Démission des médecins: de meilleures compensations sont nécessaires

Les bas salaires, la forte pression au travail et les récentes violences à l’encontre des employés du secteur médical sont à l’origine du malaise ressenti par les médecins dans les établissements de santé publics. À la recherche des solutions.

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Un chirurgien ne reçoit que 250.000 dôngs par opération dans les établissements médicaux publics.
Photo: Hai Nguyên/CVN

Selon le ministère de la Santé, un grand nombre de médecins a récemment quitté les hôpitaux publics pour travailler dans le secteur privé. Plus précisément, depuis le début de 2017, 125 médecins ont rompu leur contrat dans des hôpitaux publics dans deux provinces méridionales de Dông Nai et de Binh Phuoc, ce qui constitue une véritable "fuite de cerveaux" dans le secteur médical.

Haute pression et basse rémunération

D’autres localités sont également sujettes à cette situation préoccupante. L’hôpital de Vinh Long (dans la province éponyme du Sud) a dû autoriser la démission de sept médecins depuis le début de l’année, alors qu’onze autres ont déjà déposé leur lettre de démission.

La raison principale de cette tendance est le salaire nettement plus élevé proposé par les établissements de soins privés. Les médecins qui ont déjà dix ans d’expérience dans les établissements publics reçoivent chaque mois un salaire de 6 millions de dôngs contre 20 millions dans les cliniques privées.

"Depuis que j’ai changé de lieu de travail, je me sens plus à l’aise. Cela me permet de mieux me concentrer sur mon travail", partage D.V.S, un médecin qui a travaillé dans les établissements publics pendant 20 ans dans la province de Dông Nai. "En travaillant ici (dans une clinique, ndlr), je suis rémunéré trois fois plus que dans mon ancien poste", ajoute-t-il.

D.V.S fait partie de la vingtaine de médecins ayant arrêté de travailler dans les hôpitaux publics à Dông Nai.

Même cas de figure, un autre médecin est contraint de quitter son emploi à l’hôpital Vietnam-Cuba à Hanoï après y avoir travaillé près d’une vingtaine d’années pour trouver un emploi mieux rémunéré dans le secteur privé. "Bien que l’ambiance de travail soit bonne, la compensation ne mérite pas l’énergie que j’y consacre", confie-t-il. "Mon salaire est très bas et ne me permet pas d’élever mes enfants correctement. À présent, je gagne chaque mois plusieurs dizaines de millions de dôngs, cela assure une vie plus aisée à ma famille", poursuit-il.

Il est nécessaire d’offrir de meilleures compensations pour encourager les médecins à travailler dans les établissements publics.
Photo: Duong Ngoc/VNA/CVN

Selon Nguyên Duy Long, directeur du Centre national des urgences 115 à Hô Chi Minh-Ville, l’année dernière, 23 cadres et employés, dont six médecins du Centre ont démissionné en raison du bas salaire. À noter que les médecins sont payés entre 4 et 6 millions de dôngs par mois. Actuellement, le Centre n’en compte que 16.

À l’Hôpital d’oncologie de Hô Chi Minh-Ville, quatre médecins ont quitté leurs postes. Bien que ce nombre ne représente que 1% du contingent total de médecins de l’hôpital (420), leur départ influe notablement sur le fonctionnement de l’hôpital. "Les médecins qui démissionnent sont tous des professionnels dotés de nombreuses années d’expérience", explique le docteur Diêp Bao Tuân, directeur adjoint de l’hôpital.

La nécessité de meilleurs salaires

Face au désintérêt des médecins à l’égard du secteur public, les dirigeants des établissements publics doivent changer leur politique de compensation. "On organise annuellement des stages d’études et de recherches à l’étranger visant à améliorer le niveau des médecins de l’hôpital. De plus, on invite parfois des experts étrangers pour apprendre de leurs expériences", indique Trinh Dinh Hai, directeur de l’Hôpital central d’odontostomatologie. "Le revenu moyen des dentistes de l’hôpital s’élève à environ 30 millions de dôngs par mois. Il peut être triplé pour certains médecins", ajoute-t-il.

Selon Bùi Sy Loi, vice-président de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, "il faudrait que le secteur médical mette en priorité le perfectionnement de la qualité de ses ressources humaines, que les salaires des médecins et employés médicaux soient égaux à ceux des militaires", affirme-t-il. "Compte tenu du savoir technique de pointe et des différentes spécialités des médecins, les employés des secteurs médical et éducatif devraient bénéficier de meilleures compensations salariales", conclut-il.


Mai Quynh/CVN

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