Élections en RDC: après trois reports, enfin le vote

Historiques ou chaotiques? Après deux ans de retard et trois reports, les élections ont enfin commencé dimanche 30 décembre en République démocratique du Congo pour désigner le successeur du président Joseph Kabila.

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Un agent électoral attend les électeurs dans un bureau de vote de Goma, dans l'est de la RD Congo, le 30 décembre.

"Je sens comme une libération. Je me sens libéré, dégagé", a déclaré Victor Balibwa, fonctionnaire de 53 ans, un des premiers électeurs à déposer son bulletin de vote à Lubumbashi.

Dans la capitale minière comme dans tout l'Est du pays, les opérations de vote ont commencé à partir de 06h00 (04h00 GMT).

Le vote a commencé une heure plus tard (05h00 GMT) dans l'Ouest et Kinshasa, capitale du plus grand pays d'Afrique sub-saharienne qui s'étend sur deux fuseaux horaires.

"Ça m'excite de voter, de pouvoir enfin choisir. C'est mon premier vote!" s'exclame Rachel, 18 ans, étudiante à Goma, dans ce pays où la majorité des 80 millions d'habitants ont moins de 25 ans.

"Je suis heureux d'avoir fait le bon choix!" ajoute avec un large sourire Jean-Chrisotome, étudiant en médecine et agent électoral dans un bureau de vote à Goma, fief de l'opposition.

Des bureaux ont ouvert avec retard à Goma et ailleurs, ont constaté des équipes de l'AFP. Les problèmes sont souvent dus aux "machines à voter": derniers réglages, introduction du mot de passe, public peu habitué...

La "machine à voter" est un écran tactile qui permet à l'électeur d'imprimer son bulletin de vote et de le glisser dans l'urne. L'opposition dénonce une "machine à tricher".

Au total, 21 candidats - dont la plupart n'ont même pas fait campagne - se présentent à ce scrutin à un seul tour, dont l'enjeu est historique: désigner le successeur d'un président sortant pour une première transmission pacifique du pouvoir.

Trois favoris

RDCongo: principaux candidats à la présidentielle.
Photo: AFP/VNA/CVN

Le président Kabila a renoncé à briguer par la force un troisième mandat interdit par la Constitution. Sa décision est intervenue avec du retard, puisque les élections ont été reportées trois fois depuis la fin de son second mandat il y a deux ans en décembre 2016.

À Kinshasa, le candidat de la majorité et "dauphin" du président Kabila, l'ex-ministre de l'Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary, devait voter dès l'ouverture des bureaux dans le quartier huppé de la Gombe.

Il sera suivi par un des deux principaux candidats de l'opposition, Martin Fayulu, qui voulait accomplir son devoir électoral avant d'aller à la messe. L'autre grand candidat de l'opposition, Félix Tshisekedi, devait voter plus tard dans la journée.

Les 40 millions d'électeurs enregistrés peuvent voter jusqu'à 17h00 (15h00 GMT dans l'Est et 16h00 GMT à Kinshasa). Les résultats provisoires seront annoncés le 6 janvier, avant d'inévitables contentieux devant la Cour constitutionnelle.

Des sondages donnent le "dauphin" perdant et prédisent la victoire de M. Fayulu.

Des élections législatives et provinciales ont lieu en même temps que la présidentielle.

Pour ces élections, Kinshasa a refusé toute aide logistique des Nations unies, présentes depuis 20 ans au Congo, de même que toute mission d'observation occidentale.

Quant au représentant de l'UE en RDC, il a pris l'avion pour Bruxelles samedi soir, après avoir été sommé de quitter le pays jeudi 27 décembre par les autorités.

Pour le jour du vote, le pouvoir a annoncé la fermeture de ses frontières terrestres, lacustres et fluviales avec ses neuf voisins, de Brazzaville à l'Angola en passant par le Rwanda.

En revanche, Internet n'était pas coupé dimanche matin 30 décembre, contrairement à ce qui se passe lors des journées de fortes tensions.

La campagne a été rattrapée par la violence, avec une dizaine de morts selon une association de défense des droits de l'homme, ce que nie le pouvoir.

Samedi soir 29 décembre, les deux candidats de l'opposition ont refusé de signer un document destiné à prévenir les violences post-électorales, en claquant la porte d'une médiation conduite par des observateurs africains.

La RDC reste un des pays les plus instables du continent, avec des centaines de groupes armés encore actifs dans l'Est.

Leurs exactions menacent les civils, à commencer par les femmes violées et soignées dans la clinique du gynécologue Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018.

Des centaines de milliers de réfugiés et de déplacés internes ne pourront pas voter après avoir fui les conflits civils au Kasaï (Centre), Tanganyika, Ituri... Les ONG affirment nourrir des millions de Congolais.

Depuis des mois, la capitale de toutes les douleurs se trouve à Beni, dans le Nord-Kivu, victime des massacres de civils attribués aux milices des ADF et d'une épidémie d'Ebola.

Les élections ont d'ailleurs été reportées à Beni et dans la ville voisine de Butembo, de même qu'à Yumbi (Ouest) théâtre de très récentes violences communautaires. Bilan: plus de 1,2 million d'électeurs en moins sur 40 millions d'inscrits.

L'opposition accuse le pouvoir de mettre à l'écart ses bastions anti-Kabila.

AFP/VNA/CVN

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