Des milliers de Palestiniens aux funérailles du père du bébé brûlé vif

Des milliers de Palestiniens ont assisté le 8 août aux funérailles du père du bébé palestinien brûlé vif dans l'incendie de leur maison par des extrémistes juifs, un nouveau décès qui risque de relancer les tensions dans les Territoires palestiniens.

>>Un bébé palestinien brûlé vif dans une attaque de colons israéliens

Dans son village de Douma entouré de colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, le corps de Saad Dawabcheh, 32 ans, le visage pudiquement enroulé dans un foulard pour cacher les brûlures qui lui ont coûté la vie, a été porté à bout de bras par une foule émue qui a salué un nouveau "martyr" et réclamé protection face aux colons israéliens qu'ils accusent de cette attaque.

Sous une nuée de drapeaux palestiniens, toutes générations confondues, la foule venue du village ou des alentours et parsemée d'officiels et de journalistes, brandissait des photographies de Saad Dawabcheh et de son fils Ali, 18 mois.

Des hommes portent le corps de Saad Dawabcheh, père du bébé palestinien brûlé vif, lors de ses funérailles à Douma en Territoires palestiniens, le 8 août.
Photo : AFP/VNA/CVN

La mort du petit Ali, brûlé vif lorsque des hommes masqués ont incendié le 31 juillet leur petite maison aujourd'hui encore recouverte des mots "Vengeance" et "Prix à payer" tagués par des extrémistes juifs avait provoqué plusieurs jours de violences à travers la Cisjordanie entre Palestiniens, soldats et colons.

Le 8 août, M. Netanyahu a présenté ses condoléances et réaffirmé qu'Israël utilisait "tous les moyens pour arrêter les meurtriers et les juger". Le décès du père du nourrisson vient relancer des tensions déjà vives en Cisjordanie occupée où une attaque contre l'armée israélienne a fait trois blessés jeudi. Les Palestiniens attendent par ailleurs anxieusement des nouvelles de l'état de santé de la mère, Riham, 26 ans, le corps quasiment entièrement brûlé au troisième degré et du frère du bébé, Ahmed, quatre ans, qui entame sa convalescence.

"Il est conscient et communique avec ses proches", a indiqué le docteur Marina Rubinstein à la radio israélienne. "Mais son état est toujours grave, il va devoir encore subir de nombreuses opérations et une très longue hospitalisation".

"La résistance, un devoir"

Le Hamas islamiste, au pouvoir à Gaza, a estimé qu'après ces morts, "la résistance" était devenue "un droit" mais aussi "un devoir" en Cisjordanie où la colonisation, le premier obstacle à la paix pour la communauté internationale, gagne chaque jour du terrain. De son côté, l'Autorité palestinienne a décidé de porter l'attaque de Douma à l'attention de la justice internationale.

Le 8 août, elle a fait autopsier le corps de Saad Dawabcheh afin d'apporter de nouvelles preuves à la Cour pénale internationale (CPI) qu'elle souhaiterait voir poursuivre les dirigeants israéliens qui "soutiennent les crimes des colons", selon le porte-parole du gouvernement Ehab Bseiso. Les dirigeants israélien ont unanimement condamné, fait rare dans le cas de violences contre des Palestiniens, un acte "terroriste".

Sous le nom le "prix à payer", des extrémistes juifs agressent régulièrement Palestiniens, Arabes israéliens et même soldats israéliens depuis des années. Ils disent entre autres répliquer aux destructions de colonies sauvages, pourtant illégales aux yeux de la communauté internationale comme de la loi israélienne.

Longtemps impunis, ces activistes sont désormais dans le viseur du gouvernement de Benjamin Netanyahu, pourtant l'un des plus à droite de l'histoire d'Israël. Le 4 août, les autorités ont recouru à la mesure exceptionnelle du placement en détention administrative d'un extrémiste juif, un régime permettant d'incarcérer indéfiniment des suspects sans inculpation traditionnellement réservé aux Palestiniens.

Meïr Ettinger est présenté à la cour de justice de Nazareth, en Israël, le 4 août.

Au total, les autorités ont arrêté trois jeunes dont Meïr Ettinger, soupçonné d'être l'un des inspirateurs des récentes violences de l'extrémisme juif. L'attaque de Douma a provoqué un fort émoi en Israël car elle a eu lieu au lendemain de l'attaque d'un extrémiste juif pendant la Gay Pride à Jérusalem, qui a tué une adolescente et blessé cinq personnes.

Protéger les villages

Pour Anouar Dawabcheh, un proche des victimes, "c'est un crime commis par les colons mais avec l'accord des autorités de l'occupation". "Ce n'est pas possible qu'Israël, avec son armée et ses services de renseignement, n'ait toujours aucune information", dit-il à l'AFP.

À Douma, comme dans d'autres villages, les habitants disent vivre dans la peur de nouvelles attaques, sans espoir d'obtenir protection des forces israéliennes, ni palestiniennes puisque ces dernières ne sont pas autorisées à se rendre dans plus de 60% de la Cisjordanie et ne peuvent accéder à la plupart des zones restantes qu'avec le feu vert de l'État hébreu.

L'Autorité palestinienne a annoncé la création de "comités populaires" de protection mais pour Hossam Badran, un porte-parole du Hamas, il ne reste désormais plus "qu'un choix" aux Palestiniens, celui de l'"affrontement ouvert et global contre l'occupant".

De son côté, l'envoyé spécial de l'ONU au Proche-Orient, Nickolay Mladenov, a appelé à juger "les auteurs de cet acte terroriste" car il ne faut pas "que les extrémistes (...) prennent le contrôle de l'ordre du jour politique".

AFP/VNA/CVN

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