Du fil de cuivre à l’œuvre d’art

Nguyên Nhât Minh Phuong réalise des œuvres en fils de cuivre. Parures, décoration intérieure, tableaux…, toutes les créations de cette jeune femme sont fabriquées à partir de ce métal noble.

>>Bùi Van Hùng, l’âme de la danse folklorique Xuân Pha

>>L’homme qui "raconte" le Vietnam en images

>>Un passionné de monnaies anciennes à Lâm Dông

Nguyên Nhât Minh Phuong souhaite transmettre son art aux handicapés.

Dans un petit coin de sa maison sise rue Dô Thuc Tinh, dans l’arrondissement de Go Vâp à Hô Chi Minh-Ville, Minh Phuong conserve fils de cuivre brillants, verroteries multicolores, pinces, ciseaux, et tous les outils nécessaires à son travail.

La jeune femme est très attachée à son art, qui d’une passion est devenue sa profession. Chaque jour, elle étudie sur Internet de nouveaux modèles, puis commence à créer ses jolis produits.

Née en 1986, Nguyên Nhât Minh Phuong (alias  "Uma Minh Phuong") est diplômée de l’École supérieure de Saïgon. Elle a longtemps été professeure dans des établissements internationaux de Hô Chi Minh-Ville, mais des problèmes de santé l’ont contrainte à retourner dans sa maison du district de Cu Chi, en banlieue de la mégalopole. Là, elle s’est prise de passion pour les créations en fils de cuivre. Matériau technique de base et essentiel, le cuivre détient aussi un réel pouvoir esthétique. C’est de surcroît un matériau très facile à façonner qui se prête à de nombreuses manipulations.

Pourquoi précisément cette matière première? Un jour, Minh Phuong, alors âgée de 19 ans,a fabriqué par hasard une petite parure en fils de cuivre. Elle s’est alors découvert un talent particulier, qu’elle n’avait pas soupçonné. Une passion était née...

"Au début,  j’ai rencontré pas mal de difficultés car je n’ai pas de formation artistique. J’ai été obligée d’étudier en autodidacte afin d’acquérir les connaissances de base. Durant 13 ans, je n’ai jamais stoppé ce travail. Vivre de ma passion, c’est un vrai privilège et je n’ai pas l’intention de m’endormir sur mes lauriers", confie-t-elle.

Les produits de Minh Phuong sont variés. Si elle a commencé par des produits simples comme bagues, elle a peu à peu su créer d’autres produits ingénieux tels que  tableaux ou produits de décoration intérieure. En particulier, elle fabrique beaucoup de tableaux aux motifs inspirés de la fleur de lotus et du bouddhisme.   "Les fleurs de lotus m’attirent depuis toujours. Alors je me suis demandé pourquoi ne pas en fabriquer une en cuivre, ma matière préférée?  Une première a vu le jour, une 2e, une 3e, et puis finalement  un tableau entier avec feuilles, fleurs… Après, je me suis intéressée au bouddhisme", ajoute-t-elle.

Les  œuvres de Nguyên Nhât Minh Phuong sont très variées.

Les produits d’ornement en fil de cuivre de Minh Phuong connaissent un certain succès à l’étranger. Totalement fabriqués à la main, ils sont très appréciés aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande. Les tableaux, de grande taille pour la plupart, sont vendus au Vietnam pour quelque 1.000 - 2.000 dollars/pièce.

Normalement, l’offre ne satisfait pas la demande parce que la fabrication d’une telle œuvre exige de la créativité, une concentration totale et, surtout, beaucoup de temps.

Transmettre le métier aux handicapés

Depuis quelques mois, une partie de la maison de Nguyên Nhât Minh Phuong s’est transformée en foyer pour une dizaine d’handicapés: sourds-muets, amputés ou victimes de malformations congénitales. Le petit groupe travaille avec ardeur sous les consignes de leur professeure, qui leur explique les secrets de la création avec du fil du cuivre. Tous l’appellent affectueusement "Uma Minh Phuong".

Un espace ouvert et amical s’est créé dans cette petite salle. Les handicapés sont absorbés par leur travail. De différents âges,  ils apprennent peu à peu à  créer des produits d’une grande beauté. "Pour les handicapés comme nous, trouver un travail n’est pas facile. Parfois, nous sommes obligés d’exercer un métier que nous n’aimons pas.  J’espère que ce modèle d’enseignement d’un artisanat se développera afin que plus d’handicapés puissent apprendre un vrai métier, qui leur plaît, et qu’ainsi ils deviennent autonomes dans la vie", a partagé Nguyên Cao Thành Luân, de la province de Lâm Dông, sur les hauts plateaux du Centre.

"Uma Minh Phuong  est très ouverte et amicale. Je la considère à la fois comme une professeure, une amie et une petite sœur. Nous, les handicapés, souffrons d’un complexe d’infériorité. Mais ici, il n’y a pas de barrières. On nous forme et, pas à pas, chacun d’entre nous peut développer son savoir-faire, sa créativité. Merci à Uma Minh Phuong d’avoir ouvert cette petite classe, qui nous permet d’apprendre un travail dans de bonnes conditions", a confié Huynh Ngoc Thanh, de Hô Chi Minh-Ville.

L’objectif de Minh Phuong est de continuer à développer son artisanat d’art tout en maintenant cette salle de classe qui offre aux handicapés l’opportunité d’apprendre un métier. Elle continuera aussi de participer à des activités philanthropiques dans différentes régions du pays. Une jeune femme atypique, qui a donné un sens à sa vie grâce à un métier artisanal, à une passion et, surtout, grâce à une  générosité sans limites.

Texte et photos:Phuong Mai/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top