Éducation : pour que les ethnies minoritaires rattrapent leur retard

Par rapport au reste du pays, les régions montagneuses peuplées d’ethnies minoritaires souffrent d’un certain retard en matière d’éducation. Bilan et solutions.

À l’internat du collège de Muong Nhe, province de Diên Biên (Nord).


Le pays compte 30 mil-lions de personnes vivant dans les régions montagneuses dont plus de 12 millions (14%) appartiennent à des minorités ethniques. La plupart d’entre eux vivent de l’agriculture et de la sylviculture. Dans les régions montagneuses du Nord et du Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre), 70% des habitants locaux vivent de l’agriculture, mais 87% n’ont reçu aucune formation.
Selon le ministère de l’Éducation et de la Formation, si la qualité des ressources humaines est basse dans ces régions, c’est parce que le niveau scolaire laisse à désirer, et que la formation et l’enseignement professionnels y sont limités. Il y a peu d’établissements de formation professionnelle et les disciplines sont loin de couvrir tous les domaines. Les écoles-internats sont surchargés au Nord, et dans le delta du Mékong, il n’y en a qu’une pour chaque province. Du fait de la distance, seuls les élèves vivant à proximité les fréquentent.
Mais le cœur du problème est lié aux conditions de vie difficiles des familles d’ethnies minoritaires. Phùng Thi Lan, de l’ethnie Pà Then (Hà Giang, Nord) a deux enfants. L’aîné a du abandonner ses études après sa sortie du collège. Le deuxième, en 10e classe, devra peut-être lui aussi arrêter car l’école est loin de sa maison, à environ 15 km et il n’a pas de véhicule pour y aller. De plus, les études professionnelles sont chères, de l’ordre de 10-20 millions de dôngs pour un cursus. «Pour nous, c’est une véritable fortune», a-t-elle confié.

Un cours dans l’école professionnelle de Dung Quât, province de Quang Ngai (Centre).


Ces dernières années, le Parti et l’État ont mis en œuvre 41 projets dont 3 nationaux de lutte contre la pauvreté et de développement socio-économique dans ces régions défavorisées.

Formation renforcée pour une meilleure vie

«Rehausser la qualité des ressources humaines entraînera l’amélioration des conditions de vie des habitants, qui elle-même favorisera la scolarisation des enfants. Une dynamique sera lancée», a expliqué le vice-ministre et chef adjoint du Comité des ethnies, Phan Van Hùng. Selon lui, malgré des progrès indéniables, le taux d’analphabétisme reste élevé dans ces régions. Dans le Nord, on l’évalue à 12% chez les plus de 15 ans ; au Tây Nguyên à 8% ; et dans le delta du Mékong, à 11%.
Chez les ethnies minoritaires, le taux d’actifs ayant suivi une formation professionnelle est faible, surtout dans le delta du Mékong.
Le ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales coopère avec le Comité des ethnies pour mettre en œuvre des programmes de formation professionnelle accompagnés d’une dispense des frais de formation ou d’une assistance pour les frais de déplacement et de nourriture. Malheureusement, ces programmes manquent de fonds pour une mise en œuvre sur le long terme.
Pour sa part, le chef de l’Institut des études politiques du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, Dang Kim Son, a estimé qu’il faut édifier des politiques générales pour tout le pays et d’autres adaptées à chaque localité.
Selon Phan Van Hùng, les politiques de développement de ces régions doivent être reliées aux planifications économiques des provinces. Il faut se concentrer sur la lutte contre la pauvreté et l’analphabétisme. Hormis la formation, il faut aussi bien étudier les besoins du marché du travail pour proposer des formations adaptées.

Avis d’experts
* Pratibha Mehta, coordinatrice permanente des Nations unies au Vietnam
«La langue est une des barrières pour les enfants d’ethnies minoritaires. Mais l’expérience a montré que les élèves obtiennent de bons résultats s’ils étudient dans leur langue maternelle et avec des séances reliées à leur culture. C’est pourquoi il faut réviser les programmes de formation pour qu’ils soient plus proches des ethnies minoritaires pour lesquelles, rappelons-le, le vietnamien n’est pas la langue maternelle».

* Nguyên Sinh Vy, ancien chef adjoint du Comité des sciences et de l’éducation
«L’élément clé de la modernisation et de l’industrialisation du pays est la main d’œuvre. Le gouvernement doit continuer d’investir dans l’éducation dans ces régions, non seulement dans la construction d’infrastructures, mais aussi dans la formation du personnel».


Hà Minh/CVN

 

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