Drogue : alerte sur les dangers chez les moins de 30 ans

Selon des données officielles, le pays compterait quelque 180.000 toxicomanes, près de la moitié âgés de moins de 30 ans. La substance la plus consommée est l’héroïne (75%), suivie par les drogues de synthèse (10%).

Les drogues de synthèse s’insinuent actuellement dans la vie des jeunes gens de manières les plus inattendues, y compris dans les lieux qui pourraient paraître les plus protégés. «Les drogues de synthèse jouent un rôle central dans la situation nationale de la drogue, apparaissant non seulement dans les grandes villes et zones urbaines mais aussi dans les bourgs des zones rurales, d’où un marché difficile à contrôler. Plus que jamais, les jeunes de moins de 30 ans sont les plus exposés», note le sous-colonel Bùi Duc Thiêm, chef adjoint du Bureau des drogues de synthèse (C47) du ministère de la Police.

Pour aider les toxicomanes à réintégrer à la société, il est nécessaire d’apporter un soutien à la formation professionnelle.


L’inquiétant, c’est l’absence de méfiance des jeunes vis-à-vis des drogues de synthèse et de leurs méfaits. Par définition, la jeunesse est une période de la vie où l’on remet tout en question. C’est un moment où toutes les valeurs éducatives peuvent voler en éclat par provocation, par besoin de montrer sa différence. C’est le temps des expériences de toute sorte pour prouver sa valeur. Période nécessaire pour la construction de la personnalité, elle rend l’individu extrêmement fragile et soumis aux tentations de la facilité que peuvent offrir certaines pratiques. Ainsi, bien des gens seront sans doute surpris puis déconcertés d’apprendre que, pour une partie non négligeable des jeunes et adolescents d’aujourd’hui, consommer des drogues de synthèse constitue une façon de s’affirmer, de s’imposer dans le groupe, de manifester leur folie des grandeurs et de montrer leurs capacités économiques. Pour ceux-ci, ces produits sont tellement banalisés qu’ils s’apparentent à des objets de consommation courante : des jeunes vont même jusqu’à s’offrir de petits paquets de drogues de synthèse comme cadeau d’anniversaire ou à l’occasion des fêtes…
Bien des risques
De nombreux experts estiment que malgré un usage encore faible de drogues de synthèse, le nombre de consommateurs d’amphétamines dans les grandes villes continue d’augmenter, notamment des personnes très jeunes, dont des élèves et étudiants... Intensification du désir, du plaisir et de la capacité d’endurance sexuelle ; exacerbation des sensations…, voilà pour les effets. Beaucoup de jeunes bien instruits présentent soudainement des signes de pathologie mentale, devenant paranoïdes au point de penser qu’ils ont été empoisonnés par quelqu’un… La conséquence ? Après avoir consommé des drogues de synthèse, des jeunes ont battu leurs proches, leurs amis et même des étrangers. Des jeunes filles, usagers d’amphétamines, ont ôté leurs vêtements, dodeliné de la tête, dansé pendant des heures dans des lieux publics…
De l’avis des spécialistes, les consommateurs d’amphétamines ont des risques d’expérimenter une psychose toxique, état caractérisé par des hallucinations, des délires de grandeur ou de persécution et des comportements hostiles, voire violents. Si l’épisode psychotique ne dure généralement pas plus de quelques jours, il arrive qu’il se prolonge, principalement chez les gens souffrant de troubles psychiatriques. D’où la surcharge de certains hôpitaux psychiatriques dans les grandes villes, comme par exemple l’Hôpital Mai Huong à Hanoi.
Incapacité de la médecine
D’après Lê Van Khánh, du ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales, pour les drogues traditionnelles telles que l’héroïne, l’opium..., aujourd’hui il y a différentes mesures d’intervention relativement efficaces. Mais pour la dépendance aux drogues synthétiques, la médecine s’avoue encore incapable d’agir. D’autant plus que, d’après le médecin Ngô Thanh Hôi, directeur de l’Hôpital psychiatrique Mai Huong, l’utilisation de drogues synthétiques ne provoque pas de souffrances telles les douleurs articulaires comme pour l’héroïne et l’opium, et ainsi beaucoup de gens croient à tort que ce n’est pas une dépendance. Cette absence de méfiance surexpose au risque d’addiction, notamment pour les plus jeunes, à l’occasion de réunions festives.
Parmi les actuelles mesures de réhabilitation des toxicomanes, la plus remarquable est la désintoxication à la méthadone. Il s’agit d’un opiacé de synthèse utilisé dans le traitement de la dépendance à l’héroïne ou à d’autres opiacés. Elle évite les inconvénients psychologiques du sevrage traditionnel. Selon M. Khánh, cette substance permet aux personnes dépendantes aux opiacés illicites de stopper leur consommation après seulement un à trois mois sans ressentir les signes du manque et de réduire les risques liés à leur consommation. Prise par voie orale, la méthadone protège l’usager des risques infectieux liés à l’injection. De plus, le traitement facilite l’accès à l’aide médicale, psychologique et sociale dont l’usager a besoin, et améliore sa qualité de vie et ses chances de réinsertion. Ce traitement peut être transitoire en vue d’un sevrage complet ou maintenu aussi longtemps que nécessaire, voire à vie. «Après avoir été traités à la méthadone, beaucoup de toxicomanes ont réussi à non seulement rétablir leur santé, mais aussi à stabiliser leur vie et à trouver un emploi stable. Cependant, la méthadone n’est efficace que pour ceux qui consomment des drogues traditionnelles (héroïne, opium...). Pour les usagers de drogues de synthèse, il n’existe aucune mesure de désintoxication effective», affirme Lê Van Khánh.
Selon le médecin Lý Trân Tình, directeur de l’Hôpital psychiatrique de Hanoi, les drogues de synthèse ne causent pas de symptômes de sevrage physique, mais les toxicomanes sont devenus dépendants mentalement. Ces produits conduisent rapidement les usagers à des troubles, ce qui touche leurs cellules nerveuses, perturbe leur personnalité et leur comportement. Lorsqu’ils en consomment, les usagers peuvent faire des choses qu’ils ne peuvent pas faire lorsqu’ils sont normaux comme danser toute la nuit, avoir des rapports sexuels collectifs… Il s’agit là de l’état spontané, première étape de l’addiction, puis ils succomberont aux crises de fatigue, à la sensation de manque et au besoin de consommation. Le cycle infernal est en route ! Risque supplémentaire : si les drogues de synthèse sont utilisées de façon concomitante à l’alcool et d’autres substances stimulantes, la toxicité augmentera fortement, d’où un grave danger pour les usagers.
Les jeunes représentent l’avenir du pays, et les sensibiliser aux graves dangers de la drogue, en leur montrant que le jeu n’en vaut pas la chandelle, c’est être adulte !

Minh Hiên/CVN

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