Des couvertures sur un glacier suisse, protection dérisoire contre la fonte des glaces

Vu de loin, le Glacier du Rhône, en Suisse, semble d'un blanc parfait. Mais quand on s'approche, on découvre un tapis de couvertures, parade dérisoire pour ralentir la fonte de la glace.

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Des touristes visitent une grotte creusée chaque année dans la glace depuis 1870 et qui aujourd'hui est protégée par des couvertures pour en ralentir la fonte, le 14 juillet en Suisse.

Au milieu du chaos de pierres et de poussière des moraines, des piles de couvertures, des planches et une échelle sont prêtes pour la prochaine bataille. Objectif : sauver l'attraction principale du glacier, une grotte creusée chaque année dans la glace depuis 1870. "Ces huit dernières années, ils ont dû la protéger avec ces couvertures pour ralentir la fonte", explique David Volken, un glaciologue travaillant pour le ministère de l'Environnement suisse. Les couvertures permettent de réduire la fonte de 70%, souligne-t-il, une raison suffisante pour justifier ce parterre de couvertures qui remonte sur le glacier, loin au-dessus de l'entrée de la grotte.
Celle-ci a ainsi pu rester ouverte au plus fort de la canicule estivale, mais ce remède ne peut être que temporaire. "Cela va ralentir les choses un an ou deux et puis il faudra retirer les couvertures, et la glace en dessous aura disparu", prédit Jean-Pierre Guignard. Ce Suisse de Lausanne (Ouest), âgé de 76 ans, se souvient de sa première visite au glacier en 1955 : à l'époque, la glace descendait bien plus loin en contrebas, là où une chute d'eau, alimentée par le lac glacière, ravine désormais la montagne marquant le départ du Rhône.
Une montagne qui meurt
"Cela fend le cœur de voir ce glacier diminuer, de le voir couvert de draps, de sentir cette lutte vaine (...) contre cette mort de la montagne", affirme Jean-Pierre Guignard.
Il faut descendre 1,4 km pour trouver le panneau, près du village de Gletsch, qui marque le point où arrivait le glacier en 1856. Depuis cette époque, le Glacier du Rhône a aussi perdu 350 mètres d'épaisseur, et près de 40 mètres pour la seule dernière décennie. Il n'est pas le seul : des études montrent que les Alpes ont vu disparaitre les deux tiers des glaces permanentes depuis 1850. "Le Glacier du Rhône est symbolique de ce qui se passe dans les Alpes", note Matthais Huss, un glaciologue de l'Université de Fribourg. "Nous constatons qu'il y a moins de glace créée en altitude tandis que plus bas la fonte s'accélère".

Des randonneurs sont au pied du Glacier du Rhône qui semble d'un blanc parfait mais qui en fait est recouvert de couvertures, le 14 juillet, près de Gletsch, en Suisse

Lors de la conférence de Paris sur le climat (COP21), le but des quelque 195 États et de l'UE était de s'accorder pour limiter le réchauffement planétaire dû aux émissions de gaz à effet de serre - pour une large part liées à l'usage d'énergies fossiles - à deux degrés Celsius au-dessus des niveaux enregistrés avant la révolution industrielle.
Mais pour les glaciers alpins, il est déjà trop tard car les Alpes, comme l'Arctique et la péninsule Antarctique, sont considérées comme des points chauds où la température augmente au moins deux fois plus vite que la moyenne globale sur la planète. Un jour de chaleur, le Glacier du Rhône perd de 10 à 12 cm d'épaisseur de glace, souligne David Volken.
Le glacier perd entre 5 et 7 mètres d’épaisseur par an
Le lac qui s'est formé au bas du glacier et le mélange grisâtre de glace et de rochers broyés, résultat de la fonte puis d'un nouveau gel, ne font qu'accélérer le phénomène, parce qu'ils absorbent davantage les radiations du soleil qu'une glace pure et limpide. Le glacier peut ainsi reculer "de 6 mètres" en trois semaines, explique M. Volken en désignant les roches qui étaient auparavant cachées sous la glace.
Chaque année, le glacier perd entre 5 et 7 mètres d’épaisseur et l'on estime que son volume aura diminué de moitié d'ici la fin de la prochaine décennie. "À la fin du siècle il ne restera que 10% du volume de glace actuel", affirme le glaciologue.
Contrairement à la fonte des glaces polaires, cette fonte dans les Alpes n'aura qu'un impact dérisoire sur le niveau des océans, le faisant remonter de seulement 0,3 mm. Mais elle aura des effets dramatiques en Europe, où les Alpes jouent le rôle d'un château d'eau, stockant de l'eau en hiver pour la libérer en été et alimenter fleuves et rivières.
Si la fonte des glaces s'accélère, les fleuves verront leurs niveaux augmenter, des inondations auront lieu, puis au milieu du siècle, les niveaux baisseront de façon dramatique, prévient cet expert.
En attendant, on entend l'eau couler sur le Glacier du Rhône. Christine Ouedraogo, une touriste venue du Burkina Faso, écoute attentivement le bruit de ce ruissellement provoqué par la fonte de la glace. "Je ne crois pas que les couvertures vont suffire...", lance-t-elle.

AFP/VNA/CVN

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