Pétrole
En pleine crise du coronavirus, l'OPEP tente d'arrêter la chute des prix

Les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et leurs partenaires vont tenter les 5 et 6 mars à Vienne d'enrayer le plongeon des cours de l'or noir face à l'épidémie de nouveau coronavirus qui plombe la demande mondiale de brut.

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Une raffinerie à Shuaiba, en Irak

Les ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) emmenés par l'Arabie saoudite et leurs dix alliés de l'OPEP+, dont la Russie, se sont quittés début décembre en actant une baisse de leur production de 500.000 barils par jour, à laquelle vient s'ajouter une contribution "volontaire" de 400.000 barils de Ryad. Cela s'additionne aux 1,2 million décidés fin 2016 et reconduits depuis.

Ces efforts ont brièvement fait rebondir le cours du brut, avant que l'épidémie de coronavirus ne le refasse piquer du nez. Les deux cours de référence, le Brent pour l'Europe et le WTI pour les États-Unis, ont ainsi perdu autour de 30% depuis un pic début janvier : ils sont tombés brièvement dans la nuit de dimanche 1er mars à lundi 2 mars au plus bas depuis plus d’un an, respectivement sous 50 et 45 USD le baril.

Réuni en session "extraordinaire" dès le début du mois de février, le Comité technique conjoint (JTC) de l'OPEP + avait recommandé une coupe supplémentaire de la production de 600.000 barils par jour afin de contrer "l'épidémie de coronavirus en Chine et son incidence potentielle sur le marché" pétrolier, selon un tweet de l'organisation.

Mais pour Craig Erlam, analyste chez Oanda, "ce ne sera pas suffisant". La Chine, très gourmande en or noir, est toujours enlisée dans une vaste crise sanitaire, et le virus se propage désormais hors de ses frontières. Jeudi 27 février, le Financial Times rapportait que l'Arabie saoudite souhaitait porter l'effort commun supplémentaire à un million de barils par jour.

"Double message" russe

La réussite du sommet, qualifié d'"extraordinaire" puisque se tenant seulement trois mois après le précédent (contre le double habituellement) repose sur l'entente entre le poids lourd du cartel, l'Arabie saoudite, et son principal allié via l'accord OPEP+, la Russie, dont les responsables soufflent le chaud et le froid. Jeudi 27 février, le ministre de l'Énergie, Alexandre Novak, a déclaré aux agences de presse russes sa volonté de "coopérer davantage (...) dans le cadre des relations multilatérales de l'OPEP+".

Le ministre russe de l'Énergie, Alexandre Novak (à gauche sur le grand écran), lors d'une réunion de l'OPEP à Vienne.

Mais dimanche 1er mars, le président Vladimir Poutine, cité également par des agences russes, a estimé que "le niveau actuel des prix du pétrole est acceptable" car toujours au-dessus des "42,4 dollars le baril de Brent utilisés comme niveau de base (ndlr : pour calculer le budget) dans le cadre de notre politique macroéconomique". Or Ryad et son ministre de l'Énergie, Abdel Aziz ben Salmane, demi-frère du puissant prince héritier Mohammed ben Salmane, tablent plutôt sur le double, explique Bjarne Schieldrop, de SEB. C'est un "double message" qu'envoie la Russie à ses partenaires et au marché, même si elle "voit clairement que la demande souffre de l'épidémie, sans savoir précisément à quel point et pour combien de temps", selon lui.

Étau

Chaque ralentissement de la croissance mondiale pénalise la demande en brut et accentue le surplus du marché de l'or noir. Or, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a ramené lundi 2 mars sa prévision planétaire pour 2020 de 2,9% à 2,4%. L'Agence internationale de l'énergie a révisé en baisse ses attentes concernant la croissance de la demande de brut pour 2020, attendue désormais à 825.000 barils par jour, au plus bas depuis 2011, sous l'effet des conséquences "significatives" du coronavirus.

Ce déséquilibre entre une demande qui s'affaisse et une offre toujours pléthorique est encouragé par des pays non membres du cartel comme les États-Unis, premiers producteurs mondiaux qui pompent à un niveau record, suivis par le Brésil, la Norvège ou encore le Guyana.

Il pèse sur les prix et resserre l'étau dans lequel est pris l'OPEP, qui n’a devant elle que des solutions imparfaites. Une coupe franche soutiendrait les prix, mais elle réduirait d'autant sa part de marché; et une coupe plus timorée pourrait rassurer le marché seulement "un jour ou deux", estime Robert Yawger, de Mizuho. Le ministère autrichien des Affaires étrangères a indiqué avoir rappelé au cartel les recommandations sanitaires en cas de réunion à caractère international, et notamment la possibilité d'un report.


AFP/VNA/CVN

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