Soupçons de financement libyen
Deuxième jour de garde à vue pour l'ancien président français Nicolas Sarkozy

La garde à vue de l'ancien président français Nicolas Sarkozy a repris mercredi 21 mars, après une interruption dans la nuit, dans l'enquête sur des soupçons de financement de sa campagne présidentielle de 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi.

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Nicolas Sarkozy (centre) placé en garde à vue pour des soupçons de financement libyen de sa campagne.

L'ex-président de la République est arrivé peu avant 08h00 dans les locaux de l'office anticorruption à Nanterre près de Paris, a-t-on appris de sources proches du dossier. Mardi 20 mars, son audition débutée dans la matinée avait été interrompue vers minuit.

À l'issue de cette garde à vue, susceptible de durer jusqu'à jeudi matin 22 mars, il peut être remis en liberté, présenté à un juge en vue d'une éventuelle mise en examen ou convoqué ultérieurement. Cette nouvelle étape marque un "retour aux affaires" de Nicolas Sarkozy, 63 ans, mais à la rubrique judiciaire, titre Libération mercredi 21 mars. Le Parisien parle du "+cadeau+ posthume de Kadhafi". Elle marque aussi un coup d'accélérateur dans ce dossier tentaculaire instruit par des magistrats du pôle financier depuis près de cinq ans.

Depuis la publication, en mai 2012, par le site Mediapart d'un document libyen - attribué à l'ex-chef des renseignements Moussa Koussa - accréditant un financement d'environ 50 millions d'euros, les investigations des juges ont considérablement avancé.

Nicolas Sarkozy (gauche) et Mouammar Kadhafi devant le palais Bab Azizia de Tripoli, le 25 juillet 2007.

Plusieurs protagonistes du dossier, dont d'ex-responsables libyens, ont accrédité la thèse de versements illicites. Le sulfureux homme d'affaires Ziad Takieddine a lui-même assuré avoir remis entre fin 2006 et début 2007 trois valises contenant 5 millions d'euros en provenance du régime de Kadhafi à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et à son directeur de cabinet Claude Guéant. D'autres dignitaires libyens ont démenti tout financement et l'ancien chef de l'État a toujours rejeté ces accusations.

Pendant sa garde à vue, il est susceptible d'être interrogé sur les différents délits visés par l'enquête. Ouverte notamment pour "détournements de fonds publics" et "corruption active et passive", cette dernière a été élargie en janvier à des soupçons de "financement illégal de campagne électorale".

Circulation d'espèces

Cet élargissement fait suite à un rapport de l'office anticorruption, daté de septembre, qui pointe une circulation importante d'espèces dans l'entourage de Nicolas Sarkozy durant la campagne 2007. "Tout le monde venait chercher son enveloppe", a ainsi relaté une ex-salariée, d'après ce rapport dont l'AFP a eu connaissance, doutant qu'une distribution aussi massive ait pu se faire sans que Nicolas Sarkozy ait été au courant.

Nicolas Sarkozy et les affaires judiciaires.

Interrogés par les enquêteurs, Éric Woerth, trésorier de la campagne et l'un de ses adjoints, Vincent Talvas, ont assuré que l'argent provenait de dons anonymes, une justification contestée par d'autres protagonistes de la campagne.

Les investigations ont aussi mis en lumière plusieurs opérations suspectes, notamment un virement de 500.000 euros perçu par Claude Guéant en mars 2008, en provenance d'une société d'un avocat malaisien. L'ex-secrétaire général de l'Élysée a toujours affirmé qu'il s'agissait du fruit de la vente de deux tableaux, sans convaincre les juges qui l'ont mis en examen notamment pour "blanchiment de fraude fiscale en bande organisée".

Les juges s'interrogent également sur la vente suspecte en 2009 d'une villa située à Mougins (Alpes-Maritimes) à un fonds libyen géré par Bachir Saleh, ancien argentier de Kadhafi. Ils soupçonnent l'homme d'affaires Alexandre Djouhri d'avoir été le véritable propriétaire du bien et de l'avoir cédé pour 10 millions d'euros, soit plus du double du prix du marché; une transaction qui aurait pu être effectuée pour dissimuler d'éventuels versements occultes.

L'enquête a connu un rebondissement important en janvier avec l'arrestation à Londres d'Alexandre Djouhri, qui devrait être fixé sur son éventuelle extradition en juillet.

AFP/VNA/CVN

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