En Slovaquie, Saint-Pierre de Rome en glace, étape touristique vers le ciel

On retient son souffle pour admirer la beauté des reflets de toutes les couleurs illuminant le temple. L’air est très froid dans cette Basilique Saint-Pierre de Rome miniature faite de blocs de glace, au cœur des monts enneigés slovaques. Visite.

>>La Basilique Saint-Pierre de Rome se dévoile avec un puissant éclairage

Les touristes en traîneau devant les temples de glace des Tatras à Hrebienok, en Slovaquie.
Photo: AFP/VNA/CVN

 

La bâtisse tient debout, sans une brique, sans ciment ni bois ni matériaux traditionnels de construction dans la région des Hautes Tatras (Nord de la Slovaquie). À une altitude de 1.285 m, le temple de glace aux murs transparents est l’édifice religieux le plus proche du ciel parmi les plus de 4.100 églises que compte ce pays à majorité catholique.

Chaque hiver depuis 2013, des sculpteurs affluent dans le petit hameau de Hrebienok pour recréer des églises dans des blocs de glace, financées par l’Office du tourisme régional, par le ministère des Transports et de la Construction et par des partenaires, pour un montant total non divulgué.

L’an dernier, quelque 250.000 visiteurs avaient pu admirer une réplique de la Sagrada Familia de Barcelone, l’œuvre célèbre inachevée de l’architecte Antoni Gaudi.

Cette année, 16 sculpteurs slovaques, polonais, gallois et américains ont reconstitué en modèle réduit de 11 m de haut la Basilique Saint-Pierre de Rome, avec sa fameuse colonnade de Bernini. Il leur a fallu un mois de travail, à raison de 12 heures par jour.

Glace cristalline

"Je suis heureux de voir des gens faire le signe de croix et prier à l’intérieur", partage le Slovaque Adam Bakos, chef de cette équipe multinationale.

Bien qu’elle n’ait jamais été consacrée, pour Zlatica Janakova, une visiteuse du Sud du pays, Saint-Pierre de glace est une vraie église. "C’est si bon pour l’âme, l’endroit procure un sentiment de tranquillité d’esprit", assure-t-elle tout bas, contemplant le paysage grandiose.

"L’endroit est magnifique, tellement tranquille et paisible", renchérit Martin, un touriste britannique. L’entrée est gratuite. Tout comme les concerts de musique sacrée qui font vibrer le lieu chaque dimanche.

Une touriste visite la réplique miniature en glace de la Basilique Saint-Pierre de Rome, en Slovaquie.

À l’intérieur du temple de glace, des sculptures inspirées d’œuvres de maîtres italiens côtoient des animaux des Hautes Tatras, tels que les chamois et les marmottes. Un verrier d’origine gréco-slovaque, Achilleas Sdoukos, a dessiné et fabriqué des vitraux intégrés aux murs glacés du temple. Les matériaux de construction, à savoir 1.880 blocs de glace cristalline pesant 225 tonnes au total, ont été importés de la Pologne toute proche.

"Nous avons essayé différents fournisseurs en provenance des Pays-Bas, d’Angleterre, de Norvège et de Hongrie, mais la glace polonaise semble être de meilleure qualité. Elle ressemble vraiment à du verre, à condition d’être suffisamment refroidie", explique Rastislav Kromka, directeur technique du projet.

Mariage glacé durable  

Alors qu’un hiver exception-nellement chaud menaçait de faire fondre une partie de leur œuvre, M. Bakos et son équipe l’ont protégée en la mettant sous cloche grâce à l’installation d’un dôme géodésique d’un diamètre de 25 m et au recours à des unités de réfrigération. Objectif: garantir une température de moins de 10°C.

"J’avais dix camions de glace à disposition et il ne fallait pas gâcher le matériel, donc il a fallu calculer le moindre détail pour faire tenir le temple de glace sous un dôme de 25 m de diamètre", souligne-t-il. "Le vent froid soufflait du climatiseur dans nos visages toute la journée. C’était comme une balade en hélicoptère en janvier. Une fois le travail terminé, je ne voulais même plus ouvrir le congélateur à la maison", plaisante M. Bakos.

Plus de 15 charpentiers ont aidé les sculpteurs à empiler la glace, chaque bloc pesant 125 kg. "Il nous a fallu plus de temps pour empiler les blocs que pour les sculpter", raconte M. Bakos, ajoutant que la glace était fragile et difficile à sculpter. Si un fragment se détache, on peut utiliser de l’eau pour le recoller.

Ouvert de novembre à la fin avril chaque année, le temple de glace est en train de devenir un lieu de choix pour les mariages (civils). "Ici (...) nous sommes probablement au plus proche de notre moi spirituel et de nos religions respectives", partage Veronika Littvova, responsable du tourisme dans la région des Hautes Tatras, dont la majeure partie est un parc national vierge et protégé. Elle se dit convaincue que les mariages célébrés dans un temple de glace débouchent sur des unions heureuses durables. "Grâce à cette énorme masse de glace, je crois que les mariages contractés ici seront préservés et dureront éternellement..."

Quand vient la saison douce, les systèmes de réfrigération sont coupés, le dôme est démonté, la structure de glace démantelée. Et, les derniers résidus fondent, à même le sol.


AFP/VNA/CVN

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