Des cuisines de l'Élysée à Monaco, le combat d'un chef de Fukushima

Fervent défenseur des produits agricoles de Fukushima, le chef japonais Harutomo Hagi se sent "reboosté" après un mois en France et à Monaco : il a réussi à faire goûter des mets de sa région sinistrée jusqu'à l'Élysée.

Harumoto Hagi se bat pour les produits de sa région, Fukushima.

Harutomo Hagi est né, a grandi et a ouvert son restaurant en 1998 dans la ville côtière d'Iwaki... à une trentaine de kilomètres de la célèbre centrale de Fukushima. Après le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, qui avaient provoqué l'accident nucléaire, il a "pensé que tout était fini".

"Même quand ils avaient le sourire, les agriculteurs étaient tristes", raconte-t-il, traduit par une interprète. Beaucoup ont fui la région : cette importante zone agricole est actuellement celle où la proportion de terres en jachère est la plus élevée au Japon. Les produits ont beau ne pas venir de la zone interdite et être très contrôlés pour vérifier leur innocuité, "ils se vendent moitié moins" qu'avant l'accident nucléaire.

Son restaurant a été déserté, mais le chef n'est pas parti. Au contraire, quelques mois après la catastrophe, il a décidé d'utiliser "uniquement des produits de Fukushima". Il se bat pour les produits de sa région... au point de venir en faire la promotion en France et à Monaco.

Il a été invité par le Club des chefs des chefs, qui réunit les cuisiniers des chefs d'État. Quinze jours de stage dans les cuisines du palais de l'Élysée à Paris, puis à Monaco avec le chef du prince Albert, Christian Garcia, avec toujours l'idée de promouvoir les produits de Fukushima.

Le chef de 37 ans avait atterri à Paris en septembre avec, dans ses bagages, plusieurs produits de sa région, accompagnés de nombreux certificats de contrôle. Il les a cuisinés à quatre mains avec le chef Thierry Marx, deux étoiles au guide Michelin, notamment pour des journalistes français et japonais. Il également fait une dégustation à l'Élysée et à Monaco.

Ambassadeur de Fukushima

Harutomo Hagi raconte fièrement qu'il a rencontré le président François Hollande et le prince Albert. Mais pour eux, il a cuisiné makis et sashimis avec des produits français.

M. Hagi, au visage rond, souriant, parle avec délectation de produits de la région de Fukushima: des "bébés pêches, toutes petites et sucrées", du "poulet fumé, devenu une référence, un peu comme le poulet de Bresse". "J'ai été très ému de venir en France avec ce poulet !", confie-t-il. "Je crois qu'il a été très apprécié", poursuit-il enthousiaste.

Pourquoi venir en France pour promouvoir les produits de Fukushima? "Paris, la France, c'est la capitale et le pays de la gastronomie. Mes collègues, là-bas, ont vu que j'ai fait des plats avec les produits de Fukushima, ils étaient très émus", raconte-t-il.

"Si les Français mangent ces produits, les Japonais peuvent reprendre confiance et les acheter à nouveau", renchérit Gilles Bragard, secrétaire général du Club des chefs des chefs, qui qualifie M. Hagi d'"ambassadeur des produits de Fukushima". "C'est devenu sa croisade", dit-il.

Le chef japonais a également rencontré le célèbre chef Paul Bocuse, "le dieu de la cuisine!". "J'ai appris la cuisine française avec ses recettes", raconte-t-il. Il y a un projet d'association entre l'Institut Paul Bocuse et l'école hôtelière de Fukushima.

"Tous ces chefs m'ont donné le courage de continuer. (...) Je me sens reboosté", s'est-il réjoui, avant son départ, fin octobre. "Il faut motiver les gens, pour continuer à reconstruire Fukushima". Pour lui, les vacances sont terminées : aidé par la médiatisation au Japon, son restaurant est complet pour trois mois. Mais il souligne que la situation n'est pas aussi bonne pour tout le monde à Fukushima.

AFP/VNA/CVN

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