Deux octogénaires montent au front contre la corruption

À la fin de la guerre, choqués de voir certains de leurs compatriotes échafauder des plans frauduleux pour obtenir les pensions destinées aux anciens combattants et invalides de guerre, deux retraités de Bac Ninh ont mené l’enquête et dénoncé près de 3.000 fraudeurs.

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Nguyên Công Uân (gauche) et Nguyên Tiên Lang se souviennent de chaque détail de leur mission de démantèlement d’un réseau de faux documents d’invalides de guerre.

En trois ans, Nguyên Công Uân et le vétéran de guerre Nguyên Tiên Lang, domiciliés dans le district de Thuân Thành, province de Bac Ninh (Nord), ont aidé les organismes compétents à découvrir près de 3.000 faux documents d’invalides de guerre.

Dans la modeste maison de Nguyên Công Uân cachée sous les arbres fruitiers, les deux hommes ont raconté chaque détail de leur mission de démantèlement d’un réseau de faux documents d’invalides de guerre.

Une mission solitaire envers et contre tous

En 2010, de nombreux habitants du district de Thuân Thành, province de Bac Ninh, où vivent les deux hommes, se sont transmis de bouche à oreille le moyen d’obtenir de faux documents pour bénéficier des politiques gouvernementales de soutien aux invalides de guerre.

«Une connaissance m’a dit qu’avec 30 millions de dôngs (1.300 dollars), on pouvait obtenir un certificat d’invalidité pour blessures de guerre et ainsi bénéficier d’une allocation mensuelle, raconte M. Lang. J’ai ressenti un sentiment de profonde injustice. Je suis rentré dans l’armée en 1965 et j’y suis resté pendant 10 ans. J’ai été grièvement blessé, mais en raison de complications dans le processus de certification, je n’ai pas de certificat d’invalidité et donc je n’ai pu profiter de toutes les politiques de soutien».

Avant d’ajouter : «Mais avec toutes ces combines, des gens qui ont simplement eu des accidents du travail ont pu facilement toucher une pension d’invalidité militaire. Quelle injustice !».

M. Uân raconte que beaucoup de gens de son village lui ont conseillé de falsifier un document pour, lui aussi, recevoir une pension. Mais il était hors de question pour lui de succomber à la facilité et, surtout, de tomber dans l’illégalité. Au lieu de cela, il a commencé à lutter, en secret, contre cette fraude.

Après avoir discuté avec les voisins de personnes ayant obtenu de faux documents d’invalides de guerre, M. Uân a pu tirer une à une toutes les ficelles de la combine. Ensuite, aidé de son fidèle acolyte M. Lang, il s’est mis à démasquer le plus possible de faussaires.

M. Uân, en compagnie de M. Lang, a parcouru à vélo pour rassembler des centaines de faux documents d’anciens combattants.

Uân et Lang ont livré une bataille sans soutiens, même de la part de leur famille. «Ma femme et mes enfants n’ont cessé de me demander de cesser mes démarches, partage M. Uân. Ils ont même dit que je devais choisir entre rester avec eux ou continuer ce que je faisais. J’aime ma famille, mais ce combat était pour moi si juste qu’il était hors de question d’arrêter».

«Je ne l’ai pas soutenu, pas du tout, confie sa femme Nguyên Thi Thom. Car en raison de ses enquêtes, beaucoup de gens du village nous détestent, même si les choses se sont un peu apaisées avec le temps !». Les agressions verbales envers le couple étaient fréquentes. Son verger de pamplemoussiers et papayers a même été vandalisé.

La situation de M. Lang n’était guère plus reluisante. Sa maigre pension de retraite servait en grande partie à financer ses «enquêtes», au grand dam de sa femme. «Un jour, elle m’a demandé de lui remettre chaque mois ma pension. Mais je lui ai dit que je l’utilisais pour une noble action. Elle n’en a eu cure. L’ambiance dans la maison est devenue pesante. Nous avons fini par ne plus manger ni dormir ensemble !», se souvient M. Lang.

Un combat juste et légitime

Malgré toutes ces difficultés, Uân et Lang ont toujours confiance en la justice de leur pays. «Je n’ai jamais pensé obtenir une récom-pense. En faisant tout cela, je ne pensais qu’à la justice», assure M. Uân.

Pendant trois ans, les deux hommes ont parcouru à vélo le district de long en large, et rassemblé des centaines de faux documents d’anciens combattants.

Ensuite, ils les ont envoyés au Département des personnes méritantes (ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales). Ce dernier a procédé à un examen des documents avant de les confier à la Police de la province de Bac Ninh. De nombreuses violations ont été constatées : noms changés ou remplacés, certifications de blessures incorrectes, évaluations falsifiées.

Au total, 2.745 cas de falsification ont été découverts qui, chaque année, engloutissaient la coquète somme de 20 milliards de dôngs ! Et 24 personnes ont été poursuivies en justice.

En juin dernier, les deux hommes se sont vu décerner un satisfecit du ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales pour leurs bons résultats dans la lutte contre la corruption.

Texte et photos : Dang Huê/CVN

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