Dimanche historique au Brésil : Dilma Rousseff joue sa présidence

La présidente brésilienne Dilma Rousseff joue son mandat à quitte ou double au Parlement de Brasilia, où les députés doivent voter sur sa destitution, lors d'un dimanche historique et crispé pour plus de 200 millions de Brésiliens.

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La président brésilienne Dilma Rousseff applaudit lors d'une rencontre avec le secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA) à Brasilia,

Les députés vont voter pour demander ou non au Sénat d'ouvrir formellement un procès en destitution de la dirigeante de gauche, accusée par l'opposition de maquillage des comptes publics.

La police est en état d'alerte aux quatre coins du géant émergent d'Amérique latine (200 millions d'habitants, 8,5 millions de kilomètres carrés), plongé dans une des pires crises, à la fois politique, économique et morale, de sa jeune histoire démocratique.

Elle craint des affrontements lors de grandes manifestations de partisans des deux camps programmées à Rio de Janeiro (Sud-Est), São Paulo (Sud-Est) et Brasilia.

Mme Rousseff et ses alliés s'efforcent en coulisse d'inverser une dynamique très défavorable.

Le quotidien O Globo titrait dimanche 17 avril sur "La guerre de l'impeachment", comparant l'assemblée des députés "à un champ de bataille".

Depuis le 15 avril, les 513 députés s'affrontent en séance plénière dans des joutes enflammées pour ou contre l'impeachment qui sera soumis au vote dimanche 17 avril à 14h00 (18h00 GMT). Mais les débats ont pris du retard et le verdict pourrait tomber tard dimanche soir, voire lundi 18 avril.

L'opposition devra s'assurer de deux tiers des votes des membres de la Chambre basse (342 sur 513) pour que la procédure de destitution soit soumise à l'approbation du Sénat.

Dans le cas contraire, Mme Rousseff sauverait immédiatement son mandat. Elle a annoncé qu'elle proposerait "un grand pacte national sans vainqueur ni perdant" pour sortir le Brésil de l'ornière.

En cas de défaite, la première femme élue à la tête du Brésil, en 2010, se retrouverait dans une posture très critique : il suffirait ensuite d'un vote à la majorité simple des sénateurs, en mai, pour qu'elle soit mise formellement en accusation et écartée du pouvoir pendant au maximum six mois dans l'attente d'un jugement final.

Son ancien allié centriste, le vice-président Michel Temer, 75 ans, qui brigue désormais ouvertement son fauteuil, la remplacerait dans l'intervalle et formerait un gouvernement de transition.

"Dans le calme et la paix" ?

Les dernières estimations des quotidiens Folha de Sao Paulo et Estado de Sao Paulo donnaient dimanche 17 avril une courte victoire des pro-destitution.

Manifestation devant le Congrès à Brasilia pour réclamer la destitution de Dilma Rousseff, le 16 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Avec une majorité contraire à Dilma (Rousseff), la Chambre vote aujourd'hui l'impeachment", titre Folha de S.Paulo qui publie à la Une le nom et le vote de chaque député : 345 à 128.

"Dans un climat tendu, la Chambre définit l'avenir de Dilma", constate l'Estado de S.Paulo. Il comptabilise 344 voix en faveur et 134 contre et publie aussi à la Une la liste des députés et leur vote.

La gauche ne s'avoue pas vaincue et a lancé depuis le 15 avril une intense offensive, dirigée depuis un hôtel de Brasilia par l'ancien président Luiz Inacio Lula da silva (2003-2010).

Lula tente en particulier de convaincre des députés de centre-droit appartenant aux formations ayant abandonné la coalition présidentielle la semaine dernière.

"C'est une guerre de chiffres qui montent et qui descendent comme à la Bourse", a expliqué Lula, toujours populaire et influent malgré ses récents déboires dans le scandale de corruption Petrobras. "À un moment, le type dit qu'il est pour nous et après, il ne l'est plus et il faut négocier 24 heures par jour".

Mme Rousseff est accusée par l’opposition de droite d'avoir truqué les comptes publics du Brésil pour dissimuler l'ampleur des déficits et favoriser sa réélection en 2014.

Elle conteste avoir commis aucun crime, accusant une opposition revancharde de fomenter un coup d'État institutionnel pour l'évincer, au mépris des 54 millions de Brésiliens qui l'ont réélue.

Sa popularité s'est effondrée en 2015 à un plancher historique de 10%. Plus de 60% des Brésiliens souhaitent son départ.

La présidente a appelé le 16 avril ses concitoyens à "suivre avec attention les événements", mais "surtout dans le calme et la paix".

À Brasilia, une imposante barrière longue d'un kilomètre et haute de deux mètres a été plantée face au Congrès des députés pour séparer les "pro-destitution" et "anti-pustch" qui suivront le vote sur des écrans géants.

À Rio de Janeiro, les autorités devaient également installer une clôture coupant en deux sur sa largeur la célèbre plage de Copacabana, où sont prévues des manifestations pro et anti-Rousseff à des heures différentes.

À Sao Paulo, les autorités ont dit se préparer à une affluence d'un million de manifestants sur l'avenue Paulista, au cœur de cette mégapole de 20 millions d'habitants.

AFP/VNA/CVN

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