Foot : la Chine, un Eldorado en voie de disparition

La pérennité plutôt que des "coups" retentissants : l'ère des transferts somptuaires et des salaires mirobolants dans le Championnat de Chine pourrait toucher à sa fin, précipitée par un plus strict contrôle financier de la Fédération chinoise de football (CFA).

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Le Brésilien Oscar, le joueur vedette du Shanghai SIPG, lors d'un match contre le Jiangsu Suning, le 2 novembre 2020 à Suzhou.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Les dépenses des clubs de Chinese Super League (CSL) sont près de dix fois plus importantes que celles de la K-League sud-coréenne, et trois fois plus conséquentes que celles de la J-League japonaise", a calculé Chen Xuyuan, le président de la CFA.

Ces dernières années, l'arrivée au Shanghai SIPG de l'international brésilien Oscar pour 60 millions d'euros - un record pour un club chinois - ou de l'ancien buteur de Porto Hulk, recruté par le même club pour 55,8 millions d'euros, ont fait de la Chine un Eldorado pour certains footballeurs.

Le montant des salaires versés aux vedettes de la CSL aggrave l'équation financière des clubs : Oscar percevrait plus de 20 millions d'euros annuels et les médias belges faisaient état d'un salaire annuel de 14,5 millions d'euros pour l'ancien "Diable rouge" Marouane Fellaini, débauché début 2019 par le Shandong Luneng.

Mais "les bulles (financières) affectent non seulement le présent, mais aussi le futur du football chinois", avertit Chen Xuyuan, élu à la tête de la fédération chinoise en août 2019. En outre, "notre équipe nationale (75e du classement FIFA, ndlr) est à la traîne."

Tour de vis

Face à ce constat, la Fédération chinois a donné un tour de vis financier. Depuis le 1er janvier, les joueurs étrangers ne peuvent plus toucher plus de trois millions d'euros par an, tandis que la rémunération des joueurs chinois a été plafonnée à environ 630.000 euros annuels.

Selon l'agence de presse officielle Xinhua, les clubs de CSL devront renégocier de nouveaux contrats avec tous leurs joueurs, mais pourront proposer des avenants à ceux dont le salaire annuel dépasse le plafond.

"Le critère de référence ne doit pas être les dépenses mais la pérennité", a résumé pour l'AFP Liu Yi, le secrétaire général de la CFA.

"Désormais, nous visons une meilleure gouvernance, un modèle économique plus durable et un meilleur système de formation afin que les jeunes joueurs se développent et rendent notre sélection plus compétitive", a détaillé le responsable.

L'attaquant brésilien Hulk lors d'un match avec le Shanghai SIPG en Ligue des champions d'Asie contre le Sydney FC, le 19 novembre 2020 à Doha.
Photo : AFP/VNA/CVN

À l'image de Fellaini ou de l'ancien milieu de Barcelone, Paulinho, "quelques grands noms jouent encore en Chine. Mais est-ce que ça a contribué à la progression des joueurs locaux ?", interroge Liu Yi.

Le plafonnement des salaires ne fait qu'accentuer une tendance plus ancienne en faveur de la discipline budgétaire.

En 2017, quelques mois après l'arrivée d'Oscar à Shanghai, la CFA avait déjà imposé une taxe de 100% sur les indemnités de transferts des joueurs étrangers recrutés par des clubs chinois. L'argent récolté a été dirigé vers l'accompagnement des jeunes footballeurs du pays.

"Une Super League frugale"

Les départs ces derniers mois de Hulk, en fin de contrat, ou de l'ancien international italien Graziano Pellè, ont résonné comme autant d'exemples de la fin d'une ère.

Surtout, dès 2018 et le départ précipité du Shanghai Shenhua de Carlos Tevez, après y être devenu le footballeur le mieux payé au monde avec 38 millions d'euros annuels, le modèle a montré ses limites.

Contraints aussi par la pandémie de COVID-19, les clubs chinois n'envisagent plus de dépenser des fortunes en vue de la saison prochaine, qui doit débuter au printemps.

Dans leur viseur se trouvent plutôt des joueurs libres, disponibles pour un prêt ou valorisés à moins de 45 million de yuans (5,6 millions d'euros), le seuil à partir duquel la taxe à 100% s'applique.

Dans le journal Oriental Sports Daily, le chroniqueur Ge Aiping situe le "pic" du championnat chinois en 2015 et 2016.

"La chaîne britannique Sky Sports diffusait le championnat, sa valeur marchande atteignait des niveaux record", se souvient-il. Mais selon lui, "une Super League frugale peut renforcer un meilleur développement" du football chinois.

Et pour les nostalgiques de la splendeur passée, Liu Yi rappelle que le championnat réunit encore des entraîneurs prestigieux, comme Rafael Benitez à Dalian ou Fabio Cannavaro à Guangzhou. Le Français Bruno Genesio, vice-champion de la CSL en 2019 et troisième en 2020, a lui quitté mercredi 6 janvier le banc du Beijing Guoan, où lui a succédé le Croate Slaven Bilic.

AFP/VNA/CVN

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