Festival photo à La Gacilly : avec le Japon, les océans, la culture, "créatrice d'économie"

Dans la morosité touristique ambiante, la petite cité bretonne de La Gacilly, qui présente chaque été un festival photographique en plein air axé cette année sur le Japon et les océans, connaît une affluence record.

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Photos de Paul Nicklen lors du festival de La Gacilly le 6 juillet 2016
Photo : AFP/VNA/CVN

"On est complètement submergés avec environ 50% de fréquentation en plus sur juillet et août par rapport à 2015 (...) Ca ne désemplit pas, que ce soit dans les commerces, les restaurants ou l'hébergement", se réjouit Auguste Coudray, président de ce festival gratuit, "Peuples et nature", qui en est à sa 13e édition.

Ces dernières années, la fréquentation du festival, programmé de début juin à fin septembre, était de l'ordre de 300.000 personnes, selon la mairie de cette commune de 2.200 habitants. "On devrait frôler les 400.000 visiteurs cette année", estime Coudray. "Les restaurateurs connaissent une progression de leur chiffre d'affaires de 20 à 30%", s'étonne encore le président de la manifestation. "Mais c'est vrai aussi pour les autres commerces et l'hébergement!".

"On est ravis : la culture est créatrice d'économie. Sur la commune, grâce au festival, on voit des créations d'emplois. Rien que dans les restaurants, ça représente plusieurs dizaines d'emplois saisonniers. Et ça dure quand même quatre mois", s'exclame Coudray.

Photos de Shiho Fukada lors du festival de photographies en plein air de La Gacilly le 6 juillet 2016.
Photo : AFP/VNA/CVN

Dès l'entrée du village situé à l'intérieur des terres, à une soixantaine de kilomètres de Vannes comme de Rennes, le regard est happé par une série d'immenses photographies placardées sur des pignons ou des façades de maison. Soudainement, le Mont Fuji emplit ainsi le paysage, un effet accentué par des guirlandes de carpes -des manches à air-, comme on en voit au Japon, voletant au-dessus de la rivière, l'Aff.

À travers les ruelles fleuries, sur les berges sauvages de l'Aff ou dans un labyrinthe végétal, se succèdent les expositions, un parcours parsemé de transats ou de bancs pour se reposer quelques instants, se laisser emporter par la réflexion ou tout simplement rêver.

Sur le Japon, les expositions vont des débuts de la photographie, au XIXe siècle, à partir des collections du musée Guimet à Paris notamment - "les derniers samouraïs", la "cérémonie du thé"-, à l'époque moderne -avec Takeyoshi Tanuma et Shoji Ueda- et contemporaine.

Pour cette dernière période, les expositions oscillent entre nature et pression urbaine. "La nature en tant que sujet reste très importante au Japon, plus que dans la photographie européenne". Mais "beaucoup de photographes naviguent entre le monde urbain et naturel", commente Marc Faustel, spécialiste de la photographie japonaise, dans le catalogue de cette édition.

"Ambition culturelle!"

Photos de Takashi Arai lors du festival de La Gacilly le 6 juillet 2016.
Photo : AFP/VNA/CVN

Se révèlent ainsi ces images de foule de Hiromi Tschida, ces dioramas urbains saisissants de Sohei Nishino, ou ces photographies qu'on croirait mises en scène de femmes dans ces sources chaudes en pleine nature de la Française installée au Japon, Lucille Reyboz.

Sans oublier bien sûr l'actualité dramatique de Fukushima et ses effets dévastateurs, à travers le travail de Kazuma Obara, né en 1985, et de Takashi Arai, qui photographie au daguerréotype, bien que né en 1978.

Les océans constituent l'autre grand axe de cette édition 2016. Ce thème est illustré de multiples manières, parfois très proches de l'actualité, comme ce reportage de la photojournaliste japonaise Shiho Fukada sur "les forçats du Bangladesh", ces hommes -20% ont moins de 15 ans- employés dans la déconstruction de gros pétroliers devenus obsolètes.

Le Français Pierre Gleizes présente les conséquences dramatiques de la surpêche ou ces marins chinois et africains scotchés sur de vieux chalutiers hors d'âge ancrés au large des côtes africaines, réservoirs de pièces détachées pour la flotte de pêche chinoise dans la zone.

Le Sud-Coréen Daesung Lee témoigne de la montée des eaux dans le golfe du Bengale, en Inde, quand le Français Olivier Jobard retrace les itinéraires surhumains poursuivis par les migrants sur ces "Mers d'exil" -le titre de son exposition-, en les incarnant à travers des cheminements individuels. Jusqu'au retour au pays natal pour l'un d'eux.

Face à ce festival qui "permet de fédérer une ambition commune au service du développment d'un territoire", Auguste Coudray lance ce conseil à tous les élus : "Ayez de l'ambition culturelle!".


AFP/VNA/CVN

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