En Inde, l'audacieux pari de l'énergie solaire

Bien qu'elle ne réside qu'à un jet de pierre d'une centrale thermique qui se dresse dans la campagne indienne, Aparna Singh ne jure plus que par le panneau solaire qu'elle a installé sur son toit.

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Le toit de la centrale solaire photovoltaïque d’Amritsar en Inde.
Photo: AFP/VNA/CVN

"Il joue vraiment un rôle vital dans nos vies car en Uttar Pradesh (région pauvre du Nord de l’Inde, ndlr), l'électricité est erratique. Parfois nous ne l'avons que dix heures par jour, parfois pendant deux mois le transformateur attend d'être réparé", explique cette dynamique professeure d'anglais, tout juste rentrée de l'école et encore vêtue de son sari-uniforme.

Dans son fruste logement de briques, les 80 watts fournis par le soleil lui permettent d'allumer la nuit les ampoules des trois pièces qu'elle habite avec son mari et leur fils adolescent, de faire tourner des ventilateurs et charger leurs téléphones portables, même lors des coupures de courant.

Sur les toits d'immeubles, sur les trains, dans les champs, les panneaux solaires fleurissent à travers toute l'Inde. Une transition énergétique mise en lumière par le Sommet de l'Alliance solaire internationale tenu en mars à New Delhi, qu’ont coprésidé le Premier ministre indien Narendra Modi et le président français Emmanuel Macron.

Troisième pollueur de la planète, avec 4% des émissions, l'Inde est engagée dans un vaste effort de développement des énergies renouvelables. New Delhi a promis à la COP21 (21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) de réduire l'intensité carbone de son PIB de 35% d'ici 2030 par rapport à 2005.

Le géant démographique d'Asie du Sud doit jongler entre ses besoins de croissance gigantesques et sa lutte contre l'empreinte de l'homme sur la planète, perceptible dans la terrible pollution atmosphérique qui frappe les villes indiennes et la menace que le réchauffement climatique fait peser sur ses terres agricoles.

Réfrigérateur ou télé?

Grâce notamment à la chute du coût des panneaux photovoltaïques, le solaire y progresse à la vitesse de la lumière. Un engouement porté aussi bien par le secteur privé que par l'action publique. Ainsi la start-up Simpa, qui a fourni son kit solaire à Aparna et sa famille, a équipé en quelques années 100.000 personnes qui n'ont pas, ou mal, accès à l'électricité. Ses clients, des populations rurales ou de petites échoppes, peuvent s'équiper via un petit prêt, remboursable en modestes mensualités.

Pour lutter contre son image de gros pollueur, l’Inde a décidé de miser sur le développement de l’énergie solaire.
Photo: AFP/VNA/CVN

"Aujourd'hui, le solaire est à parité, et même en-dessous des tarifs de l'énergie thermique. Donc c'est intéressant pour le gouvernement indien de développer cette énergie, ainsi que l'éolien d'ailleurs", explique Philippe Serres, responsable d’Asie du Sud de l'agence française Proparco, qui a pris une participation dans cette entreprise.

Pour atténuer la dépendance du pays au charbon, le nationaliste hindou Narendra Modi a fixé un objectif très ambitieux: multiplier la production solaire par 25 en sept ans, pour la porter à 100 gigawatts (GW) en 2022. L'Inde a d'ores et déjà installé pour près de 20 GW et table sur une croissance exponentielle au cours des années à venir. New Delhi vise à produire 40% de son électricité à partir d'énergies renouvelables à l'horizon 2030. Le charbon, particulièrement polluant, resterait cependant la première source d'énergie du pays.

"La capacité additionnelle installée d'année en année est aujourd'hui tirée par le renouvelable, et notamment le solaire. Donc le charbon croît mais moins que le solaire", précise M. Serres. Pour son équipement, Aparna Singh a déboursé au total l'équivalent de 270 euros, remboursés sur un an. Grâce à cette source d'électricité, elle réfléchit désormais, avec son époux, à l'éventuel achat d'un réfrigérateur ou d'une télévision.

En tout cas, "mon fils ne peut maintenant plus prétexter le manque de lumière, il est obligé d'étudier!", s'esclaffe cette institutrice.


AFP/VNA/CVN

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