France
Déconfinement : l'heure des choix pour le gouvernement

Relancer progressivement un pays à l'arrêt, des commerces aux écoles, au cœur de toutes les inquiétudes : après les consultations du week-end, le gouvernement doit finaliser d'ici mardi 28 avril son très attendu plan chargé d'organiser le déconfinement à partir du 11 mai.

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Le coronavirus en France
Photo : AFP/VNA/CVN

L'objectif est de "co-construire" ce plan avec élus, syndicats et patronat, a assuré Edouard Philippe dimanche 26 avril sur Twitter. Le Premier ministre, qui a encore consulté ce week-end, doit présenter mardi 28 avril à l'Assemblée une "stratégie nationale du plan de déconfinement", avant un débat et un vote.

"Nous présenterons ensuite cette stratégie (...) aux associations d'élus locaux et aux partenaires sociaux, pour que s'engage une période de co-construction du plan national et de ses déclinaisons territoriales", affirme le chef du gouvernement, chargé de mettre en musique le déconfinement annoncé à la mi-avril par Emmanuel Macron. Sa déclaration à l'assemblée sera groupée avec celle, déjà prévue, sur la question du traçage et de l'application "Stop Covid".

C'est un véritable exercice d'équilibriste auquel le gouvernement doit se livrer : relancer l'économie sans relancer l'épidémie. Le tout dans un contexte de défiance : les Français ne sont que 39% à lui faire confiance pour faire face efficacement au coronavirus, soit sept points de moins en une semaine, selon un sondage Ifop pour le JDD.

Dans un entretien à cet hebdomadaire, le président du Sénat Gérard Larcher (LR) estime que "la pénurie, le manque de masques et de tests" ont été "gérés par l'approximation" et reproche à l'exécutif "des prises de paroles incessantes et contradictoires". Le chef de file des députés La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a dénoncé de son côté "l'imposture" et "la méthode insupportable" du gouvernement qui ne laisse "aucun temps d'examen critique" du plan de déconfinement. Des députés LR ont aussi demandé un report du vote afin de laisser "un temps de réflexion" aux parlementaires.

"Porte-à-faux"

Cela fait presque six semaines que le pays est confiné pour freiner la propagation du nouveau coronavirus qui, selon le dernier bilan dimanche soir 26 avril, a fait depuis le 1er mars 22.856 morts dans le pays, dont 242 nouveaux décès en 24 heures.

Le professeur Jean-Francois Delfraissy, le 13 mars à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

La pression continue à s'alléger un peu dans les hôpitaux avec 152 décès en 24 h (bilan quotidien le plus faible depuis cinq semaines) et une baisse continue depuis 18 jours du nombre de patients en réanimation pour COVID-19 (4.682 personnes). Les services de réanimation/soints intensifs - qui représentaient 5.000 lits avant la crise - restent cependant sous tension, avec encore 7.553 hospitalisés, toutes causes confondues.

À deux semaines du début du déconfinement, les questions sont nombreuses: où rendre les masques obligatoires ? Quels tests et pour qui ? Réouverture des commerces partout ou par régions ? Quid des entreprises ? Et les vacances d'été ? Le conseil scientifique chargé d'éclairer le gouvernement a livré samedi soir 25 avril ses recommandations pour une "levée progressive et contrôlée du confinement".

Divergence notable avec les choix gouvernementaux, il préconise que crèches et établissements scolaires restent fermés jusqu'en septembre, mais a pris "acte de la décision politique" de les rouvrir progressivement dès mai, en "prenant en compte les enjeux sanitaires mais aussi sociétaux et économiques". "Le conseil scientifique est là pour donner un certain nombre d'informations mais c'est le pouvoir politique qui décide", a expliqué son président, Jean-François Delfraissy.

Les préconisations doivent permettre d'"organiser au mieux quelque chose de très difficile", dit-il. Pour la rentrée scolaire, qui doit être progressive, le conseil préconise notamment le port obligatoire d'un masque anti-projections dans les collèges et lycées, pour le personnel comme pour les élèves.

"Mission impossible"

Les experts suggèrent aussi le déjeuner en classe, la prise de température à la maison chaque matin avant l'école et des stratégies dans les établissements pour éviter les brassages d'élèves. Mais ils écartent la faisabilité et l'intérêt d'un dépistage massif.

Des promeneurs devant une caserne de pompiers le 26 avril à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Avec cette note du Conseil scientifique, nous avons la base pour l'élaboration du protocole sanitaire annoncé pour donner un cadre sûr au déconfinement scolaire", juge Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale. "Mission impossible", a rétorqué Philippe Vincent, secrétaire général du SNPDEN, premier syndicat des chefs d'établissement. "La somme de toutes les préconisations du Conseil, si elles étaient retenues, est infaisable dans l'état actuel de nos capacités, avec du personnel qui ne sera certainement pas présent à 100%", craint-il.

Au-delà des questions scolaires, le Conseil scientifique préconise d'autoriser les déplacements d'une région à l'autre par transports en commun si les mesures de précaution sont respectées. Cela passera notamment par le port massif de masques "grand public", distribués à partir du 4 mai, et qui pourront désormais être vendus en pharmacie, selon un décret paru dimanche 26 avril. Un autre décret acte une baisse de la TVA sur les gels et solutions hydroalcooliques.

Le Conseil déconseille cependant "fortement" les déplacements internationaux pendant encore quelques mois. Concernant les personnes âgées et fragiles, Jean-François Delfraissy a souligné qu'elles devaient décider elles-même de leur déconfinement ou non, selon leur état de santé. "Ce qui compte, c'est l'acceptabilité des mesures", a-t-il souligné.

Les deux prochains rapports du Conseil devraient porter sur les critères de suivi et d'alerte des cas de COVID-19 et sur l'organisation des vacances et de la rentrée de septembre. Certains craquent déjà : des Parisiens ont dansé dehors samedi soir avant d'être dispersés par la police, et houspillés sur les réseaux sociaux.


AFP/VNA/CVN

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