Élections américaines: les "Moms" mobilisées contre les armes

Tracts sous le bras, Dawnee Giammittorio, militante contre les armes à feu depuis la mort par balle de sa belle-soeur, arpente les rues d'un quartier résidentiel de Sterling dans l'espoir de faire "basculer le rapport de force" au Congrès lors des élections de mi-mandat.

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Dawnee Giammittorio et Karen Vaught, militantes contre les armes à feu, le 21 octobre 2018, à Sterling (Virginie).

Dans cette ville de l'État de Virginie, traditionnellement conservateur, mais qui se colore démocrate à mesure qu'il s'urbanise et se diversifie, la question des violences armées prend une dimension particulière, notamment car y siège la National Rifle Association (NRA), puissant lobby des armes aux États-Unis.

Les "Moms demand action" ("Les mamans exigent des actes"), dont fait partie Dawnee, se regroupent les weekends et partent deux par deux rencontrer les électeurs, afin qu'à l'indignation suscitée par les fusillades endeuillant fréquemment le pays ne succède pas l'inaction.

Les armes à feu tuent chaque jour plus de 90 personnes dans le pays. Deux tiers sont des suicides. Mais comme des milliers d'autres "Moms", reconnaissables à leur tee-shirt rouge, Dawnee, 56 ans, compte sur le verdict des urnes.

"Si nous voulons que le Congrès change quelque chose, nous devons en changer les membres", affirme-t-elle, le regard décidé derrière ses lunettes aux montures noires. Elle se défend de vouloir remettre en cause le fameux deuxième amendement de la Constitution sur le droit à détenir une arme, mais promeut des restrictions "de bon sens". Comme les 3.000 candidats soutenus par son organisation.

Millions investis 

Dawnee a quitté ce matin sa ville voisine d'Alexandria pour faire du porte-à-porte dans un district où s'affrontent l'actuelle représentante républicaine Barbara Comstock, notée "A" par la NRA --la meilleure note possible--, et la démocrate Jennifer Wexton, qui veut interdire les fusils d'assaut et renforcer les vérifications des antécédents judiciaires et psychiatriques pour tout acquéreur d'arme.

Leur affrontement, à l'image de beaucoup d'autres duels, est nourri par un déversement de dollars des deux camps. Mme Comstock est la cible d'un spot publicitaire de Gabby Giffords, une ancienne élue grièvement blessée par balle en 2011.

"Fusillade après fusillade, Barbara Comstock a déçu. Elle reçoit des milliers (de dollars) de la NRA", accuse-t-elle dans cette vidéo diffusée à la télévision locale.

Le premier lobby des armes a dépensé près de 140.000 dollars pour Mme Comstock depuis son élection au Congrès en 2014, selon le Center for Responsive Politics. Sollicitée, la NRA n'a pas répondu à une demande de commentaire.

Sa rivale démocrate Mme Wexton est elle soutenue par Everytown for Gun Safety, organisation liée aux "Moms" et financée par le milliardaire et ancien maire de New York Michael Bloomberg. Everytown compte dépenser 20 millions de dollars pour des candidats favorables à une limitation des armes dans des scrutins clés.

À son modeste niveau, Dawnee contribue à l'effort, même si, sur la quarantaine de portes auxquelles elle frappe dans cette commune en périphérie de Washington, l'accueil n'est pas toujours chaleureux.

Les failles permettant de contourner la législation sur l'achat des armes "n'existent pas", soutient abruptement un homme sur son seuil. Il se qualifie de "républicain sans préjugé" et dit détenir une arme pour "chasser".

Inlassablement, Dawnee essaie de le convaincre en lui dévoilant son histoire personnelle. Sa belle-soeur était simplement allée répondre à sa porte, relate-t-elle, quand un déséquilibré l'a prise pour cible, sans raison apparente.

"J'ai réalisé à quel point les lois américaines sont laxistes", confie-t-elle aujourd'hui. "Les lois ne sont pas conçues pour tenir les armes loin des gens".

 Pression sur les candidats 

Dawnee Giammittorio, 56 ans, militante contre les armes à feu, le 21 octobre 2018, à Sterling (Viriginie).

À ses côtés, Elizabeth Coppage, responsable des "Moms" pour le comté incluant Sterling, affiche son optimisme. "Nous avons une chance de faire basculer ce comté", soutient-elle.

La quadragénaire, battant le pavé avec sa fille, s'est engagée en 2012, révulsée par le massacre de Sandy Hook, une école primaire du Connecticut où un tireur a tué 26 personnes, dont 20 enfants.

Malgré le traumatisme national à l'époque, peu a été fait depuis au niveau fédéral pour encadrer plus strictement les armes à feu. Le débat a été ravivé après une tuerie en février dans un lycée de Parkland, en Floride. Des élèves survivants ont mobilisé deux mois plus tard plus d'un million de personnes à travers tous les États-Unis, avec une manifestation géante à Washington baptisée "March for Our Lives" (Marchons pour nos vies).

"Il y a dorénavant une plus grande pression sur les candidats, dans beaucoup d'endroits, pour s'attaquer au problème", souligne à l'AFP le professeur de sciences politiques Robert Spitzer, expert de la question des armes.

Ce thème arrive en troisième position des préoccupations des électeurs, après l'assurance santé et l'économie, selon une récente étude de la Kaiser Family Foundation.

AFP/VNA/CVN

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