Deux vies sauvées par le cœur et le foie d’un donneur

Deux patients de Hanoi viennent de recevoir le cœur et le foie d’un donneur en état de mort cérébrale à Hô Chi Minh-Ville. Les transplantés se remettent bien à la suite de leur intervention réalisée en simultané à l’hôpital Viêt-Duc, dans la capitale.

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Une transplantation d’organe, réalisée le 4 septembre par l’équipe de chirurgiens de l’hôpital Viêt-Duc, à Hanoi.

Sacrée performance que celle réalisée par l’équipe de chirurgiens de l’hôpital Viêt-Duc, à Hanoi, avec la transplantation simultanée d’un cœur et d’un foie, sur deux patients diférents. Le premier, 59 ans, souffrait d’un cancer et d’une cirrhose du foie, et le second, 37 ans, était en proie à une insuffisance cardiaque. En stade terminal, ils figuraient en tête de la liste vietnamienne d’attente de greffes d’organes.

Tout a commencé le 3 septembre, lorsque l’hôpital Cho Rây, à Hô Chi Minh-Ville, a informé que l’entourage d’un patient en état de mort cérébrale avait accepté, dans une démarche humanitaire, de donner ses organes.

À la suite de cette nouvelle, le 4 septembre, une équipe de chirurgiens de l’hôpital Viêt-Duc s’est envolée dans la mégapole du Sud à 14h30 pour prélever le cœur et le foie du donneur à l’hôpital Cho Rây à 17h30, organes transportés par avion dans un compartiment réfrigéré et arrivés à l’hôpital Viêt-Duc à 23h30.

«Les deux opérations ont été achevées le 5 septembre aux alentours de 05h00 du matin, après six heures et demie d’intervention pour la greffe du cœur et sept heures et demie pour celle du foie», rapporte le Pr.-Dr. Nguyên Tiên Quyêt, ancien directeur de l’hôpital Viêt Duc, qui dirigeait ces opérations. «Dans l’après-midi, soit quelques heures après ces interventions, les deux greffés se trouvaient dans un état stable. Mieux, ils ont pu s’alimenter normalement, boire et parler. Leur convalescence à l’hôpital ne devrait pas excéder une dizaine de jours».

Il s’agit de la 25e greffe du foie et de la 11e greffe du cœur réalisées avec succès par l’hôpital Viêt Duc. Mais c’est la première fois que les organes proviennent d’aussi loin.

Le don d’organes, un geste citoyen

Selon le Professeur Du Thi Ngoc Thu, chef du Centre de coordination de la greffe d’organes de l’hôpital Cho Rây, les personnes en état de mort cérébrale sont susceptibles d’offrir plusieurs organes (reins, cornées, cœur, foie, poumons…), contrairement à celles en état de mort cardiaque, sur lesquelles ne peuvent être prélevés que les reins et cornées.

Un patient après sa transplantation d’organe à l’hôpital Viêt-Duc, à Hanoi.

Depuis la mise en service du Centre de coordination de la greffe d’organes de l’hôpital Cho Rây en 2014, cinq personnes en état de mort cérébrale ont fait don de leurs organes après l’accord de leurs proches. «L’objectif de ce centre est de fournir des informations et d’encourager les dons. Il est chargé de coordonner, gérer le don et la réception d’organes selon les règlements stipulés par la loi», partage le médecin Du Thi Ngoc Thu.

À Hanoi, l’hôpital Viêt Duc a pu sauver quatre patients dans un laps de temps très court grâce à des greffes. «Le don d’organes est un acte citoyen. Cela peut sauver plusieurs vies. Nous sommes très reconnaissants envers les familles qui ont donné leur accord pour faire don des organes de leurs proches en état de mort cérébrale», exprime son ancien directeur Nguyên Tiên Quyêt.

Des donneurs au compte-goutte

Les succès de la transplantation d’organes ont aidé la médecine vietnamienne à franchir une nouvelle étape, marquant un tournant dans l’approche de la médecine moderne. Actuellement, 14 établissements hospitaliers sont capables de réaliser des transplantations de tissus et d’organes, avec des résultats qui n’ont rien à envier à ceux des pays développés. Les médecins vietnamiens sont même parvenus à appliquer des techniques extrêmement délicates réalisées seulement une dizaine de fois dans le monde. Comme par exemple le recours à la circulation extracorporelle pour prélever un organe.

Le Pr.-Dr. Nguyên Tiên Quyêt estime que dans le monde, la transplantation d’organes permet d’obtenir un taux de survie de 80-90% à 5 ans. Au Vietnam, le premier receveur de foie, dont la greffe a été réalisée en 2007, est actuellement en bonne santé. De même, le premier greffé cardiaque a fêté sa 5e année de vie post opération. Dans l’hôpital Viêt Duc, chaque jour, de deux à trois personnes sont en mesure d’offrir leurs organes. Pourtant, en cinq ans, seules les proches de 25 d’entre eux ont accepté de le faire, en dépit de la Loi sur le don d’organes des donneurs en état de mort cérébrale, approuvée par l’Assemblée nationale en 2006. «Ce phénomène est dû au fait que les Vietnamiens désirent garder intacte la dépouille du défunt. Pour la plupart des Vietnamiens, le don d’organes est une question épineuse, un tabou», explique le médecin Trinh Hông Son, directeur adjoint de l’hôpital Viêt Duc.

Selon les statistiques du ministère de la Santé, au 30 juin 2015, le Vietnam avait réalisé 1.011 greffes de rein, 37 de foie, 11 de cœur, une de pancréas et 1.401 de cornée. Tandis que le pays compte 6.000 personnes ayant besoin d’une greffe rénale, 1.500 d’une greffe cardiaque et 6.000 d’une greffe de cornée. Autre atout : les frais d’une telle intervention dans le pays s’élèvent seulement au quart de ceux des pays développés.

Huong Linh/CVN

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