquier Emmanuel Macron, un symbole de la rupture avec les thèses d'Arnaud Montebourg et du cap social-libéral du chef de l'État.

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La nouvelle équipe, qui ne compte que des socialistes - mais pas de "frondeurs" - et trois radicaux de gauche mais pas d'écologistes, est également marquée par la promotion de Najat Vallaud-Belkacem, première femme à assumer le portefeuille de l'Éducation, et Fleur Pellerin à la Culture.

Le Premier ministre Manuel Valls arrive à l'Hôtel Matignon, le 26 août à Paris
Photo : AFP/VNA/CVN


Moins remarqué que le départ très médiatisé de Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti, celui d'un "Hollandais historique", le secrétaire d'État aux Transports, Frédéric Cuvillier, n'en est pas moins une surprise. "Le message des municipales n'a pas été entendu, je souhaite qu'il le soit", a-t-il dit.
La nouvelle équipe compte 33 membres, soit deux de plus que la précédente et se réunira au complet mercredi 27 août à 10h00 à l'Élysée pour son premier Conseil des ministres.
Purgée de son aile gauche, elle aura la lourde tâche de sortir l'exécutif d'une des plus graves crises politiques de la Ve République.
Malgré cette fragilité, Manuel Valls a déclaré sur France 2 qu'il demanderait en septembre ou en octobre à l'Assemblée nationale un vote de confiance "sur un programme de travail", ne doutant pas d'obtenir une majorité.
Voyant dans la nomination d'Emmanuel Macron un chiffon rouge, "les frondeurs" du PS y regarderont à deux fois avant de voter oui.
"Ça sera une décision collective le moment venu", a déclaré l'un d'eux, Christian Paul.
Quant à une éventuelle dissolution, hypothèse parfois avancée à droite, Manuel Valls "ne l'imagine pas". Il s'est dit d'accord pour le débat mais à condition qu'il soit "mené au sein du gouvernement".
Le chef du gouvernement s'est aussi défendu de mener une politique d'austérité. Mais "nous ne pouvons pas vivre au-dessus de nos moyens", a-t-il dit.
L'équilibre hommes/femmes reste inchangé avec 17 hommes et 16 femmes (contre 16 hommes et 15 femmes dans Valls I). La parité est même rigoureusement respectée pour les ministres de plein exercice (8 de chaque sexe).
Principale surprise donc, Emmanuel Macron, qui était aussi le secrétaire général adjoint de l'Élysée jusqu'au printemps, succède à Arnaud Montebourg qui avait provoqué l'implosion du gouvernement après 147 jours d'exercice par ses critiques sur la ligne économique du chef de l'État.
Une majorité parlementaire étriquée

"Une provocation évidente", a pesté le "frondeur" Laurent Baumel. La consécration d'"une politique plus droitière que jamais" pour Pierre Laurent (PCF). "La finance s'étale au pouvoir avec Manuel Valls", a tempêté Martine Billard (Parti de gauche).
Pour Emmanuelle Cosse, numéro un d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), ça "ne va pas dans le sens" d'une "refonte de la politique économique".
C'est "l'officialisation de la domination de la grande finance !", a commenté Florian Philippot, vice-président du FN.
"Enfin un type à l'économie qui sait comment ça marche!", a tweeté, en sens contraire, l'UMP Dominique Dord en remuant le couteau dans la plaie d'une gauche désunie.
Pour Manuel Valls, cette nomination fait partie "des beaux symboles". "Et alors, on peut pas dans ce pays être entrepreneur, banquier, commerçant, artisan ?", a-t-il demandé.
Michel Sapin, que la rumeur donnait seul maître à bord du paquebot de Bercy, reste ministre des Finances sans récupérer le portefeuille de l'Économie.

Emmanuel Macron, nommé ministre de l'Économie, le 26 mars à l'Élysée
Photo : AFP/VNA/CVN


Ex-ministre des Droits de la Femme, Najat Vallaud-Belkacem, connaît à 36 ans une promotion spectaculaire en devenant la première femme ministre de l'Éducation nationale, succédant à Benoît Hamon.
Et Fleur Pellerin, ex-secrétaire d'État au Commerce extérieur, est promue ministre de la Culture en remplacement d'Aurélie Filippetti.
Le gouvernement compte parmi les ministres de plein exercice un nouvel entrant, outre Emmanuel Macron, Patrick Kanner, jusqu'ici président du Conseil général du Nord, nommé ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports.
Après avoir selon lui "obtenu satisfaction" sur le maintien des conseils généraux dans les territoires ruraux "et le respect des accords électoraux" avec le Parti socialiste, Jean-Michel Baylet président du Parti radical de gauche (PRG) avait annoncé le maintien de sa formation au gouvernement. Le PRG garde un ministre et deux secrétaires d'État.
Les écologistes qui avaient claqué la porte du gouvernement Valls I en avril restent encore à la porte. Les conditions n'étaient "pas réunies", avait dit dans l'après-midi le chef de file des sénateurs écologistes, Jean-Vincent Placé, lui-même un temps pressenti.
L'Élysée avait fait savoir que le chef de l'État souhaitait un "gouvernement de clarté" sur la "ligne" fixée par le président Hollande mais aussi sur les "comportements", exigence du chef de l'État depuis le premier gouvernement de Jean-Marc Ayrault.
Moins de cinq mois après la nomination de M. Valls à Matignon, les deux têtes de l'exécutif avaient décidé de trancher dans le vif, lundi 25 août, le désaccord entre la ligne officielle - restaurer la compétitivité du pays en aidant les entreprises et en coupant dans les dépenses publiques - et ceux qui réclamaient "une inflexion majeure" desserrant la contrainte budgétaire.
Le nouvel exécutif devra faire avec une majorité parlementaire étriquée et qui menace de s'effriter dangereusement. L'exécutif a déjà eu à déplorer jusqu'à 41 défections parmi les parlementaires socialistes sur le programme d'économies présenté en avril.

AFP/VNA/CVN

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