Donner plus de vie au Robam

Si l’on évoque le Robam, une danse classique des Khmers, on pense immédiatement à la troupe de Robam Ba Sak de la commune de Tài Van, district de Trân Dê, province de Soc Trang. À travers les hauts et les bas, c’est la seule qui demeure dans cette localité, encore qu’elle fait face au risque croissantde disparaître.

Dans la vie culturelle et spirituelle de la communauté Khmer du delta du Mékong, le Robam est un genre d’art de la scène traditionnel prisé. De fait, il s’agit d’une danse classique. Chaque troupe de Robam comprend de 20 à 30 personnes, acteurs, narrateurs et instrumentistes. À travers figures et danses, le public suit la trame de la pièce, traditionnellement un mythe classique ou une histoire religieuse.
Le Robam fait indéniablement partie du patrimoine culturel des Khmers et sa préservation vise autant à sauvegarder un genre d’art propre à Soc Trang, qu’à préserver un élément de la culture nationale.

Chapeaux, têtes de singes sont indispensables pour une représentation de Robam.


La dernière troupe
Une fois à Soc Trang, si vous demandez où se trouve la troupe de Robam Ba Sak (Robam Bung Chông) n’importe qui peut vous le dire car elle est non seulement la première troupe de ce genre d’art des Khmers de la province, mais aussi la seule à demeurer à ce jour...
Selon Lâm Thi Huong, sa directrice, le nom complet de Robam Bung Chông est Vong Robam Ba Sak. Cette dernière est née il y a plus de 200 ans et, depuis, cinq générations se sont succédées pour la faire vivre. «Je suis de la 6e génération mais ne suis pas sûre que notre troupe existera encore longtemps», a-t-elle déclaré avec les yeux sombres. Pour le moment, Mme Huong conserve tous les accessoires nécessaires à une représentation de Robam : habits, chapeaux, têtes de singes, instruments musicaux...
Une dizaine de représentations par an
Selon Mme Huong, avant chaque tournée, le chef de la troupe réunit ses membres pour un entraînement d’une dizaine de jours. Chaque année, ils donnent en moyenne une dizaine de représentations de localité en localité uniquement durant la saison sèche, c’est-à-dire les cinq premiers mois de l’année. Bien que chaque membre doit gagner sa vie un peu partout, à l’arrivée de la saison sèche, ils se retrouvent au pays natal pour se préparer.
Leur passion de cet art ne les quitte pas. Malgré de modestes recettes, ils continuent de se réunir pour se produire village après village, non seulement à Soc Trang mais aussi dans d’autres localités voisines où vivent des Khmers. Apporter au public diverses émotions allant de la joie à la réflexion en passant par le renfrognement, c’est un bonheur pour les artistes de Robam.

Des artistes de Robam.


Des défis pour préserver cet art
Depuis un certain temps déjà, ce n’est plus l’âge d’or du Robam car cet art ne bénéficie plus de l’intérêt soutenu du public, ni des investissements pourtant nécessaires. Cette dernière troupe de Robam de Soc Trang n’a plus qu’une faible activité. «Pour pouvoir redonner son essor au Robam en tant qu’art populaire traditionnel, il faudrait faire d’importants investissements, notamment dans l’équipement qui est très particulier. Et de toute façon, si personne ne s’y intéresse, tôt ou tard, notre troupe disparaîtra», explique Mme Huong.
À côté des problèmes de financement de l’activité de la troupe, la quête de personnes prêtes à prendre le relais est encore plus difficile. Malgré l’amour de cet art, ses membres actuels sont soumis comme tout le monde aux contraintes matérielles de la vie et doivent avoir une autre activité. Dans la famille de Mme Huong, ses huit enfants suivent la tradition familiale et sont de «solides acteurs» de la troupe. Mais avec la dure vie quotidienne, quatre de ceux-ci ont dû chercher du travail dans les provinces du Nam bô oriental, et deux autres sont entrés dans la troupe artistique khmère de Soc Trang, ce qui leur permet d’avoir suffisamment de quoi vivre tout en pouvant assouvir leur passion du Robam. Les autres acteurs de la troupe sont dans une situation similaire et subsistent en étant saisonniers, cultivateurs...
Les artistes de Robam sont en effet de vrais agriculteurs, grandement préoccupés de gagner suffisamment pour vivre. L’existence du Robam est donc fragile. Des projets de conservation de cet art doivent être élaborés dans l’intérêt de tous. Nos descendants auront-ils la possibilité de découvrir et d’apprécier cet art original des Khmers ? La question reste posé...

Diêu An/CVN

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