Expositions : en Bretagne, un été Mathurin Méheut

Pont-Aven et Lamballe : deux expositions, dont l'une dans un nouveau musée à Lamballe qui lui est dédié, sont consacrées cet été en Bretagne au peintre français Mathurin Méheut (1882-1958), créateur aux multiples facettes et scrupuleux observateur de la nature comme des humains.

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Un visiteur admire une œuvre du peintre français Mathurin Méheut (1882-1958), le 28 juillet à Pont-Aven (Finistère).
Photo : AFP/VNA/CVN

Tour à tour peintre, dessinateur, aquarelliste, sculpteur, créateur de décors, Méheut se veut indépendant de toute école et demeure "inclassable".

"C'est un artiste éclectique qui s'est exprimé dans un large éventail de techniques et de matériaux relevant de courants et de traditions très variés", explique Denis-Michel Boëll, commissaire scientifique de l'exposition au musée de Pont-Aven, vouée au Méheut "Arpenteur de la Bretagne" et présentée jusqu'au 31 décembre.

On y retrouve les grands thèmes chers à l'artiste. D'abord l'étude de la mer, initiée à l'occasion d'un long séjour au laboratoire de biologie marine de Roscoff (Finistère) entre 1910 et 1912, à travers des milliers de croquis, d'aquarelles ou de gouaches d'une grande précision.

Ce séjour nourrira sa première exposition personnelle, en 1913, au musée des Arts décoratifs à Paris, et sera toute sa vie source d'inspiration pour d'autres créations, qu'il s'agisse de céramiques, de gravures, d'illustrations d'ouvrages, de décors d'intérieur ou des arts de la table.

À la manière d'un ethnographe, Méheut porte la même attention au détail quand il s'agit de traduire la société populaire bretonne de son époque, dans les travaux des champs comme dans ceux de la mer mais aussi dans les moments festifs comme les pardons ou les marchés.

Le Mathurin Méheut qui, pendant plus de quatre ans, va témoigner en dessinant la Grande guerre au plus près des hommes depuis les tranchées où il se bat, est également évoqué à Pont-Aven.

Décoration du "Normandie"

À Lamballe, où il est né d'un père menuisier et d'une mère aubergiste, le nouveau musée, installé au sein du haras national, propose un parcours permanent et une exposition temporaire cette année sur le thème des "Paquebots, à la croisée des Arts décoratifs".

Car entre 1923 et 1950, "MM", comme il signe ses œuvres, réalise des décors et des illustrations pour les deux grandes compagnies maritimes françaises de l'époque: les Messageries Maritimes et la Compagnie générale Transatlantique. Pour le prestigieux "Normandie", il signera notamment quatre panneaux, destinés à la salle à manger, sur le thème de la forêt en hiver.

Un coin de l'exposition.
Photo : AFP/VNA/CVN

Malheureusement, la plupart de ses œuvres embarquées ont disparu avec les navires et il n'en reste que des photos, des croquis ou des études, regrette la chargée de communication du musée, Fanny Caullery.

L'ancien musée, dans une magnifique maison à colombages du XVe siècle, était devenu trop étroit. Le nouvel espace permet de plus que quadrupler sa superficie, avec près de 400 m2.

"Au fil des années, les collections se sont enrichies (...) Ici, on peut s'autoriser des oeuvres que nous ne pouvions pas présenter auparavant, par exemple, parce qu'elles étaient trop grandes", dit Mme Caullery.

On peut ainsi y admirer la tapisserie La Mer (5,95 m par 3,50 m), réalisée par la Manufacture des Gobelins, à la suite d'une commande passée en 1939 à Méheut avec, pour sujet imposé, une "allégorie de la vie marine". Face à la tapisserie, le carton à taille réelle dessiné par l'artiste.

On y découvre également des éditions rares, comme ce Regarde de 1929, illustré par le peintre et accompagné d'un texte de Colette, pour inciter les enfants à découvrir les algues et les animaux des bords de mer.

Souvent assigné à la Bretagne, Méheut a aussi peint l'ailleurs, toujours avec le même trait incisif, qu'il s'agisse du Japon d'où il rentrera au moment de la mobilisation de la Première Guerre mondiale, de la Provence où il fera construire une maison, ou encore de son imaginaire, comme ces Femmes pagures nées d'un bernard l'hermite.

Extrêmement prolifique, Mathurin Méheut est nommé peintre de la Marine en 1921, une marque de reconnaissance très prisée par le monde artistique. Très attaché au monde maritime, il ne remplira pourtant aucune mission pour la Marine et n'embarquera à bord d'aucun de ses navires.


AFP/VNA/CVN

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