En Irak et Syrie, la coalition antijihadiste en pleine mue

Forte d'écrasantes victoires militaires contre le groupe État islamique (EI) en Irak et en Syrie, de Mossoul à Raqa, la coalition internationale menée par les États-Unis réduit la voilure sur le terrain et se concentre désormais sur des missions de "stabilisation" pour éviter toute réémergence.

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Des immeubles détruits à Mossoul, le 8 janvier en Irak.
Photo : AFP/VNA/CVN

Après trois ans d'efforts pour anéantir le "califat" de l'EI, la mission "va évoluer et passer d'une approche de saisie de territoire à une approche de stabilisation", indiquait récemment le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis. Objectif : parfaire la formation des services de sécurité irakiens qui doivent notamment déminer le nord du pays et aider à la création de services de sécurité professionnels dans l'est de la Syrie, afin d'éviter l'apparition de ce que M. Mattis appelle, en désignant l'EI par son acronyme anglais, un "ISIS 2.0".

Mise sur pied en octobre 2014 par les États-Unis alors que l'expansion territoriale de l'EI menaçait Bagdad, la coalition rassemblait 50 pays. Aujourd'hui, elle en compte 74, plus des organisations internationales comme Interpol et l'OTAN.

Pendant trois ans, la coalition --Washington largement en tête-- a bombardé quotidiennement les zones contrôlées par l'EI, qui a perdu plus de 98% de son territoire, tandis que des commandos des forces spéciales américaines, mais aussi françaises, canadiennes ou britanniques, apportaient un soutien militaire et logistique à l'armée irakienne ou aux Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de milices kurdes et de combattants arabes.

Ces victoires militaires ont amené plusieurs pays à alléger leur déploiement en Syrie et en Irak. Dès la fin novembre, les États-Unis, qui ont déployé 2.000 soldats en Syrie et plus de 5.000 en Irak, annonçaient le retrait de 400 marines de Syrie. Dans le même temps, Washington envoyait 3.000 soldats en renfort en Afghanistan, ou le conflit est entré dans la 17e année.

Le secrétaire américain à la Défense James Mattis, le 28 novembre 2017 à Washington.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'Australie a annoncé en décembre la fin de sa campagne de frappes aériennes et le rappel des six avions de combat F/A-18 Hornet qui participaient depuis trois ans à ces missions.

D'après le Times, la Grande-Bretagne, qui a également entamé une réduction de son dispositif au Levant, pourrait redéployer certains de ses drones et hélicoptères au Sahel, en soutien des opérations antijihadistes françaises.

La France, elle, a récemment retiré deux de ses douze avions de chasse Rafale stationnés dans la région, et s'apprête à retirer prochainement son artillerie déployée en Irak, indique-t-on de source militaire.

Renseignement et formation

Toutefois, Washington comme Paris et d'autres promettent de poursuivre leurs efforts pour limiter les possibilités de réorganisation de l'EI, via du renseignement, de la surveillance et la formation des forces de sécurité locales.

"Idéalement, on aura plusieurs partenaires assumant divers aspects de la mission de stabilisation en fonction de leurs compétences", explique Nicholas Heras, du Center for a New American Security, citant notamment l'Italie, qui aide les FDS à former une gendarmerie à Raqa sur le modèle de ses "carabinieri".

De leur côté, les États-Unis "apportent un bouclier aux partenaires de la coalition" avec leurs importants moyens militaires, ajoute-t-il.

Bombardements de la coalition internationale menée par les Etats-Unis, le 9 juillet 2017 sur des positions de l'EI à Mossoul, en Irak.
Photo : AFP/VNA/CVN

Car même défait territorialement, l'EI demeure aussi une menace majeure à travers ses réseaux dormants et regagnera du terrain si le processus de paix échoue, avertissent les services de sécurité occidentaux.

"Les conditions d'un retour de Daesh (acronyme de l'EI en arabe) sont toujours là, et ce n'est que grâce à la coalition et aux efforts de la communauté internationale que sa défaite peut devenir permanente", a noté le général américain Paul Funk, le commandant de la coalition, dans son message du Nouvel An.

"On se rappelle les années 2000 où les Américains ont combattu Al Qaïda, qui s'est ensuite transformé en Daech. On se méfie énormément de ce en quoi Daech pourrait muter, si l'attention n'est pas soutenue", renchérit une source gouvernementale française.

Signe que Washington partage ces inquiétudes, le Pentagone a fait savoir le mois dernier que les États-Unis maintiendraient une présence militaire en Syrie "aussi longtemps que nécessaire".

Une fois les efforts de stabilisation achevés, la prochaine étape pour la coalition sera la reconstruction de la Syrie, un processus que les États-Unis conditionnent aux pourparlers de paix sous l'égide de l'ONU à Genève et au départ du président syrien Bachar al-Assad.

AFP/VNA/CVN

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