Expo sur la culture du bétel et de l’arec

Pour la première fois, Hanoi accueille une exposition sur la culture du bétel et de la noix d’arec, co-organisée par les Musées de l’histoire nationale, de l’ethnographie du Vietnam, des femmes vietnamiennes et par le collectionneur Nguyên Trung Thành.

 

Inauguration de l’exposition sur la culture du bétel et de la noix d’arec du Vietnam, fin octobre à Hanoi.


Cette expo thématique, intitulée Van hoa trâu cau Viêt Nam (la culture vietnamienne du bétel et de l’arec), vient d’ouvrir ses portes au Musée de l’histoire nationale du Vietnam, au 1 rue Tràng Tiên, Hanoi, pour tout savoir sur cette coutume de mastiquer du bétel, perpétuée depuis des siècles.
Cette coutume serait apparue au Vietnam du temps des rois Hùng (fondateurs du pays). Associée à la légende La chique de Bétel, elle s’est popularisée dans toutes les couches sociales au fil de l’histoire. Que l’on soit riche ou pauvre, simple paysan ou mandarin à la cour, on se plaisait - et on se plait encore aujourd’hui - à la mâcher, au point de devenir un trait traditionnel du peuple vietnamien.
Chiquer du bétel pour débuter la conversation
La chique de bétel marque le début de la conversation” - un adage qu’il n’est pas rare d’entendre de la bouche des Vietnamiens. Mais où l’histoire de la chique de bétel débute-t-elle ? La réponse est des plus simples : prenez une feuille de bétel, enduisez-la d’un petit peu de chaux, enroulez-la en lui donnant la forme d’ailes de phénix et, enfin, assaisonnez le tout à l’aide d’un morceau de noix d’arec frais ou séché, ainsi que d’une mince tranche d’écorce amère. Voilà, vous avez devant vous une chique de bétel !

Autrefois, les chiques de bétel en forme d’ailes de phénix servaient à entamer la conversation.


Une recette simple certes, mais qui a accompagné la nation vietnamienne tout au long de son histoire. Elle est en effet indispensable dans plusieurs rites traditionnels comme deuils, mariage et fêtes. Les cadeaux de fiançailles ne seraient d’ailleurs rien sans bétel, noix d’arec et feuilles d’un vert intense en forme de cœur, étalés sur un des plateaux prévus à cet effet et offerts par la famille du marié à celle de la mariée le jour des noces pour symboliser l’amour éternel.
Pour rappeler l’ensemble des valeurs que cette culture véhicule, les Musées de l’histoire nationale, de l’ethnographie, des femmes vietnamiennes ont donc monté cette exposition, en partenariat avec le collectionneur Nguyên Trung Thành, originaire de la province de Hai Duong. La centaine d’objets présentés, parmi lesquels pots à chaux, mortiers-pilons à bétel, pastels, boîtes, cylindres-limes, cuillères, etc., faits en céramique, en métal - précieux ou non - aideront les visiteurs à mieux comprendre cette coutume séculaire. Gageons que cette expo contribuera à protéger et valoriser une belle singularité culturelle du peuple vietnamien, qui aujourd’hui tend à se perdre peu à peu, modernité oblige.
Les objets et accessoires réunis pour cette manifestation sont faits à partir de divers matériaux (jade, céramique, bronze, pierres précieuses, argent, tissu, brocatelle, rotin...) et sont tous plus splendides les uns que les autres, couvrant toutes les périodes de l’histoire que cette coutume a traversées, de la dynastie des Ly (1010-1225) à aujourd’hui. Illustration avec les pots à chaux. Pour cela, il faut bien comprendre qu’autrefois, ils étaient apparentés à un génie, la chaux étant considérée à cette époque par les paysans comme un prophylactique. Les femmes mastiquaient la chique de bétel accompagnée de chaux. Cette dernière a la propriété de tuer les insectes phytophages, et de préserver le foyer des esprits malfaisants. On l’appelle respectueusement «Monsieur pot à chaux».
Préserver ce riche héritage
Les Kinh bien sûr, mais aussi d’autres ethnies du Vietnam comme Tày, Nùng, Dao, Thai, Muong, San Diu... vivant dans les provinces septentrionales et le long de la cordillère Truong Son, au Tây Nguyên, sur les hauts plateaux du Centre comme Khomu, Bru, êdê, Cham, Khmer... pratiquent cette coutume, en ayant développé quelques particularités en fonction de leur environnement de vie et des traits culturels de chacune.

Le bétel et la noix d’arec sont toujours indispensables lors des fiançailles, symbolisant l’amour conjugal éternel.


Cela étant dit, mâcher du bétel se perd peu à peu aujourd’hui. Seules les personnes âgées des régions rurales y sont encore réellement attachées. Néanmoins, le bétel et la noix d’arec sont toujours indispensables lors des rites, fêtes traditionnelles et des noces. Une coutume qui est également encore bien ancrée dans la culture folklorique, les airs et chansons populaires - notamment le quan ho (chants alternés) -, la poésie et le cinéma d’aujourd’hui.
Les valeurs qu’elle véhicule sont aussi belles que précieuses et sont à préserver. Le Vietnam et les Vietnamiens, sous prétexte de modernité, ne doivent pas délaisser ce riche héritage. Il en va d’une partie de l’âme de notre pays.
Fin de l’exposition : janvier 2013.

Diêu An/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

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